Surendettement : après dix années de baisse, le nombre de dossiers déposés à la Banque de France augmente
Le surendettement des ménages grimpe encore un peu, avec une dette globale de 4,5 milliards d'euros en 2024, soit 6% de plus que l'année précédente. La Banque de France dénombre aujourd'hui 600 000 personnes surendettées.
Pendant presque dix ans, le surendettement a baissé régulièrement, en France. Il faut dire que la France partait de haut, avec presque 8,5 milliards d'euros de dettes pour les ménages concernés. Mais depuis trois ans, tout a changé : les courbes repartent à la hausse avec, l'an dernier, 11% de dossiers de surendettement supplémentaires déposés à la Banque de France. Encore le mois dernier, ils ont augmenté de 4,5% par rapport à janvier 2023. Ce n'est sans doute pas fini car les incidents de remboursement de crédit sont eux aussi plus nombreux : en hausse de 3% en un an. Des accrocs qui sont souvent le signe d'une situation de surendettement à venir.
La montée du chômage et surtout l'inflation sont sans doute les causes principales de cette situation, car la hausse des prix a déstabilisé beaucoup de foyers déjà fragiles, notamment les femmes, les familles monoparentales, les personnes vivant seules et locataires dans l'immense majorité. Ce sont les ouvriers, les employés et évidemment les chômeurs qui sont les plus touchés. Et trois régions sont particulièrement concernées : les Hauts-de-France, la Normandie, la Bourgogne-Franche-Comté. L'Ile-de-France et l'ouest du pays sont moins touchés.
Les crédits à la consommation pèsent plus lourd que les prêts immobiliers
Ce qui pèse de plus en plus lourd, ce sont les crédits à la consommation. On les retrouve dans trois quarts des dossiers de surendettement, pour un total qui frôle les deux milliards d'euros d'encours. En moyenne, ils représentent 43% des dettes des particuliers concernés. Les crédits immobiliers, eux, comptent pour 26% des dettes, en légère diminution dans le cadre d'un marché atone.
Cela peut sembler étonnant, mais la Banque de France constate par ailleurs que les dettes de charges courantes n'augmentent pas. Il s'agit des dépenses liées au logement, au transport, à l'énergie, aux communications, à la santé et même à l'alimentation.
Des mesures d'aide et de protection
La fin de la crise inflationniste va être d'une grande aide, la Banque de France espère même qu'elle compense l'évolution éventuelle du chômage. On attend aussi un changement de règles important pour encadrer les paiements fractionnés et les mini-crédits. Jusqu'à présent ces deux nouveaux modes de paiement passaient sous les radars, mais faisaient sans doute des victimes, d’ici quelques mois, avant de souscrire à l'une de ces deux offres, il faudra obligatoirement faire une analyse de solvabilité. Il s'agit d'une mesure de protection.
Enfin, la Banque de France répète qu'il faut se faire aider dès les premiers signes, et déposer le plus rapidement possible un dossier de surendettement. Ce n'est pas si facile de franchir le pas : près de la moitié des surendettés pensent pouvoir s'en sortir seul et disent éprouver un sentiment de gêne, voire de honte.