Alain Delon, Françoise Hardy, Bernard Pivot... Ils nous ont quittés en 2024
- Janvier
James Kottak, le rock'n'roll collé à la peau
Pour son groupe «James était un être humain merveilleux, un grand musicien et un père de famille aimant ... Rock’n Roll Forever» sont les mots choisis par les membres du groupe Scorpion, sa deuxième famille pour lui rendre hommage. En 1996, James Kottak fait son entrée dans la formation légendaire du hard rock allemand, Scorpions. Pendant 20 ans, le batteur du groupe participe à neuf albums (en studio et en concert) et onze tournées à travers le monde. Depuis la création du groupe en 1965, James Kottak est celui qui est resté le plus longtemps à la batterie de ce groupe mythique de rock and roll. James Kottak restera dans la légende de Scorpions. L’amour du rock lui collait à la peau, tel son tatouage dans le dos où était écrit «Rock&Roll Forever».
Ils nous ont aussi quittés en janvier... Glynis Johns (actrice à l’âge de 100 ans), Tom Wilkinson (acteur), Françoise Bornet (actrice),Laurence Badie (actrice), Norman Jewison (réalisateur et scénariste), Frank Farian (producteur musical), Frédéric Edelmann (journaliste et critique d’architecture), Chita Rivera (actrice et chanteuse).
- Février
Seiji Ozawa le magicien de la musique classique
Le talent, la grâce, le charisme, Seiji Ozawa, aura été l’un des chefs d’orchestre japonais les plus marquants du XXe siècle. Né en Chine en 1935 de parents japonais, Seiji Ozawa a construit une carrière marquée par l’excellence et l’ouverture culturelle. Formé au Japon par Hideo Saito, puis en France auprès d’Eugène Bigot, il incarna d’une certaine manière la symbiose des traditions musicales occidentales et japonaises.
Lauréat du Concours de Besançon en 1959, il fut le protégé de Charles Munch et de Herbert von Karajan avant de séduire le monde entier, notamment comme directeur du Boston Symphony Orchestra pendant plus de 30 ans. Visionnaire, il fonda des institutions comme l’Orchestre Saito Kinen et le Festival de Matsumoto, témoignant de son profond attachement à la transmission. Maître de Ravel et Stravinsky, Ozawa restera une figure magnétique de la musique, mêlant exigence artistique et humanité.
Ils nous ont aussi quittés en février...Alain Dorval (acteur et doubleur de Sylvester Stallone), Gérard Barray (acteur), Kenneth Mitchell (acteur canadien), Paolo Taviani (acteur), Ira von Fürstenberg (actrice), Toby Keith (compositeur-interprète), Dariush Mehrjui (réalisateur et scénariste)...
- Mars
Akira Toriyama, père de Dragon Ball
Akira Toriyama, grand mangaka japonais est connu pour avoir créé Dragon Ball, un manga lancé en 1984 et librement inspiré d’un roman chinois du XVIᵉ siècle. Cette œuvre raconte les aventures de Son Goku, un prodige des arts martiaux. Véritable phénomène mondial, le manga s’est écoulé à plus de 260 millions d’exemplaires et a donné naissance à de nombreuses adaptations : séries télévisées, films, jeux vidéo, ainsi que des suites emblématiques comme Dragon Ball Z ou, plus récemment, Dragon Ball Super. Akira Toriyama a également marqué ses pairs, inspirant de nombreux auteurs, dont Eiichirō Oda, le créateur de One Piece. Profondément influencé par le travail de Toriyama, Oda aura dit son admiration pour lui à plusieurs reprises. « Penser que je ne le reverrai jamais... Je suis submergé par la tristesse », a-t-il confié, rendant hommage au talent de son illustre prédécesseur.
Avec le génie de sa plume, Toriyama a créé un univers qui a marqué des générations, transcendant les frontières culturelles et influençant des pans entiers de la culture populaire. Ses œuvres continuent de vivre à travers les adaptations, les hommages, et les souvenirs indélébiles qu’elles laissent dans le cœur de millions de fans à travers le monde. Un héritage qui reste gravé dans l’histoire du manga.
Ils nous ont aussi quittés en mars... Jean-Pierre Bourtayre (compositeur français), Sylvain Luc (guitariste), Maryse Condé (journaliste), Frank Darcel (écrivain),Steve Harley (auteur-compositeur-interprète), Louis Gossett Jr. (acteur et producteur)...
