REPORTAGE. "Les femmes dans l'Eglise ont des choses à apporter" : des sœurs espèrent que le prochain pape poursuivra leur inclusion dans le clergé

Le conclave a commencé : les 133 cardinaux sont enfermés dans la chapelle Sixtine depuis mercredi 7 mai dans l'après-midi, avec pour mission d'élire un nouveau pape. Parmi les nombreux défis qui attendront celui-ci, la place des femmes dans l’Eglise devient de plus en plus un enjeu. François a entrouvert quelques portes du Vatican, en nommant des femmes à des postes à responsabilité dans l’administration. Franceinfo a pu rencontrer des religieuses réunies en ce moment en assemblée générale à Rome.

C'est dans un bel hôtel à l'écart du Vatican que, tous les trois ans, les sœurs supérieures du monde entier se retrouvent. Cette année, l'Union internationale des supérieures générales (UISG) a rassemblé 900 religieuses. Et cela tombe en plein conclave. "Notre assemblée prie et espère que le nouveau pape continue dans ce chemin qui a été entrepris, cette inclusion dans la vie de l'Église de la figure féminine", plaide sœur Thérèse Raad, qui fait partie de l'équipe d'organisation.

Ici, une sœur birmane raconte son quotidien et à la pause, les conversations tournent autour de l'héritage du pape François, notamment la nomination de quelques femmes à des postes à responsabilité au Vatican. "Une de nos sœurs, Nathalie Becquart, est sous-secrétaire du secrétariat du Synode. Ça, c'était un vrai événement, estime la sœur Laurence Loubière, qui dirige la congrégation La Xavière à Marseille. C'était une première, on a vécu ça comme un vrai signe d'espérance et d'ouverture. Donc on voit des avancées et on espère que ça va se poursuivre, faire entendre nos voix, montrer que les femmes dans l'Église ont des choses à apporter et des choses à dire."

"Tolérance zéro" sur les violences sexuelles

Quant à la possibilité d'ordonner des femmes prêtres ou de leur permettre d'être diaconesse, l'équivalent des diacres, sœur Doris a aussi des choses à dire. "On m'a demandé il y a quelques années, à l'Oratoire Saint-Joseph de Montréal, d'animer toute la neuvaine, raconte sœur Doris Lamontagne, supérieure générale de la communauté des Petites Franciscaines de Marie. J'ai pu avoir deux prédications par jour pendant plus de dix jours, donc je n'ai aucun problème si demain matin, on reconnaît que les femmes peuvent être diaconesses", lance-t-elle.

"De toute façon, parfois elles exercent déjà le service sans avoir le titre !"

sœur Doris Lamontagne, supérieure générale de la communauté des Petites Franciscaines de Marie

à franceinfo

Autre sujet sensible, les violences sexuelles dont sont parfois victimes les religieuses. "Moi, je dis tolérance zéro, tranche-t-elle. Je pense qu'avec tout ce qui est sorti et ce qui sort présentement à travers le monde, l'omerta à ce sujet-là au sein de l'Église est de moins en moins présente, parce qu'on en voit les conséquences." Des thèmes dont les supérieures générales auraient aimé parler avec le pape. Une audience était prévue vendredi.