"On n'a pas une retraite de ministre !" : au salon des seniors, l'idée d'un effort de guerre financé par des retraités ne passe pas
Un débat "dérisoire" ? Les partenaires sociaux se réunissent à nouveau jeudi 13 mars, au ministère du Travail, pour tenter de trouver un compromis sur les retraites. Au menu du fameux "conclave" : l'âge et la durée de cotisation. Sauf que ces débats sont percutés par l'intervention d'acteurs extérieurs. Comme le directeur général de Bpifrance, Nicolas Dufourcq qui estime qu'il faudrait mettre dans la défense l'argent des retraités les plus jeunes.
Ou encore la proposition du président du Conseil d'orientation des retraites (Cor) Gilbert Cette de supprimer l'abattement fiscal pour frais professionnels, dont bénéficient les retraités. Ce dernier, considéré comme proche d'Emmanuel Macron, a même estimé dans une tribune publiée mercredi 5 mars dans la revue numérique Telos que "l'entrée progressive dans une économie de guerre rendra secondaire, sinon dérisoire" le débat rouvert sur l'aménagement de la réforme de 2023. De quoi faire bondir de nombreux syndicats... mais aussi des retraités que franceinfo a rencontrés au salon des seniors.
"Il ne faut pas taper sur les retraités !"
Quand elle écoute les propos tenus en marge des discussions sur les retraites, Maricol, 77 ans, lève les yeux au ciel : "Non, mais je vais tomber sur la tête !" Cette ancienne employée de banque s'agace de la petite musique qui dépeint les seniors comme des "privilégiés". "Non, non, les retraités on a payé, on a cotisé. Il ne faut pas taper sur les retraités !", lâche-t-elle, avec un accent du sud de la France.
Certes, le pouvoir d'achat des retraités, plus souvent propriétaires, est supérieur à celui des actifs. Mais Nadia, aussi, a des factures à payer, rappelle-t-elle. "L'énergie, un retraité doit la payer comme un salarié. Sinon il ne chauffe pas, sinon il ne peut pas cuisiner, s'il n'a pas de gaz ou de l'électricité. La vie est difficile pour tout le monde !", s'agace-t-elle.
Un sentiment partagé par Raphaël, 66 ans, ancien travailleur indépendant. "Ma femme était aide à domicile à temps partiel. Elle a 1 200 euros de retraite. Moi j'ai 1 700 balles. On n'a pas une retraite de ministre !", tacle-t-il à son tour. Et ce jeune retraité se dit donc très attentif au débat politique actuel à deux ans de la présidentielle : "Il faudra bien qu'il se souvienne que c'est quand même les vieux qui votent ! Il ne faut pas l'oublier, beaucoup plus que les jeunes..."
Une réflexion sous forme d'avertissement, un argument repris par de nombreux autres retraités dans les allées du salon des seniors.