- Avril
Alexis Gruss, le roi du cirque
Écuyer émérite, chevalier de la Légion d’honneur et de l’Ordre des Arts et des Lettres, Alexis Gruss est un artiste de cirque aux talents multiples. Saltimbanque polymorphe, il excelle aussi bien dans l’art de la voltige que dans celui du clown. Tout au long de sa carrière, il a exploré toutes les disciplines des arts du cirque : trapèze, voltige équestre, clown, musique, et bien plus encore.
Directeur de cirque dès l’âge de 27 ans, Alexis Gruss fonde sa propre compagnie. Son Cirque à l’ancienne, qui mêle la tradition des arts équestres et celle des saltimbanques, est accueilli par la comédienne Silvia Monfort, alors directrice du centre culturel du Carré Thorigny. En 1982, ce cirque est élevé au rang de cirque national. La collaboration entre Alexis Gruss et Silvia Monfort donne également naissance à la première école de cirque en France, l’École au Carré, inaugurée le 15 octobre 1974. En 1981, il reçoit le Grand Prix National du Cirque, décerné par le ministère de la Culture. Artiste visionnaire, Alexis Gruss illustre parfaitement cette citation : « Le hasard, c’est Dieu qui se promène incognito. »
Ils nous ont aussi quittés en avril... Cole Brings Plenty (acteur), Faith Ringgold (artiste), Philippe Laudenbach (acteur)...
- Mai
Bernard Pivot, le «Roi Lire»
Journaliste passionné et grand amateur de littérature, Bernard Pivot a laissé une empreinte indélébile dans le paysage culturel français. Curieux et avide de lecture, deux qualités journalistiques qui lui permettent de franchir les échelons, jusqu’à devenir rédacteur en chef du Figaro littéraire. Cofondateur d’Apostrophes en 1975, il aura passé 28 ans à interviewer écrivains, artistes, politiques et figures marquantes de la littérature sur le petit écran, dont il devint un prince.
Élu en 2005 à l’Académie Goncourt, il en devint président en 2014, imposant son éclectisme et renouvelant le palmarès avec des lauréats variés comme Leïla Slimani ou Éric Vuillard. Il restera un homme d’influence plus que de pouvoir, touchant le cœur des Français par son amour des mots et de l’amitié. En 2019, il choisit de se retirer pour se consacrer à ses proches, expliquant que le rôle, devenu contraignant, ne laissait plus de place à l’insouciance. Sur scène ou à travers ses engagements, il restera pour beaucoup celui qui a su faire entrer les livres et la culture dans les foyers français.
Paul Auster, l’ombre d’un roman
Laissant derrière lui un monde littéraire à la fois fascinant et déconcertant, l’auteur de Moon Palace, Paul Auster a inventé un univers où les coïncidences et les mises en abyme se mêlaient aux vies de personnages perdus dans des labyrinthes d’intrigues. Né à Newark en 1947, il est devenu une figure adorée des Français, grâce à sa capacité à défier les conventions et à bousculer les frontières entre réalité et fiction. Son œuvre, où le hasard est roi et où les personnages sont souvent des ombres errantes, continue d’évoquer une profondeur presque mystique.
Dans son dernier livre, Baumgartner, il offrait une dernière réflexion sur la perte et la mémoire. Solitaire, fumeur de cigares et buveur de vin rouge, il était l’auteur fragile, hanté par des événements qui avaient marqué son enfance. À l’image de ses romans, sa fin semble presque écrite par le destin, aussi prévisible et dénuée de l’imagination débordante qui le caractérisait. Les pages qu’il a laissées résonneront encore, comme une dernière lecture dans le hall de Grand Central, au bout d’un téléphone qui ne répondra plus.
