EN DIRECT - Agents pénitentiaires tués : Gabriel Attal rencontre les familles avant l’hommage national

Opération «barbecue», drones et lames cachées : Mohamed Amra, un trafiquant pas si discret

Dans la salle d'audience où son procès s'achève, ce 7 mai, au tribunal correctionnel d'Évreux, Mohamed Amra formule une dernière requête avant de rejoindre sa cellule. Alors qu'il vient d'être condamné pour des vols par effraction commis dans la région en 2019, le trentenaire, un petit homme trapu et enveloppé, se tourne vers son fils de 4 ans, assis sur les bancs de la salle aux côtés de son ex-conjointe. « Il voulait pouvoir l'embrasser avant d'être reconduit en prison. Il s'était montré courtois et coopératif pendant l'audience, alors le président du tribunal a accepté. Il a indiqué aux policiers de lui retirer ses menottes, et il a pu prendre son garçon dans ses bras », raconte une source judiciaire. Ce jour-là, on le reconduit sans incident dans sa cellule.

Lorsqu'il a été acheminé sous escorte 3 de la prison des Baumettes à Marseille à celle d'Évreux (Eure) - en vue de son procès -, l'administration pénitentiaire a reçu des consignes strictes concernant «le détenu Amra». Dans cette maison d'arrêt où sont incarcérés, en majorité, de jeunes délinquants qui purgent de courtes peines, le profil de ce Rouennais originaire du quartier de La Sablière et surnommé « La Mouche » suscite un branle-bas de combat parmi les surveillants. « L'administration avait demandé de surveiller son comportement, et de faire remonter des observations régulières. Il devait être changé de cellule tous les cinq jours - en moyenne - avec l'obligation de les occuper seul à chaque fois », explique une source bien informée. « Mais Évreux, ce n'est pas les Baumettes. Tout est moins sécurisé. Il n'y a pas de miradors, pas de véritable quartier d'isolement, juste un quartier disciplinaire. Gérer Mohamed Amra impliquait une logistique de plus en plus complexe. »

Un démineur raconte comment il est intervenu après l'attaque du fourgon pénitentiaire

Intervention sous haute tension pour les démineurs après l'assaut sanglant du fourgon pénitentiaire dans l'Eure qui transportait mardi Mohamed Amra, détenu particulièrement dangereux toujours en cavale à ce jour. Il est environ 11h30 quand la sonnerie du téléphone résonne dans l'open space qui regroupe les treize professionnels du centre de déminage de Versailles. À l'autre bout du fil, la préfecture de l'Eure les informe qu'une camionnette transportant un délinquant multirécidiviste vient d'être attaquée sur l'autoroute 154, à hauteur du péage d'Incarville.

Deux agents ont été exécutés, trois autres sont grièvement blessés. Une action méticuleuse, menée de sang froid par des hommes au visage masqué, vêtus de noir et lourdement armés. Mohamed Amra, surnommé «La mouche», a été exfiltré du véhicule alors que la pénitentiaire le conduisait à une convocation devant un juge d'instruction de Rouen. Déjà condamné pour des vols avec effraction et mis en examen pour « tentative d'extorsion avec arme, tentative d'assassinat et détention d'arme de catégorie B », il est devenu l'homme le plus recherché de France.

À Marly-le-Roi, le binôme de démineurs fonce dans un camion de la Sécurité civile et arrive à Incarville moins d'une heure après l'assaut. Derrière les tentes montées par la police et la gendarmerie, il découvre une scène de crime à l'image de la sauvagerie des sicaires. Le fourgon de la pénitentiaire vide fait face à la Peugeot 5008 noire abandonnée par les assaillants. Le spécialiste doit rester concentré sur sa mission : vérifier que la voiture bélier, partiellement brûlée, ne contient pas d'explosifs.

