Choose France : la néobanque britannique Revolut va investir plus d’un milliard d’euros en trois ans dans l’Hexagone

Revolut s’apprête à changer de dimension en France. La banque en ligne britannique aux 55 millions de clients va installer dans le pays son deuxième siège dans l’Union européenne, a-t-elle annoncé lundi à l’occasion du sommet Choose France, qui se tient à Versailles. La jeune pousse dispose déjà d’un siège européen en Lituanie, où elle a obtenu une licence bancaire en 2017. Désormais elle veut accélérer en France, son deuxième pays avec plus de 5 millions de clients, et en Europe de l’Ouest et devenir la banque principale de ses clients.

Pour cela, Revolut s’apprête à déposer une demande de licence bancaire auprès du régulateur Français, l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR). Dans ce cadre la jeune pousse supervisée depuis 2024 par la BCE, investira plus d’un milliard d’euros en trois ans en France. Ces investissements incluront notamment le recrutement de plus de 200 personnes dans l’Hexagone et les fonds propres supplémentaires imposés par le régulateur Français pour exercer avec un agrément bancaire tricolore.

«Le choix de Revolut d’implanter son second siège européen à Paris est une excellente nouvelle, s’est félicité Éric Lombard, le ministre de l’Économie. Cette décision constitue l’un des investissements étrangers les plus importants dans le secteur financier en France de ces 10 dernières années, et conforte la position de Paris comme le hub financier leader en Europe. Il prouve la confiance des investisseurs internationaux dans notre pays.»

«La France est le plus grand marché de Revolut dans l’Union européenne»

Le siège de Revolut à Paris «sera dirigé par une équipe composée de leaders reconnus du secteur», assure la banque sur mobile. Il gérera les activités en France, ainsi que les succursales en Irlande, en Allemagne, au Portugal, en Espagne et en Italie. «Le siège lituanien continuera à servir les clients de Revolut sur les autres marchés européens», précise la jeune banque sur mobile, fondée et dirigée par Nik Storonsky. Par ailleurs, Revolut, a obtenu il y a près d’un an une licence bancaire au Royaume-Uni, son premier marché avec 11 millions de clients et où est installé le principal siège du groupe.

Le choix d’implanter son deuxième siège en France n’est pas anodin pour Revolut, dont 80% des clients sont en Europe. «La France est le plus grand marché de Revolut dans l’Union européenne, et le marché connaissant la croissance la plus rapide dans le monde, explique Pierre Décoté, le directeur des risques du groupe Revolut. Paris s’impose naturellement comme un tremplin pour accélérer la trajectoire de croissance de Revolut en Europe et au-delà, grâce à son écosystème bancaire dynamique, son cadre réglementaire solide et son importance croissante en tant que centre financier.»

La jeune pousse créée en 2016 veut devenir la banque principale de ses clients en France et en Europe de l’Ouest. Aujourd’hui ils sont encore rares à y domicilier leur salaire. Mais disposer de la licence bancaire tricolore est de nature à les rassurer sur sa solidité. Son nombre de clients a d’ailleurs sensiblement augmenté lorsqu’elle a remplacé l’an dernier l’Iban lituanien par un Iban Français. «Il est important d’apporter de la réassurance», reconnaît Antoine Le Nel, le directeur croissance de Revolut. Cette initiative stratégique nous permettra d’offrir une gamme élargie de produits et services, au sein de l’un des cadres bancaires les plus sûrs et protecteurs établis dans la région.»

Vers un livret A et un PEA proposés par Revolut

Ce sésame permettra ainsi à Revolut de proposer en France l’ensemble de la gamme des produits d’épargne, notamment réglementée, ce qui n’est pas possible aujourd’hui. À l’avenir, ils pourront ainsi investir leurs deniers dans un Livret A et un PEA. Le crédit immobilier, actuellement en test en Lituanie devrait arriver en France à la fin de l’année. Mais, Revolut n’en fera pas un produit d’appel pour attirer de nouveaux clients. La néobanque compte par ailleurs accélérer avec les professionnels et les entreprises (15% du chiffre d’affaires aujourd’hui avec Revolut Business) en étoffant notamment son offre avec du crédit et de l’épargne.

La mue de Revolut en une banque complète et jouant dans la cour des grands avec un agrément Français, doit lui permettre de devenir une banque européenne d’envergure. Et d’atteindre les 100 millions de clients dans le monde dans les prochaines années. «Notre ambition est claire: nous voulons devenir le premier groupe bancaire en Europe, en révolutionnant le secteur et en proposant des services financiers de pointe aux clients des 30 pays de l’Espace économique européen», explique Antoine Le Nel. En France, Revolut ambitionne d’atteindre les 10 millions de clients en 2026. Soit plus que BoursoBank, la plus ancienne en ligne Française en pleine expansion avec plus de 7 millions de clients. Ce qui devrait intensifier encore la concurrence entre banques en ligne dans l’Hexagone. Et faire réagir les banques traditionnelles qui cherchent la parade face à ces jeunes acteurs qui grignotent des parts de marché. «Les Français sont de plus en plus multi-bancarisés », souligne un banquier.

Avec son nouveau siège en Europe, Revolut espère aussi prouver que son modèle est solide et qu’elle a la capacité de maintenir ses profits. L’an dernier, la jeune néobanque a doublé ses bénéfices, frôlant le milliard d’euros (920 millions d’euros). Ses revenus ont eux bondi de 72% (3,6 milliards d’euros). À ce jour, elle est la seule fintech (start-up de la finance) du Vieux continent à gagner de l’argent.