Face aux armées, Macron promet la continuité
Pour son premier discours officiel depuis le deuxième tour des élections législatives, le président de la République Emmanuel Macron s'est adressé aux armées. Et dans quelques parallèles subliminaux, à la nation. Voire a-t-il fait écho à sa propre situation quand il a évoqué « le sens profond » de l'action des armées qui « s'illustre dans vos devises : « qui ose gagne » ou « ne pas subir » ». Une référence à la dissolution ? Face au blocage politique révélé lors des élections européennes, le chef de l'État avait tenté de reprendre la main. En vain. « Autour de vous, la nation se tient unie », a-t-il ajouté samedi soir lors de la traditionnelle réception à l'Hôtel de Brienne, alors que l'averse cessait au-dessus de Paris. « C'est fier de nos armées que je passerai demain en revue les unités mises à honneur », a-t-il ajouté. Dimanche, le chef de l'État, qui est aussi chef des armées selon la Constitution, présidera le défilé militaire qui se tiendra cette année avenue Foch.
Revenu du sommet de l'Otan à Washington, dans la nuit de jeudi à vendredi, le chef de l'État a poursuivi une séquence consacrée aux armées. À Brienne, samedi soir, les apartés portaient autant sur la guerre en Ukraine que sur les scénarios d'une improbable reconfiguration politique en France. Même si les militaires sont fidèles par devoir au chef de l'État, ils s'interrogent. La parole d'Emmanuel Macron est affaiblie.
«Un ajustement de la loi de programmation militaire»
Le président a tenté de fixer quelques caps a minima, sans précisions, faute de marges de manœuvre politiques. Compte tenu de l'accroissement des tensions géopolitiques, le chef de l'État a annoncé « un ajustement de la loi de programmation militaire » l'année prochaine. Concrètement ? Il n'a pas donné de détails. Mais le président n'a pas changé l'objectif d'avoir doublé le budget des armées d'ici 2030. Pas d'augmentation budgétaire, donc, par rapport à ce qui avait été prévu. Mais pas de diminution non plus. Les armées pourraient procéder à des modifications des périmètres comme cela avait été le cas à mi-parcours de la précédente loi de programmation. « Les fondements (de la LPM) sont invariables », a-t-il indiqué. Si une future majorité se dessine, suivra-t-elle cette direction ?
En ce qui concerne le soutien à l'Ukraine en guerre, le président a aussi cherché à rassurer. « Nous continuerons à soutenir l'Ukraine », a-t-il affirmé alors que des forces politiques à l'Assemblée, comme le RN ou LFI, sont davantage réservées. Emmanuel Macron a promis de poursuivre sa ligne « sans céder aux intimidations » et « avec l'ambiguïté stratégique nécessaire face à un adversaire qui ne connait aucune limite ». L'allusion se réfère à l'hypothèse d'envoyer des soldats assurer des missions de formation en Ukraine qu'Emmanuel Macron n'avait pas exclue en début d'année. Faute de soutien à l'Assemblée, il lui sera toutefois plus difficile d'avancer dans cette direction. Dans l'espoir d'obtenir mansuétude de la gauche, le président de la République a aussi glissé une référence au Proche-Orient pour refuser « le double standard » qui négligerait la situation à Gaza.
Dans un dernier message, le chef de l'État a adressé quelques remerciements aux généraux qui quittent leurs fonctions, comme le chef d'état-major de l'armée de l'air, le général Mille, ou l'amiral Vandier, promu « commandant suprême allié à la transformation » au sein de l'OTAN. Il a aussi salué l'action du ministre des Armées Sébastien Lecornu et la ministre déléguée aux anciens combattants Patricia Mirallès, qui vivent probablement leurs derniers moments au gouvernement. Il a aussi salué l'action à ses côtés du chef d'état-major des armées, le général Burkhard, reconduit dans ses fonctions pour une durée indéterminée. Un signe de continuité.