Génocide à Gaza : une grand-mère porte plainte à Paris après la mort de deux de ses petits enfants dans un bombardement israélien

Janna et Abderrahim Abudaher, alors âgés de 6 et 9 ans, se trouvaient dans une maison du nord de Gaza « frappée par deux missiles de F16 tirés par l’armée israélienne » le 24 octobre 2023. Abderrahim est mort « sur le coup », et Janna peu après son transfert à l’hôpital. Ils font partie des 54 600 Palestiniens de l’enclave, majoritairement des civils, morts sous le feu de l’armée israélienne, recensés par le ministère de la Santé du Hamas, des données jugées fiables par l’ONU.

Leur grand-mère maternelle, Jacqueline Rivault, a déposé en France une plainte contre X – mais visant nommément le premier ministre Benyamin Netanyahou, le gouvernement israélien et son armée – pour meurtre et génocide, ce vendredi 6 juin. Cette plainte avec une constitution partie civile, annoncée à l’AFP par l’avocat Arié Alimi et déposée au pôle crimes contre l’humanité du Tribunal judiciaire de Paris, vise à obtenir la désignation d’un juge d’instruction. La Ligue des droits de l’Homme compte s’y joindre.

Des victimes de nationalité française

La nationalité française des victimes pourrait déclencher la compétence directe de la justice française et l’amener à devoir se prononcer. Sollicité par l’AFP à plusieurs reprises par le passé sur le cas de ces deux enfants, le parquet antiterroriste avait répondu pour la dernière fois fin 2024 n’avoir pas ouvert d’enquête.

Selon la plainte de 48 pages, la « violence extrême » et les « bombardements réguliers » de l’armée israélienne sur Gaza après l’attaque terroriste du Hamas le 7 octobre 2023 ont amené la famille à quitter son appartement le 22 octobre au soir pour se réfugier dans une autre maison familiale puis une école. Ils auraient finalement été touchés par les deux missiles dans une nouvelle maison « au nord de la bande de Gaza, entre Fallouja et Beit Lahia », l’un d’entre eux entrant « par le toit et le second directement dans la chambre où se trouvait la famille ».

Si Abderrahim et Janna n’ont pas survécu, leur frère, Omar, a été grièvement blessé mais vit toujours à Gaza, comme sa mère, Yasmine Z. Également blessée, celle-ci a été condamnée en 2019 en son absence à Paris pour financement du terrorisme pour avoir distribué de l’argent à Gaza à des membres du Jihad islamique et du Hamas entre 2012 et 2013. Elle est visée par un mandat d’arrêt.

« Éliminer la population palestinienne »

La qualification de génocide est avancée par la plainte car ce bombardement est présenté comme faisant partie d’un projet visant à « éliminer la population palestinienne et la soumettre à des conditions d’existence de nature à entraîner la destruction de leur groupe ». Une accusation, étayée par la nature de l’offensive israélienne et les déclarations des membres du gouvernement, également formulée par plusieurs ONG, dont la Fédération internationale des droits de l’Homme, Amnesty International et Human Rights Watch (HRW), et qui revient de plus en plus régulièrement jusque dans les déclarations des responsables de l’ONU.

Un certain nombre d’actions judiciaires ont été entreprises en lien avec ce génocide, par exemple en Suisse, aux Pays-Bas ou encore en Allemagne. En France, trois plaintes ont été déposées ces derniers mois contre des membres d’associations franco-israéliens ou un soldat de l’armée israélienne, accusés de génocide ou de complicité.

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