Mirage, Rafale, dissuasion nucléaire... : on vous explique le rôle clé de la base aérienne 116 en Haute-Saône, qu'Emmanuel Macron visite mardi
Dans un contexte international tendu et autour de la question d'une défense militaire européenne, le président Emmanuel Macron se déplace, mardi 18 mars, sur la base aérienne de Luxeuil-Saint-Sauveur en Haute-Saône. Un moyen d'appuyer sur le rôle central de cette base militaire pour la France et les intérêts de l'OTAN qui pourrait devenir à vocation nucléaire.
Un déplacement présidentiel dans un contexte international tendu pour Emmanuel Macron. Le Président de la République a annoncé, samedi, par l'intermédiaire de son cabinet qu'il se rendra, ce mardi 18 mars, sur la base aérienne 116 "Lieutenant-Colonel Papin" de Luxeuil-les-Bains. L'objectif premier de cette visite est de souligner avant tout "le rôle clé de la base aérienne" et son importance "dans la défense collective et la sécurité régionale".
Une référence directe à la situation internationale et les différents théâtres de guerre actuels, comme celui de l'Ukraine, où les positions de la France et des autres alliés de l'OTAN - hors États-Unis - se montrent de plus en plus franches vis-à-vis de la menace russe sur l'Europe représentée par Vladimir Poutine.
Au cours de cette visite express, un temps d'échange avec les pilotes et les mécaniciens de la base aérienne sera organisé. Le président Emmanuel Macron effectuera dans la foulée une prise de parole à 14 heures sur cette base militaire qui avait failli disparaître en 2010 sur demande de plusieurs généraux à l'époque.
Renforcer le site de Luxeuil-Saint-Sauveur comme plateforme centrale de défense aérienne
Par ce déplacement officiel, le chef de l'État - qui est aussi chef des Armées - vient également confirmer l'engagement pris en juin 2024 d'accueillir une quarantaine d'avions Rafale, capables de porter des charges nucléaires, à l'horizon 2034. Ces derniers devraient remplacer progressivement une flotte de vingt-six Mirage 2000-5 vieillissants et dont la fin d'activité est prévue en 2028.
La guerre en Ukraine "a changé la donne" et deux nouveaux escadrons nucléaires devraient donc être présents sur site. "En 2032, les premiers Rafale arriveront sur la base aérienne et pourront voler en 2033 pour le premier escadron. Le deuxième escadron sera lui opérationnel en 2036, détaille Cédric Perrin, sénateur du Territoire de Belfort et président de la Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées.
Une capacité de dissuasion nucléaire que la base aérienne devrait retrouver après l'avoir perdue précédemment en 2011. "Cela changerait beaucoup de choses puisqu'elle pourrait devenir la quatrième base nucléaire en France après Istres, Saint-Dizier et Avord", poursuit le sénateur. Ces nouvelles ressources aériennes participeront donc aux opérations de Forces aériennes stratégiques.
Actuellement, le nombre d'effectifs civils et militaires travaillant sur le site de Luxeuil-Saint-Sauveur est d'environ 1 200 personnes. Il devrait lui aussi augmenter de 800 personnels supplémentaires à l'horizon 2034.
Favoriser le développement de l'activité économique du bassin luxovien
En tout, plusieurs centaines de millions d'euros d'investissements devraient être mis en oeuvre pour adapter la base militaire à ces nouvelles arrivées matérielles et humaines.
Une fourchette qui "pourrait même avoisiner les 900 millions d'euros si nous passons en capacité nucléaire. Ce sont donc des entreprises qui vont venir sur le secteur et consommer des matériaux, et qui vont héberger leurs salariés pendant de longs mois de travaux. Ce qui est bon pour l'activité économique de notre bassin", reconnaît Frédéric Burghard le maire DVD (divers droite) de Luxeuil-les-Bains.
Avec ces nouvelles adaptations autour de la BA 116, la Haute-Saône attend de fortes retombées économiques pour l'ensemble de la région. Le département deviendrait par conséquent l'une des places majeures de la défense aérienne française et en Europe à court terme.
Un contexte d'augmentation du budget de l'État pour sa défense depuis 2018
Des dépenses qui ont un prix pour financer les efforts de renforcement militaire de l'État français. Depuis 2018, le budget français de la Défense a même augmenté chaque année face aux nouvelles tensions géopolitiques observées aux quatre coins de la planète.
"Toutes ces questions autour du contexte international et sur la dissuasion nucléaire ont encouragé le chef de l'État à venir à Luxeuil. À la fois pour marquer encore un peu plus l'empreinte militaire, mais aussi montrer la nécessité qu'il y a aujourd'hui d'augmenter les budgets de la Défense", évoque Cédric Perrin.
Aujourd’hui, plus de 50 milliards d'euros sont alloués au budget de la Défense en France. Cela pourrait doubler d'ici à 2030 et atteindre près de 100 milliards d'euros d’après de récentes déclarations de Sébastien Lecornu, le ministre des Armées.