La Banque de France propose d'abaisser le taux du Livret d’Épargne Populaire à 4%

Le gouverneur de la Banque de France a proposé vendredi au ministre de l'Économie d'abaisser le taux du Livret d'épargne populaire (LEP) de 5% à 4%, et a estimé «justifié» le maintien de celui du Livret A à 3%. «Je propose de fixer le taux du LEP à 4%, soit nettement au-dessus de la formule (de calcul théorique, NDLR) qui donnerait 3,6%, et très au-dessus de l'inflation», a écrit François Villeroy de Galhau dans une lettre adressée à Bruno Le Maire. «Cela donnerait un gain supplémentaire de pouvoir d'achat à l'épargne populaire et maintiendrait la capacité d'attrait de cet instrument auprès des Français éligibles non encore détenteurs de LEP», ajoute le gouverneur dans son courrier.

L'ouverture de LEP par les nombreux épargnants éligibles en France est un cheval de bataille de Bruno Le Maire et François Villeroy de Galhau, qui ont multiplié depuis deux ans les prises de parole pour assurer sa promotion. Ce produit d'épargne réglementée, accessible sous conditions de revenus, est détenu par 11,4 millions de Français, a précisé la Banque de France dans un communiqué, sur les quelque 19 millions éligibles. Le LEP est plafonné à 10.000 euros (hors intérêts capitalisés), garanti par l'Etat et exonéré d'impôts et de prélèvements sociaux. Il est de plus complètement liquide, c'est-à-dire que chaque titulaire peut retirer tout ou partie de ses fonds à tout moment. Son encours dépasse les 75 milliards d'euros fin mai, selon la Caisse des dépôts et consignations (CDC).

S'il est accepté par le ministre, le nouveau taux de 4% entrera en vigueur au 1er août. Après avoir culminé à 6% en 2023, il avait déjà subi une baisse le 1er février 2024, à 5%. Sans surprise, le gouverneur s'est également prononcé en faveur du maintien du taux du Livret A, valable aussi pour le Livret de développement durable et solidaire (LDDS), à 3% jusqu'à fin janvier 2025, fidèle à la décision de Bruno Le Maire il y a un an. Cette stabilisation «a permis de relancer le financement du logement social et a contribué à assurer une distribution de crédits aux PME plus abondante et à moindre coût que celle de nos principaux voisins européens», écrit le gouverneur dans sa lettre au ministre. Il s'est cependant révélé largement défavorable pour les épargnants qui auraient gagné bien davantage si la formule de calcul avait été strictement appliquée semestre après semestre.