Gabriel Attal rencontre les familles des agents tués en service

Gabriel Attal rencontre les familles des agents Arnaud Garcia et Fabrice Moello, tués en service dans l’attaque d’un fourgon pénitentiaire qui convoyait un multirécidiviste. Ils ont été décorés à titre posthume de la Légion d'honneur hier. L’hommage national débutera à midi.

Qui est Mohamed Amra, dit «la Mouche», le détenu en fuite ?

Il était surnommé «La Mouche»Mohamed Amra, le détenu qui se trouvait dans le fourgon pénitentiaire attaqué dans l'Eure sur l'autoroute A154, à hauteur du péage d'Incarville, se trouve toujours en fuite, plusieurs heures après ce braquage dans lequel au moins deux agents pénitentiaires ont été tués à l'arme de guerre, ce mardi.

Ce multirécidiviste, âgé de 30 ans, présente un lourd casier judiciaire, et venait d'être à nouveau condamné à 18 mois d'emprisonnement, le 7 mai dernier, par le tribunal d'Évreux pour un vol avec effraction. Mohamed Amra avait par ailleurs été condamné, en janvier 2022, à trois ans d'emprisonnement pour un autre vol avec effraction et pour sa participation à une association de malfaiteurs en vue de commettre un crime, qu'il purgeait à la prison d'Évreux. Il avait d'abord obtenu une remise de peine de sept mois, avant que l'intégralité de ses crédits de remise de peine ne lui soient retirés en janvier de l'année suivante.

Interpol a lancé une notice rouge contre Mohamed Amra. Handout / REUTERS

En avril 2020, il avait été condamné à 3 mois d'emprisonnement pour «rodéos motorisés». Il était par ailleurs mis en examen dans plusieurs affaires. Un dossier instruit depuis janvier 2022 par le tribunal judiciaire de Rouen pour «tentative d'extorsion avec arme, tentative d'assassinat et détention d'arme de catégorie B». Un autre instruit depuis septembre 2023 par le tribunal judiciaire de Marseille pour «meurtre en bande organisée, enlèvement et séquestration d'otage et participation à une association de malfaiteurs en vue de la commission d'un crime».

Comment s’organise la traque ?

Le fugitif et ses complices sont depuis recherchés dans tout le pays par 350 enquêteurs. La traque s'organise aussi au-delà des frontières, avec une «notice rouge» émise par Interpol à la demande des autorités françaises pour localiser le détenu évadé.

«Plusieurs centaines d'enquêteurs sont sur ce dossier, toute une section du parquet de Paris est mobilisée 24h sur 24 (...) C'est une enquête hors norme, mais nous le devons aux victimes, à leurs familles, à leurs proches et à l'ensemble des agents pénitentiaires qui servent la justice au quotidien», a explique la procureure de la République de Paris Laure Beccuau.

La procureure de Paris «ne doute» pas que les suspects seront interpellés

La procureure de la République de Paris Laure Beccuau a affirmé mardi ne pas «douter» que les investigations menées sur le guet-apens meurtrier à Incarville (Eure) dans lequel deux agents pénitentiaires ont été tués, aboutiront à l'interpellation des suspects.

«L'issue de cette enquête, ce dont je ne doute pas un instant, sera l'interpellation des auteurs et l'ouverture d'une information afin qu'ils répondent de leurs actes devant la cour d'assises», a-t-elle déclaré sur BFMTV. «Face à la détermination criminelle implacable des mis en cause, tous les enquêteurs restent mobilisés et le resteront le temps qu'il faudra, de même que les magistrats», a-t-elle ajouté. «Ils ont des pistes sérieuses (...). Rien n'est exclu, tout est observé, tout est examiné», a-t-elle poursuivi.

Le 14 mai, le capitaine pénitentiaire Fabrice Moello et le surveillant brigadier Arnaud Garcia ont été abattus par un commando armé, qui a intercepté au péage autoroutier d'Incarville leur convoi transportant un détenu multirécidiviste, Mohamed Amra. Trois autres agents pénitentiaires ont été gravement blessés dans cette embuscade.

