"Je ne veux pas que ce soit la voie empruntée par mon pays" : des Israéliens confient leur malaise face aux accusations de "génocide" à Gaza

Pour la première fois, deux ONG israéliennes l'assurent : la guerre menée par Israël est un "génocide", selon B'Tselem et Physicians for Human Rights - Israel (PHRI). Dans des rapports indépendants, les deux organisations parlent de "politique intentionnelle de destruction de la société palestinienne". Ce que le gouvernement israélien a "fermement rejeté". 

L'organisation B'Tselem assure ainsi qu'elle est venue à "la conclusion sans équivoque qu'Israël mène une action coordonnée visant à détruire intentionnellement" les Palestiniens dans l'enclave, en se basant sur une étude compilant des témoignages, statistiques et événements de la politique israélienne sur "plus de vingt mois".

"Je ne veux pas que ce soit la voie empruntée par mon pays et par mon peuple"

Quant à PHRI, l'association médicale a étudié le "démantèlement délibéré et systématique du système de santé de Gaza", estimant alors que les opérations menées dans l'enclave "répondent aux critères de génocide tels que définis dans la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, dont Israël est signataire".

À Jérusalem, la majorité des Israéliens à qui l'on demande une réaction ont repoussé le micro. Refus de répondre, haussements d'épaules, réflexions dédaigneuses à l'égard des ONG israéliennes qui accusent Israël de génocide, un mot particulièrement sensible pour les Israéliens. Mais Yossi est catégorique : "Je ne crois pas qu'on soit dans une situation de génocide, estime-t-il. Malheureusement beaucoup de non-impliqués ont été des victimes de cette guerre. Le peuple juif a connu beaucoup d'horreurs. Je ne veux pas que ce soit la voie empruntée par mon pays et par mon peuple", assure-t-il.

Pas de véritable débat

Ron, lui, abonde dans le sens des rapports des ONG israéliennes. "Je suis persuadé que ce qu'Israël fait est un génocide, affirme-t-il. Et je n'arrive pas à comprendre qu'il n'y ait pas un million de gens pour arrêter cela. Israël aurait dû fournir de la nourriture et de l'eau en grande quantité. Et comme Israël n'y arrive pas, il n'a rien à faire à Gaza !"

Enfin, comme beaucoup d'Israéliens, Tali évite de son côté d'utiliser le mot qui rappelle aux Israéliens d'autres époques : "Ce qu'ils font, c'est tout simplement ignorer toutes les lois internationales pour gérer un conflit dans le chaos de la guerre. Et le gouvernement n'en tient pas compte." À ce stade en tout cas, et à l'exception du site du quotidien Haaretz, il n'y a pas de véritable débat à Jérusalem sur ce sujet.

Ces dernières semaines, l'ONU et des ONG ont alerté sur un risque de famine généralisée parmi les plus de deux millions d'habitants de Gaza, où la guerre a été déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël le 7 octobre 2023. L'attaque du 7-Octobre a entraîné du côté israélien la mort de 1 219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles. En riposte, Israël a lancé une offensive d'envergure qui a fait au moins 59 921 morts à Gaza, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé à Gaza, jugées fiables par l'ONU.