VIDEO. Du "roi Bibi", protecteur d'Israël, au dirigeant poursuivi pour crimes de guerre : le parcours de Benyamin Nétanyahou
Pour la première fois, depuis le 21 novembre 2024, le chef d'un gouvernement allié des Occidentaux est poursuivi pour "crimes de guerre et crimes contre l’humanité". Le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou est accusé, entre autres, d’avoir "dirigé intentionnellement des attaques contre une population civile" durant la guerre menée par Israël à Gaza en réponse à l'attaque du Hamas du 7 octobre 2023. Après six mois de recours et de batailles juridiques, la Cour pénale internationale (CPI) a fini par émettre un mandat d’arrêt à son encontre, ainsi que de son ministre de la Défense Yoav Gallant.
"Complément d’enquête" revient sur le parcours et la formation politique du leader israélien, aussi indéboulonnable que controversé.
Un père nationaliste, fervent défenseur du Grand Israël
Pour mieux cerner sa personnalité, les journalistes sont allés à la rencontre de l'un de ses anciens compagnons de route. Ehud Barak a été lui-même Premier ministre, de 1999 à 2001. Issu du parti travailliste, il a ensuite fait partie d'un gouvernement d'union de Nétanyahou (vice-Premier ministre de 2009 à 2013), avant de prendre ses distances.
Les deux hommes se sont rencontrés au sein des forces spéciales, à la fin des années 1960. En tant que chef de l'unité d'élite chargée de la lutte contre le terrorisme, Ehud Barak avait sous ses ordres Benyamin Nétanyahou et son frère aîné Yonatan. Il se souvient d'eux comme de jeunes hommes "ambitieux, avec des têtes bien faites", en admiration devant leur père, "l'astre de leur vie". Bension Nétanyahou, professeur d'université nationaliste, était un "fervent défenseur du Grand Israël", de ceux qui jugent impossible la paix avec les Palestiniens. Un tenant de "cette idéologie de droite qui part du principe que nous avons une sorte de droit sacré sur cette terre, poursuit Ehud Barak. Cette idéologie veut que tout le pays nous appartienne".
Chantre de l'antiterrorisme, opposé à la création d'un Etat palestinien
Quelques années plus tard survient le drame qui a sans doute renforcé les convictions nationalistes de l'actuel Premier ministre israélien : la mort de son frère Yonatan en juillet 1976, dans une opération anti-terroriste. Il a été tué lors de la libération de passagers d’un avion pris en otage par un commando propalestinien.
Un an plus tard, le livre que Benyamin Nétanyahou publie à partir des lettres de son frère aîné lui vaut sa première apparition à la télévision américaine. Elle va faire une personnalité publique de celui qui est alors jeune diplômé en management. Sur le plateau, il expose sa conviction : il s'oppose à la création de ce qui serait un "deuxième d'Etat palestinien", puisqu'il en existe déjà un, selon lui, qui est la Jordanie.
De diplomate à chef de guerre
Devenu ambassadeur, puis ministre, il poursuit son ascension au sein du Likoud, le parti de la droite israélienne. Au milieu des années 1990, il est accusé de saboter le processus de paix, tandis que sa bête noire, le Hamas, multiplie les attaques sur le sol israélien.
En 1996, après un attentat-suicide qui fait 22 morts à Tel-Aviv, les Israéliens ont porté au pouvoir le chantre de l'antiterrorisme, faisant de Benyamin Nétanyahou, à 47 ans, le plus jeune Premier ministre de l'histoire du pays. Battu trois ans plus tard par son rival travailliste Ehud Barak, il revient au pouvoir en 2009, en se présentant comme le seul capable d'éradiquer le Hamas...
A la tête du gouvernement presque sans interruption depuis, cerné par trois affaires judiciaires où il est accusé de corruption, il s'est maintenu au pouvoir grâce à une alliance avec l’extrême droite. Alors qu'il est au plus bas dans les sondages, le traumatisme du 7 octobre 2023 change la donne, et le dirigeant israélien endosse les habits de chef de guerre.
Extrait de "Benyamin Nétanyahou : un chef d'Etat hors limites ?", un document à voir dans "Complément d'enquête" le 6 mars 2025.
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