Ils nous ont aussi quittés en mai: Bernard Hill (acteur), Frank Stella (peintre),Christian Escoudé (guitariste),Alice Munro (écrivaine), Jean-Noël Fenwick (auteur), Roger Corman (réalisateur)
- Juin
Françoise Hardy, l’élégance d’une étoile filante
Françoise Hardy nous a quittés le 11 juin 2024, à l’âge de 80 ans. Avec elle s’éteint une étoile discrète, mais inoubliable, dont la lumière a éclairé des générations. Dès ses débuts en 1962 avec Tous les garçons et les filles, elle impose une voix singulière, à la fois fragile et profonde, qui touche au cœur. Ses mélodies mélancoliques, empreintes de simplicité et d’élégance, deviennent l’écho des espoirs et des peines d’une jeunesse en quête d’absolu. Malgré son succès fulgurant, elle reste une icône à contre-courant : timide, pudique, presque effacée, mais toujours magnétique. Icône yé-yé, muse des plus grands couturiers, Françoise Hardy incarne une époque tout en la transcendant. Mais derrière le glamour se cachait une femme éprise de liberté. Lassée des projecteurs, elle quitte la scène en 1968 pour explorer d’autres chemins : l’astrologie, l’écriture, et une musique plus introspective.
Françoise Hardy, c’est une vie marquée par l’amour, celui de Jacques Dutronc et de leur fils Thomas, mais aussi par le combat. Ses dernières années, éprouvées par la maladie, ne l’ont jamais détournée de ses engagements, notamment pour le droit à mourir dans la dignité. Aujourd’hui, il nous reste ses chansons, intemporelles et lumineuses, et cette image d’une femme qui, avec une infinie délicatesse, a su mettre en musique les tourments et la beauté de la vie.
Ils nous ont aussi quittés en juin... Anouk Aimée (actrice), Ben (dessinateur), C.Gambino (artiste hip-hop), Jodie Devos (artiste lyrique),Paul Chemetov (architecte), Mourad Tsimpou (pianiste)...
- Juillet
Jon Landau, le producteur des rêves
Il a donné vie aux plus grands récits cinématographiques de notre époque. Jon Landau, producteur de Titanic et Avatar, s’est éteint le 5 juillet à l’âge de 63 ans, laissant derrière lui une empreinte indélébile sur le cinéma mondial. Fils de producteurs, Jon Landau a su porter l’héritage familial à des sommets inégalés. Sous son égide, Titanic (1997) a marqué l’histoire, devenant le premier film à franchir la barre du milliard de dollars de recettes et récoltant 11 Oscars. Sa collaboration avec James Cameron s’est poursuivie avec Avatar (2009), qui a effacé ce record avec 2,8 milliards de dollars et ouvert une nouvelle ère pour les effets spéciaux et la narration visuelle.
Homme de vision et de passion, Jon Landau ne se contentait pas de produire des films, il bâtissait des mondes. Des acteurs comme Kate Winslet et Leonardo DiCaprio saluent son humanité, tandis que James Cameron, ému, déclare avoir perdu «un ami et un collaborateur irremplaçable». Si la saga Avatar se poursuit sans lui, Jon Landau restera à jamais celui qui a transformé le rêve en réalité, redéfinissant ce que le cinéma peut accomplir.
Ils nous ont aussi quittés en juillet... Benoît Duteurtre (romancier), André-Pierre Arnal (peintre),Robert Towne (scénariste), Pino D’Angiò (rappeur)...
- Août
Alain Delon, Le Samouraï au paradis
Ça, on peut dire qu’il s’y était préparé. Alain Delon, mort tant de fois à l’écran, a faitson ultime prise. Delon ne tiendra plus la barre du ketch de Plein soleil, ne noiera plus Maurice Ronet dans La Piscine, ni ne croisera le regard glacé de Jean-Pierre Melville. Il laisse derrière lui un héritage de films cultes et de passions tumultueuses. Sa démarche féline, son regard d’ange blessé, ses silences habités : Delon était une énigme, une étoile magnétique. Il séduisait autant qu’il effrayait. À l’écran, il était Le Samouraï, le héros désenchanté de Rocco et ses frères, le prince flamboyant du Guépard. Il a joué avec et pour quelques-uns des plus grands, Gabin, Visconti, Melville. Dans la vie, il rêvait de grandeur, s’enveloppait de solitude, cultivait des amitiés.
Il quitte une époque qui ne le comprenait plus. Alain Delon a incarné le mystère, l’élégance et la tragédie. Il nous laisse orphelins d’une époque où les étoiles brillaient plus fort. « J’ai aimé », disait-il. Et nous, nous n’oublierons pas.
Ils nous ont aussi quittés en août...Patrice Laffont (animateur),Whitney Rydbeck (acteur),Gena Rowlands (actrice), Esta TerBlanche (actrice)....
