Rabouni, camps de réfugiés sahraouis en Algérie, envoyé spécial.
Ancien ministre, ambassadeur dans les pays d’Europe du Nord, d’Afrique de l’Ouest, australe et de l’Est, en Amérique centrale, au Royaume-Uni, représentant auprès de l’Union africaine : depuis près de cinquante ans, Brahim Mokhtar défend les droits de son peuple, les Sahraouis, dans le monde entier.
Dans le quartier administratif de Rabouni, au cœur des camps situés près de la ville algérienne de Tindouf, où les Sahraouis ont trouvé refuge depuis 1975, il reçoit l’Humanité dans son bureau du ministère des Affaires étrangères. L’occasion d’un tour d’horizon complet des sujets diplomatiques et stratégiques qui concernent le Sahara occidental : la reconnaissance par la France de la souveraineté marocaine sur les territoires occupés, la guerre contre le Maroc qui a repris depuis 2020, le soutien de nombreux pays dans le monde et notamment de l’Union africaine.
Pourtant, malgré la reconnaissance de son droit par les Nations unies, le peuple sahraoui et le Front Polisario ne semblent pas en mesure de le faire appliquer, entre autres par un référendum d’autodétermination accepté par toutes les parties en 1991 et dont l’ONU, avec la Minurso (mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental), devait être garante. Ce droit se heurte au soutien apporté au Maroc par plusieurs puissances occidentales. Les États-Unis et la France, notamment, qui a reconnu en octobre 2024 la souveraineté marocaine au mépris du droit international.
La République arabe sahraouie démocratique (RASD) a remporté une victoire juridique importante avec les arrêts de la Cour de justice de l’UE, qui a déclaré illégaux les accords UE-Maroc sur l’agriculture et la pêche pour ce qui concerne le Sahara occidental. Quelle est votre analyse de ce verdict et quelles sont ses conséquences ?
Évidemment, c’est une victoire pour le peuple sahraoui et une défaite pour le Maroc, qui essayait de faire croire que l’Europe était à ses côtés. Mais la justice européenne a dit que le Maroc et le Sahara occidental sont deux entités séparées, différentes, et qu’il ne peut pas y avoir d’accord commercial ou autre qui inclut le territoire du Sahara occidental. Nous considérons qu’il s’agit là d’un début très important, car il peut constituer une barrière pour d’autres cas, et qu’il faut continuer cette bataille juridique, en ce qui concerne l’Europe mais aussi d’autres pays ou continents.