À Ivry, coup d’envoi d’une marche deux mois jusqu’au Maroc pour la libération des prisonniers sahraouis
Sur l’esplanade de la mairie d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), en ce dimanche matin, près de 200 personnes se sont donné rendez-vous pour partager le petit déjeuner, des chants et des danses.
« C’est un double jour de fête, se réjouit Mohamed Ali Zerouali, le représentant du Front Polisario en France. Car nous célébrons à la fois l’Aïd-el-Fitr et le départ de cette marche dont le sens est d’attirer l’attention de l’opinion publique française et internationale sur la situation des prisonniers qui croupissent dans les prisons marocaines, pour aucune autre raison que celle de proclamer le droit élémentaire du peuple sahraoui. » Juste à côté, femmes et enfants de la diaspora distribuent des dattes que l’on trempe dans du lait pour accompagner le café.
D’Ivry à Kenitra
De l’hôtel de ville s’est donc élancée une marche de deux mois, entre Ivry et Kenitra, au Maroc. Un périple qui comptera vingt étapes en France, en Espagne et au Maroc, avec pour but d’interpeller et de sensibiliser sur le sujet des prisonniers politiques sahraouis.
L’un d’entre eux, peut-être le plus connu, Naâma Asfari, est le mari de Claude Mangin, infatigable défenseure du droit des Sahraouis avec ses camarades de l’Association des amis de la RASD, la République arabe sahraouie démocratique. Voici quinze ans que Naâma Asfari est détenu arbitrairement dans une prison marocaine, après un jugement expéditif dénoncé par l’ONU, avec 24 de ses compatriotes.
Pour le maire PCF d’Ivry, Philippe Bouyssou, « c’est un vieil engagement de la ville, depuis le début de l’occupation en 1975. Claude Mangin est une Ivryenne emblématique, qui fait partie depuis peu du conseil municipal, et son mari, Naâma Asfari, est citoyen d’honneur ».
« Le président français bafoue le droit international »
Avant de commencer la marche en direction de la ville voisine de Vitry, les participants échangent les dernières nouvelles des prisonniers, dont le droit de visite est bafoué par les autorités marocaines. « Nous faisons la différence entre le peuple marocain ami et son gouvernement », précise Philippe Bouyssou à la tribune.
Mais l’autre nouvelle, cette année, est le coup de tonnerre de juin 2024 : Emmanuel Macron a reconnu, sans prévenir personne ni consulter le Parlement, la souveraineté marocaine sur le territoire sahraoui. Ce faisant, « le président français bafoue le droit international et discrédite la politique étrangère de la France », dénonce Mohamed Ali Zerouali. Toutefois, cette reconnaissance a le mérite de « mettre sur la table ce qui était caché depuis des années », précise-t-il, pointant notamment « les intérêts des entreprises françaises » dans la région.
L’un de ses compatriotes, Mohamed Ould Chérif, du centre d’études et de documentation franco-sahraoui Ahmed-Baba-Miské, se veut offensif : « C’est une marche pour la défense des citoyens sahraouis et contre l’injustice suprême de la colonisation et de l’existence de prisonniers d’opinion. Nous dénonçons la colonisation par le Maroc, la répression quotidienne, et, comme en Palestine, l’installation de colons par le gouvernement. » À la tribune, le député PCF Jean-Paul Lecoq prend la parole pour tacler le soutien de Paris à Rabat, lui qui a été expulsé par le Maroc en 2010, juste avant l’arrestation de Naâma Asfari.
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