- Septembre
James Earl Jones, il était une voix...
Acteur légendaire, James Earl Jonesa marqué le cinéma avec sa voix grave et puissante, immortalisée dans des rôles comme Dark Vador dans Star Wars et Mufasa dans Le Roi Lion. L’acteur afro-américain, également salué pour sa carrière sur scène, est décédé à l’âge de 93 ans.
Né en 1931 dans le Mississippi, rien ne prédestinait le jeune James, atteint de bégaiement sévère, à devenir l’une des voix les plus emblématiques du 7e art. C’est grâce à un professeur d’anglais qu’il surmonte ses troubles, en récitant des poèmes. Après un passage dans l’armée, il débute sur Broadway en 1958, avant de briller dans des pièces comme L’Insurgé, qui lui vaut un Tony Award en 1969. Au cinéma, il est remarqué dès Docteur Folamour de Stanley Kubrick et poursuit avec des rôles marquants dans A la poursuite d’Octobre Rouge ou encore Un prince à New York. Mais c’est dans l’ombre du casque de Dark Vador que sa voix, choisie par George Lucas pour sa profondeur, inscrit son nom au panthéon du cinéma.
Oscar d’honneur, Grammy, Golden Globe : James Earl Jones laisse un héritage exceptionnel, celui d’un acteur qui a transcendé les écrans par sa présence et son timbre inoubliable.
Ils nous ont aussi quittés en septembre...Danielle Moore (chanteuse), Laurent Tirard (réalisateur), Sérgio Mendes (pianiste et compositeur), Will Jennings (auteur-compositeur-interprète et parolier), Caterina Valente (chanteuse), Michaela DePrince (danseuse), Maggie Smith (actrice)...
- Octobre
Michel Blanc, le Splendid perd une lumière
L’acteur, scénariste et réalisateur Michel Blanc, l’inoubliable interprète de Jean-Claude Dusse dans Les Bronzés et maître d’un humour à la fois mordant et mélancolique avait 72 ans. C’est avec le Splendid, cette bande de copains devenue légendaire, qu’il fait ses débuts dans les cafés-théâtres de la capitale, avant de conquérir le grand écran. Dans les années 70, il incarne une nouvelle forme de comédie française, celle des ratés touchants et des maladroits attachants. Jean-Claude Dusse, son rôle dans Les Bronzés (1978) et Les Bronzés font du ski (1979), devient une figure culte : un personnage hilarant, pathétique et profondément humain. « Ce rôle, c’était moi, un peu trop même », confiait-il avec son humour teinté d’amertume.
Michel Blanc ne voulait pas se limiter à la comédie. Avec Tenue de soirée (1986) de Bertrand Blier, où il joue un travesti troublant, il remporte le Prix d’interprétation masculine au Festival de Cannes. Trois ans plus tard, il bouleverse avec Monsieur Hire (1989) de Patrice Leconte, où il incarne un homme aussi mystérieux que poignant. Ces performances révèlent une profondeur insoupçonnée, bien au-delà du rire. Multi-primé, Michel Blanc laisse une empreinte indélébile dans l’histoire du cinéma et du théâtre français. Entre ses deux César, son Molière et le César anniversaire décerné au Splendid en 2021, il a marqué des générations. Pourtant, il restait humble, presque pudique, à l’image de cet acteur qui transformait ses fêlures en éclats de rire ou en silences déchirants. Michel Blanc est parti, mais son héritage, fait d’humour et d’humanité, continuera de résonner dans nos mémoires.
Ils nous ont aussi quittés en octobre...Liam Payne (chanteur), Pierre Vernier (acteur), Christine Boisson (actrice), Ron Ely (acteur)...
- Novembre
Quincy Jones, le maestro
Le 3 novembre 2024, à Los Angeles, Quincy Jones nous a quittés à l’âge de 91 ans, laissant derrière lui un héritage musical incommensurable. Il a transformé le visage de la musique contemporaine avec un talent hors du commun, une vision novatrice et un goût nuancé pour les sonorités noires américaines. Le géant de la musique, comme il était surnommé, a traversé les époques, de son Chicago natal marqué par la Grande Dépression aux soirées les plus glamour des Grammys. Son premier grand coup de maître arrive dans les années 1950, lorsqu’il devient l’arrangeur attitré de Ray Charles. Ce rôle le propulse dans les coulisses des plus grandes scènes jazz, aux côtés de Dizzy Gillespie et Count Basie. Mais c’est véritablement avec son travail sur Thriller de Michael Jackson, en 1982, qu’il se hisse au sommet de la célébrité mondiale. Cet album, toujours l’un des plus vendus de l’histoire, est l’un des plus grands triomphes musicaux de tous les temps. Un triomphe que Quincy Jones, habitué de l’ombre des coulisses, ne pouvait imaginer atteindre.
