Procès de Gérard Depardieu : apte à comparaître, l'acteur est jugé à Paris pour agressions sexuelles sur le tournage des "Volets verts"

Le tribunal de Paris avait estimé qu'il était "dans l'intérêt de tous que Gérard Depardieu puisse s'exprimer". L'acteur devrait bien être au rendez-vous de la justice, lundi 24 et mardi 25 mars, pour répondre des accusations d'agressions sexuelles qui le visent dans le cadre du tournage du film Les Volets verts, de Jean Becker. Le procès, qui devait initialement se tenir fin octobre 2024, avait été renvoyé pour raisons de santé. Les juges avaient ordonné une expertise médicale du comédien de 75 ans, afin d'évaluer les conditions de sa comparution.  

Selon nos informations, Gérard Depardieu a été jugé apte à comparaître par l'expert médical désigné. Ce dernier a estimé que son état de santé était compatible avec une audition devant le tribunal. Il a toutefois recommandé que "l'audience" ne dépasse "pas six heures", avec une "collation systématique après trois heures" et une "pause d'environ 15 minutes". Le médecin préconise également de lui accorder la "possibilité de se lever" en raison d'une position assise "inconfortable", d'aller aux toilettes et de contrôler sa glycémie via "son smartphone". Le monstre sacré du cinéma français, dont la carrière est à l'arrêt depuis qu'il fait l'objet de multiples accusations de violences sexuelles, a subi un quadruple pontage et souffre de diabète. Mais sa "cardiopathie est stable" et son diabète "très bien équilibré", selon l'expert.

"Viens toucher mon gros parasol"

"Ce rapport d'expertise conclut que l'état de santé de Gérard Depardieu est bon, voire très bon sur le plan cardiovasculaire et diabétique et qu'il n'y a pas de contre-indications à ce qu'il se présente" devant le tribunal, observe auprès de franceinfo Carine Durrieu Diebolt, qui représente l'une des deux plaignantes. L'avocate rappelle que la garde à vue de l'acteur en avril 2024 avait "duré 10 heures d'affilée sans contre-indications médicales, avec le même état de santé"

Lors de l'audience à l'automne dernier, toutes les parties avaient ainsi souscrit à la demande de renvoi, dans une salle comble, en présence des deux plaignantes. Amélie, 53 ans, décoratrice de cinéma, avait été la première à porter plainte en février 2024 contre l'acteur. Elle dénonce une agression sexuelle lors du tournage dans un hôtel particulier de l'avenue Mozart, dans le 16e arrondissement de Paris. Selon son témoignage auprès de Mediapart, l'acteur l'a soudainement "attrapée avec brutalité" et "bloquée en refermant ses jambes [sur elle] comme un crabe", puis il lui a "pétri la taille, le ventre, en remontant jusqu'à [ses] seins", tout en lui lançant : "Viens toucher mon gros parasol, je vais te le fourrer dans la chatte…"

Sarah, 33 ans, a ensuite dénoncé des faits de même nature. Elle affirme qu'après s'être confiée à la deuxième assistante réalisatrice des "attouchements à la poitrine et sur les fesses" subis à trois reprises de la part de Gérard Depardieu, le comédien lui a fait vivre "un calvaire". L'assistante réalisatrice a rapporté à Mediapart avoir été traitée par l'acteur de "balance" sur le plateau et s'être fait "hurler dessus"

Cinq ans de prison encourus

Pour les soutenir, plusieurs autres femmes accusant Gérard Depardieu s'étaient rendues au tribunal correctionnel de Paris en octobre. Parmi elles, la comédienne Charlotte Arnould, dont les accusations de viol contre l'acteur pourraient donner lieu à un prochain procès, requis par le parquet. Ainsi que l'actrice Anouk Grinberg, qui a été l'une des premières à briser le silence entourant l'interprète de Cyrano de Bergerac au cinéma.

"Oui, Monsieur Depardieu sera entendu et il sera relaxé !", avait répliqué l'avocat du comédien, Jérémie Assous, ironisant sur la "pseudo-agression" et le "traumatisme relatif" des plaignantes. Interrogé par franceinfo, le pénaliste assure qu'il apportera lors de ce procès "la preuve du caractère infondé et mensonger de l'ensemble des accusations" portées contre son client. "Nous sommes très, très sereins", affirme-t-il.

"L'attente des parties civiles à ce jour est que l'on aboutisse à un débat sur le fond du dossier et que cette affaire enfin soit jugée", affirme de son côté sa consœur Carine Durrieu Diebolt, regrettant "la stratégie de la défense pour faire reporter le procès en accumulant des procédures de nullité et les manœuvres dilatoires". Gérard Depardieu encourt cinq ans de prison et 75 000 euros d'amende.