Inflation : les ménages ont su adapter leur comportement, selon une étude

Malgré l'envolée des prix, les incidents bancaires sont restés limités en 2023, grâce à une adaptation par les ménages, particulièrement les plus modestes, de leurs comportements budgétaires, note lundi la Banque de France. Les prix à la consommation ont augmenté en moyenne de 5,2% en 2022, puis de 4,9% en 2023. Or, en 2023, si le nombre de dossiers de surendettement a augmenté de 8% par rapport à 2022, il est resté nettement inférieur (-15%) au niveau de 2019, dernière année avant le Covid.

Devant ce «paradoxe apparent», l'Observatoire de l'inclusion bancaire (OIB) de la Banque de France a demandé au Crédoc (Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie) d'inclure des questions à ce sujet dans son enquête annuelle sur les conditions de vie, a expliqué lundi lors d'un point de presse Mark Béguery, directeur des particuliers de la Banque de France. L'étude montre que 48% des ménages modestes (les 30% les moins aisés) se sont sentis «plus souvent dans le rouge» au cours des douze mois que d'habitude (et 38% de l'ensemble des ménages). Mais ils se sont adaptés.

Stratégie numéro un relevée par le Crédoc, 77% des plus modestes (74% de l'ensemble) ont cherché à augmenter leurs ressources: 46% des plus modestes (et de l'ensemble) ont puisé dans leur épargne, 22% (30% de l'ensemble) ont cherché à accroître leurs ressources par l'emploi, 25% (14%) par des aides sociales, d'urgence, ou auprès de proches. Par ailleurs, 41% des ménages modestes (36% de l'ensemble) ont eu recours à au moins un arrangement bancaire ou de paiement.

«Décélération de l’inflation»

Deuxième stratégie: 71% des ménages modestes (58% de l'ensemble) ont repoussé ou abandonné des dépenses, d'abord les équipements informatiques (48% et 38% de l'ensemble) mais aussi des courses alimentaires (42% et 30%). 26% (17%) n'ont pas payé au moins une facture. La hausse des dossiers de surendettement s'est cependant légèrement accélérée fin 2023, a noté Mark Béguery.

Dans un contexte de début 2024 marqué par «une décélération de l'inflation» mais aussi «une légère dégradation du chômage» et peut-être «une difficulté à reconstituer le levier de l'épargne» dépensée en 2023, Mark Béguery s'est dit «prudemment optimiste» : «Nous ne prévoyons pas à ce stade d'explosion des incidents (...), peut-être davantage une légère augmentation», a-t-il conclu. L'enquête a été menée sur un échantillon de 3000 personnes résidant en France, âgées de 15 ans et plus, en octobre.