Quincy Jones, était bien plus qu’un producteur. Il était un créateur, un bâtisseur de ponts entre les genres, les époques et les cultures. Ce jazzman infatigable a redéfini les frontières musicales, mêlant funk, soul, pop et bossa-nova avec une aisance déconcertante. Mais c’est aussi un homme aux multiples facettes, un artiste qui savait allier perfectionnisme et générosité. S’il a marqué la pop de son empreinte, c’est aussi par son implication dans des causes sociales et politiques, soutenant les droits civiques et les mouvements progressistes. En 1985, Quincy Jones a coécrit We Are the World, un hymne à la solidarité qui a réuni des stars du monde entier pour aider l’Éthiopie en proie alors à la famine.
Il n’a jamais cessé de se battre pour des causes importantes, qu’il s’agisse de l’égalité raciale, de l’éducation ou de la lutte contre le cancer et le sida. Sa disparition marque la fin d’une époque, celle d’un homme dont l’œuvre aura traversé le temps, et dont le nom restera à jamais gravé dans l’histoire de la musique mondiale.
Ils nous ont aussi quittés en novembre... Claire Bretécher (auteure de bande dessinée), Colin Petersen (musicien), Christian Godard (auteur de bande dessinée), Saafir(rappeur), Bernadette Després (illustratrice)...
- Décembre
Niels Arestrup, un acteur volcanique
Niels Arestrup nous a quittés à 75 ans, après un combat contre la maladie qu’il a mené avec la même force de caractère qui a fait de lui l’un des plus grands acteurs de son époque. C’est sa femme, l’écrivain Isabelle Le Nouvel, qui a annoncé le départ de cet homme dont l’intensité et la fragilité marquaient chaque rôle, chaque scène, chaque film. L’acteur, souvent décrit comme une montagne de gravité et de poésie, laisse un héritage qui traverse le cinéma et le théâtre, mais surtout une absence douloureuse. À l’écran, il incarnait l’homme fort, le parrain, l’âme noire d’un monde souvent brutal, mais il était, dans la vie, cet homme timide, réservé, que ses pairs décrivaient avec une tendresse infinie.
Son regard bleu, pénétrant, semblait toujours contenir quelque chose de plus grand que lui, un abîme de vécu, de passion, de lutte intérieure. Les mots des acteurs qui l’ont croisé témoignent d’une admiration sans bornes. « Il en imposait », disait Francis Huster. Et pourtant, derrière cette imposante présence, se cachait un homme qui n’avait de cesse de douter, qui se battait pour chaque mot, chaque geste. Patrick Chesnais, qui a joué à ses côtés, se souvient de cet homme « habité par l’angoisse de ne pas bien faire », une angoisse qui, paradoxalement, nourrissait l’intensité de ses rôles, le rendant à chaque instant plus vivant, plus humain.
Ses rôles de mafieux, de patriarche, d’homme de pouvoir, étaient autant de défis qu’il relevait avec cette hargne tranquille qui faisait sa force. Mais au-delà des César, des distinctions, de l’admiration unanime, c’est dans ses silences, dans son regard qu’il offrait son plus grand talent. Niels Arestrup laisse derrière lui une carrière éblouissante, un héritage d’acteur pur, qui n’a jamais cherché à se montrer mais à se dépasser. Il disait : « Je n’apprends jamais par cœur, mais par corps. » Et il a joué chaque rôle avec son corps, avec son âme. À 75 ans, il a emporté avec lui tout un pan du théâtre et du cinéma français. Mais à ceux qui l’ont croisé, il laisse avant tout l’image d’un homme complexe, authentique, et profondément humain.
Ils nous ont aussi quittés en décembre...Jacques Roubaud (poète), Brigitte Marger (première directrice de la Cité de la musique), Patrick Saint-Elie (musicien), Zakir Hussain (musicien), Maïté (cuisinière et animatrice tv)...