Hausse des dépenses militaires : relancer l’industrie par nécessité

Le président de la République, Emmanuel Macron, a promis dans son alloction, mercredi 5 mars, des "investissements supplémentaires" en matière de défense. Cet appel, lancé aux secteurs public et privé, intervient alors que la production industrielle enregistre un recul inattendu en France. Selon l’Insee, notre industrie a enregistré en janvier un repli d’activité de 0,6%. Repli inattendu en effet car les prévisionnistes s’attendaient, au contraire, à une hausse de la production industrielle de 0,3%. Ce coup de mou sur le premier mois de l’année 2025 s’est ressenti dans toutes les branches d’activités : -2% dans les biens d’équipement, -0,2% dans l’industrie extractive de matières premières, dans l’énergie et l’eau, près de 2% en moins dans le raffinage.

Cela signifie que nos industries rencontrent des difficultés au moment où l’on a, justement, besoin d’elles. C’est un constat malvenu car, après un mois de décembre déjà en berne, cela prouve que nous sommes entrés dans 2025 avec un boulet au pied, et une mauvaise nouvelle pour la croissance économique, alors que la France va justement avoir besoin de marges de manœuvre financières pour investir dans ses armées et ses capacités militaires. Les prix de l’énergie ont reflué mais ils restent élevés et pèsent sur le moteur industriel… à tel point que beaucoup de secteurs n’ont pas retrouvé leur niveau d’avant crise Covid.

Un contre-pied industriel

Est-ce de nature à compromettre les nécessaires investissements qu’évoque Emmanuel Macron ? Pas forcément. Les pays européens en général, et la France en particulier, vont passer des commandes publiques pour ‘’réarmer’’ la France, en quelque sorte. Et cet argent dégagé par les États va aller directement alimenter l’industrie qui va devoir fabriquer plus. Pas uniquement des armes, mais aussi des matériels logistiques, des outils technologiques, etc.

Notre outil industriel en tant que tel reste solide, en pleines capacités de ses moyens. La dynamique de réindustrialisation à travers la défense est donc plutôt une opportunité pour nos industriels de remonter la pente "dans nos régions", a insisté le chef de l’État lors de son intervention mercredi 5 mars,  y compris en termes d’emploi. 

Nous le voyons d’ailleurs en ce moment à la bourse. Des valeurs comme Thales, Dassault-Aviation, Safran et quelques autres n’ont jamais été aussi hautes sur le marché action. Signe de confiance des investisseurs. Reste à transformer concrètement le plan de 800 milliards d’euros promis par l’Europe. Pour l’instant, ce ne sont que des capacités d’endettement autorisées et facilitées par Bruxelles. L’argent n’est pas encore sur la table.