Les magistrats demandent à être reçus par Dupond-Moretti

L'Association des magistrats instructeurs (AFMI) et les deux principaux syndicats de magistrats ont demandé mardi à être, eux aussi, reçus «dans les plus brefs délais» par le garde des Sceaux, et associés au plan de réorganisation des extractions judiciaires.

Éric Dupond-Moretti a signé mardi avec l'intersyndicale des surveillants pénitentiaires un accord s'engageant à mettre en place une trentaine de mesures (le calendrier n'est pas encore fixé) pour améliorer la sécurité des agents assurant les transferts pénitentiaires, après l'attaque d'un fourgon ayant coûté la vie à deux d'entre eux la semaine dernière.

L'accord prévoit notamment de limiter les transferts de détenus vers les tribunaux, grâce au développement des auditions en visioconférence par les juges, et de privilégier les déplacements des magistrats et greffiers au sein des prisons pour certains détenus, au lieu de les amener au tribunal.

«Un tribunal est un lieu où la justice est rendue au nom du peuple français. Ne plus y procéder marquerait un recul de l'État, pliant face aux menaces de groupes criminels. Cet aveu de faiblesse serait un signal très inquiétant pour notre démocratie», ont souligné dans un communiqué l'AFMI ainsi que le Syndicat de la magistrature (SM, classé à gauche) et l'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire).

Éric Dupond-Moretti, le Garde des Sceaux. GEOFFROY VAN DER HASSELT / REUTERS

«Le constat unanime a depuis longtemps été fait que les moyens dont est dotée l'administration pénitentiaire pour assurer les extractions judiciaires ont dès l'origine été sous-évalués et minorés», reconnaissent l'AFMI et les deux syndicats de magistrats.

Emmanuel Macron a rencontré les familles hier

Emmanuel Macron, qui a annulé sa venue à l'hommage national aux agents tués lors de l'attaque d'un fourgon pénitentiaire pour cause de déplacement en Nouvelle-Calédonie, a rencontré leurs familles mardi, a annoncé Éric Dupond-Moretti à l'Assemblée nationale.

«Le président de la République, je vous l'annonce, est en ce moment même avec les familles», a déclaré le garde des Sceaux lors des questions au gouvernement. «Avant son départ pour Nouméa, le Président a tenu à échanger personnellement avec les familles des deux agents pénitentiaires décédés en service la semaine dernière», a indiqué l'Élysée.

L’attaque du fourgon pénitentiaire. - / AFP

Emmanuel Macron «ne concevait pas de quitter Paris sans les rencontrer et leur présenter ses condoléances», a affirmé son entourage. L'absence du chef de l'État à l'hommage est «un nouveau coup de massue pour les personnels pénitentiaires» et «une cruelle désillusion», a de son côté réagi l'intersyndicale des surveillants pénitentiaires dans un communiqué. «Cela pourrait également être considéré comme un manque de respect des personnels pénitentiaires dont les missions sont essentielles au maintien de la sécurité de notre nation», ont aussi écrit les syndicats.

Bienvenue sur ce direct

Bonjour à tous et bienvenue dans ce direct consacré à l’hommage national à Caen pour les agents tués dans l’attaque d’un fourgon pénitentiaire au péage d’Incarville, dans l’Eure. Deux agents y ont laissé la vie dans l’exercice de leurs fonctions. Il sera présidé par Gabriel Attal, le premier ministre, Emmanuel Macron s’étant envolé pour la Nouvelle-Calédonie.

Les deux agents ont été tués le 14 mai dans le guet-apens tendu à un fourgon au péage d'Incarville (Eure), qui a permis l'évasion d'un détenu multirécidiviste. L'attaque mortelle, la première depuis 1992 selon la Chancellerie, a entraîné un blocage des prisons pendant plusieurs jours.

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