« Justice partiale » : Après la condamnation de Marine Le Pen, la droite joue un jeu dangereux

À la suite de la condamnation de Marine Le Pen à cinq années d’inéligibilité avec exécution provisoire, la droite s’interroge : doit-elle défendre les principes républicains ou crier au complot avec le RN ? Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a fait son choix. « Je souhaite que Marine Le Pen puisse être jugée en appel le plus vite possible », a déclaré l’ex-patron des sénateurs Les Républicains actuellement en course pour prendre la présidence du parti. Son rival dans cette quête, Laurent Wauquiez, n’a pas fait d’autre choix. « Il n’est pas sain que, dans une démocratie, une élue soit interdite de se présenter à une élection. Les débats politiques doivent être tranchés dans les urnes », a-t-il jugé lors d’un déplacement en Charente-Maritime. En parallèle, l’eurodéputé LR François-Xavier Bellamy déplore « un jour très sombre pour la démocratie française ».

Opération séduction des électeurs RN

Des affirmations qui, à en croire un sondage Odoxa pour Public Sénat, rejoignent le fond de pensée des militants LR. Selon lui, 53 % d’entre eux trouvent que Marine Le Pen « est traitée particulièrement durement pour des raisons politiques ». Faut-il y voir la trace du souvenir douloureux, pour leur camp, de la défaite de François Fillon, mis en examen à quelques semaines du premier tour de l’élection présidentielle de 2017 ? Une affaire décrite à l’époque par la droite comme le « coup d’État institutionnel » d’un parquet national financier (PNF) aux ordres de la gauche…

Dans la même veine, David Lisnard, maire de Cannes et président de l’Association des maires de France (AMF), est allé jusqu’à demander « l’interdiction du syndicat de la magistrature » au motif qu’il participerait à la remise en cause de « l’impartialité de la justice ». « Il faut réformer la justice, a-t-il expliqué au micro de Sud Radio ce mercredi. Il y a un problème de moyens, mais aussi d’impartialité d’une partie des magistrats, minoritaire mais importante ».

Xavier Bertrand isolé

Derrière ces propos, les intentions de la droite sont claires : ne pas braquer un électorat RN qu’ils espèrent séduire à l’horizon 2027, d’autant plus si une guerre de succession éclate au sein du parti fondé par Jean-Marie Le Pen. Pour l’heure, c’est encore loin du compte. D’après une étude Harris interactive publiée ce mardi 1er avril, Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez ne réuniraient, respectivement, que 7 et 4 % des voix, contre près de 36 % pour Jordan Bardella, dans l’hypothèse où celui-ci reprendrait le flambeau de Marine Le Pen.

Seule voix discordante : celle de Xavier Bertrand, président LR de la région Hauts-de-France. « Marine Le Pen n’est pas une victime, a-t-il affirmé au micro de RTL ce mercredi. Cette condamnation renvoie aux exigences d’un candidat à l’élection présidentielle. D’abord, la probité. Ensuite, le respect des institutions. La justice n’est pas l’ennemie de la démocratie, mais un de ses piliers ».

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