A son procès, Gérard Depardieu soutient qu'il "ne sait pas ce qu'est une agression sexuelle"

Sur un plateau, Gérard Depardieu a toujours une souffleuse, pour réciter ses textes à "la virgule près". A la barre, l'acteur de 76 ans doit se débrouiller tout seul pour trouver ses répliques. De nouveau interrogé, au troisième jour de son procès pour agressions sexuelles sur le tournage des Volets verts, mercredi 26 mars, il a ainsi fourni des réponses parfois hasardeuses, voire contradictoires, au tribunal correctionnel de Paris. Sarah*, 34 ans, troisième assistante réalisatrice sur le film, affirme avoir été touchée à trois reprises par le comédien, sur les fesses et la poitrine. Elle dit aussi avoir été traitée de "balance" et de "folle" par l'acteur à partir du moment où la production a été avertie. 

"Toucher les fesses ou même peloter des seins..." s'offusque Gérard Depardieu, assis, devant le pupitre. "Peut-être que dans un couloir, je suis passé à côté et que mon dos s'est collé..." tente-t-il de justifier. "Vraiment, de ma propre volonté, je n'ai pas touché les fesses comme ça furtivement", assure-t-il encore. Oui, il peut mettre des "claques sur la fesse" des acteurs, comme à "Pierre Richard", admet-il. Oui, il peut être "ordurier", dire des "grossièretés" ou "bousculer des fois comme un vieux pépé", mais il n'est "pas un toucheur", jure-t-il. D'ailleurs, dit-il, "je ne sait pas ce qu'est une agression sexuelle".

"Arrêtons avec les personnes choquées"

Comme mardi, la star oppose son "ancien monde" au "nouveau", fait du "mouvement de libération de la parole" sur les violences faites aux femmes. "J'accepte totalement, véritablement. C'est très bien, mais c'est vrai que ce n'est pas la même génération", développe Gérard Depardieu, provoquant des murmures étouffés dans la salle d'audience toujours comble. C'est en raison de cette "grossiereté" assumée, explique-t-il, que l'acteur demandait à être accompagné "par un garçon" de sa loge au décor, "puisque je choque". "Qu'est-ce qui choque ?", l'interroge le président. "Les mots", répond-il. "Elle ne dénonce pas que des mots", oppose le magistrat. "Mais non, je ne me permettrais pas..." réplique le prévenu sans finir sa phrase. 

A la barre, Sarah témoigne : "Lors de mon premier stage, une assistante m'avait dit que Gérard Depardieu lui avait mis la main aux fesses." "Quand il me l'a fait, je me suis dit : 'Ah, je n'ai pas réussi à échapper à ça'. J'étais pétrifiée", raconte la jeune femme aux longs cheveux bruns. Elle trouve la force de dire "non" les deux autres fois, expose-t-elle. Quelques jours après, Gérard Depardieu s'excuse, comme il l'a fait pour Amélie, entendue mardi. "J'ai été très surprise, puis j'ai compris que c'était parce que la production lui avait demandé, relate Sarah. Dans la journée, ça a changé totalement, il me traitait de balance, il ne voulait pas que je vienne le chercher, il me hurlait dessus." 

"Il ne voulait plus que je lui donne des informations sur le plateau. Je me suis sentie coupable, j’avais honte, c’était un renversement de culpabilité à ce moment là."

Sarah, plaignante

devant le tribunal correctionnel de Paris

De retour à la barre, Gérard Depardieu reconnaît l'avoir traitée de "balance", car "arrêtons avec les personnes choquées, maintenant un rien choque". Mais il le répète : "Je n'ai pas pratiqué une agression sexuelle. Une agression sexuelle, c'est plus grave que ce qu'elle dit. (...) D'abord, je n'ai pas mis une main aux fesses, je n'ai pas touché ses seins."

L'avocate de Sarah saisit la balle au bond : "Vous avez dit qu'une agression sexuelle, c'est plus grave qu'une main aux fesses ?" La défense bondit : "Ne lui faites pas dire ce qu'il n'a pas dit ! Il parlait des mots grossiers !" La tension monte encore et le président menace de suspendre l'audience, comme chaque jour depuis le début de ce procès particulièrement tendu. L'avocate de Sarah reprend : "Comment vous définiriez-vous une agression sexuelle ?" Gérard Depardieu n'a pas besoin de sa souffleuse pour éviter le piège : "Je suis incapable de décrire une agression sexuelle devant un tribunal qui me juge de ça, je ne sais pas vraiment."

* Le prénom a été modifié.