La France dénonce des "actes de terrorisme" de la part de "colons extrémistes" en Cisjordanie

C'est un journaliste israélien, coréalisateur d'un documentaire primé en mars dernier à Hollywood qui a lui-même annoncé la mort d'Odeh Hathalin, dans un message poste lundi 28 juillet sur les réseaux sociaux : "Odeh vient de mourir. Assassiné", écrit Yuval Abraham dans ce message, accompagné d'une vidéo montrant une violente altercation, survenue, selon des témoins, dans la localité de Carmel, dans le sud de la Cisjordanie.

Sur les images, un homme, très agité et armé, semble protéger un bulldozer, situé quelques mètres derrière lui. Identifié comme un colon israélien, il serre un pistolet dans sa main droite, et tient en joue des Palestiniens qui lui font face, et que l'on devine sur les images filmées par l'un d'eux. Au milieu des cris et des insultes, l'homme repousse des habitants, puis se met à tirer, à hauteur d'hommes, puis en l'air, au moins deux fois. Selon les témoins, c'est cette balle tirée au milieu du chaos qui a touché Awdeh Hathaleen à la poitrine.

Père de trois enfants, Odeh Hathalin était enseignant dans son village. Il écrivait aussi pour plusieurs titres de presse, mais c'était surtout son activité militante qui en faisait un visage connu et apprécié de sa communauté. Un rôle mis en lumière dans le film No Other Land, récompensé en mars dernier de l'Oscar du meilleur documentaire. Le film décrit la violence de la colonisation dans cette région de Massafer Yatta, déclarée zone militaire par Israël, à travers le quotidien d'un petit groupe d'habitants dont faisait partie Odeh.

Si ses voisins dénoncent l'acte d'un colon, la police israélienne évoque pour l'instant une "enquête en cours après un incident". Elle a procédé à l'arrestation de quatre membres de la famille d'Odeh Hathalin, alors qu'un suspect, arrêté, est, lui, simplement assigné à résidence.

Les habitants du village ont identifié l'homme que l'on voit tirer, et qu'ils considèrent comme le meurtrier. Yinon Levi, 32 ans, n'est pas n'importe qui. C'est l'un des quatre colons israéliens sanctionnés par l'Union européenne et les États-Unis l'an dernier. En février 2024, l'administration Biden l'accusait d'être "impliqué dans des actes qui créent une atmosphère de peur en Cisjordanie", en l'occurrence, des expéditions violentes pour chasser des Bédouins et des civils palestiniens installés près de sa ferme de Meitarim, bâtie comme un avant-poste de colonisation en 2021. Il y a quelques mois, ces sanctions ont été annulées par Donald Trump.

"Des actes de terrorisme"

Après avoir appris "avec tristesse [...] le meurtre d'Odeh Hathalin", la France a condamné mardi "avec la plus grande fermeté [...] toutes les violences délibérées perpétrées par des colons extrémistes à l’encontre de la population palestinienne". "Ces violences sont des actes de terrorisme", qualifie le communiqué du Quai d'Orsay. Des mots que la diplomatie française n'avait jamais employés jusqu'ici, et qui répondent à une forte augmentation des attaques perpétrées dans les territoires occupés depuis les attentats du 7 octobre 2023.

Rien que le mois dernier, l'ONU a dénombré une centaine de Palestiniens blessés par des colons, qui bénéficient de la mansuétude, voire de la complicité de l'armée, et qui sont encouragés par la frange la plus dure du gouvernement israélien. Des attaques qui ne font presque jamais l'objet de poursuites judiciaires ou de condamnations.