L'économie de guerre rend "dérisoire" le débat sur les retraites : la position du président du COR critiquée par les organisations salariales

"Gilbert Cette sort comme à son habitude de ses prérogatives de président du Conseil d’orientation des retraites (COR) et la nécessaire neutralité qu'il devrait avoir", a écrit lundi 10 mars à franceinfo Christelle Thieffine, représentante CFE-CGC au "conclave" de renégociation de la réforme des retraites. L'économiste, patron du COR, a estimé dans une tribune publiée mercredi 5 mars dans la revue numérique Telos que "l'entrée progressive dans une économie de guerre rendra secondaire, sinon dérisoire" le débat rouvert sur l'aménagement de la réforme de 2023.

Pour la CFE-CGC "investir dans l'industrie de défense va faire tourner notre économie française et européenne et améliorera les ressources financières de la protection sociale". "Pour répondre à une économie de guerre, nous allons avoir besoin de salariés qualifiés, d'une supplain-chain (chaîne d'approvisionnement, ndlr) solide et de chercheurs", ajoute le syndicat des cadres, suggérant de "renforcer la souveraineté de notre défense".

"Ce n'est pas en reculant l'âge de départ en retraite que nous trouverons les ressources nécessaires, mais bien en allant chercher et former des jeunes, des seniors et des femmes", insiste Christelle Thieffine.

"Gilbert Cette est sorti de son rôle"

Même son de cloche du côté de la CGT, qui y voit un nouveau prétexte pour détricoter le système de retraites. "Gilbert Cette est sorti de son rôle", souligne au micro de franceinfo le représentant de la CGT Denis Gravouil. "On ne va pas demander aux plus riches de participer à l'industrie de guerre, mais par contre il faudrait réduire les services publics et les droits sociaux en reculant encore l'âge de la retraite, ce n'est pas une position d'économiste mais d'idéologue macroniste, c'est inacceptable", estime-t-il.

"Il y a toujours une bonne raison pour laquelle il faudrait repousser l'âge de départ", poursuit-il. "C'est scandaleux de remettre non seulement en cause la concertation, mais en plus de dire qu'il faudrait en plus une nouvelle réforme sous prétexte d'effort de guerre", fulmine-t-il.

"Je suis assez choqué de cette déclaration, parce que c'est très malvenu de parler de ça au moment où on ouvre à peine les discussions sur la réforme des retraites dans ce conclave", a par ailleurs estimé le numéro un de la CFTC. Cyril Chabanier juge que la déclaration du président du COR rendait "encore plus compliquée" la négociation entre syndicats et patronat la question de l'âge de départ.