Guerre Hamas-Israël : inquiétude pour les civils à Gaza, décision attendue à la CIJ

L'inquiétude grandit sur le sort des civils piégés par les combats entre l'armée israélienne et le Hamas à Gaza, tandis que la plus haute juridiction de l'ONU doit rendre une décision sur des mesures urgentes réclamées par l'Afrique du Sud qui accuse Israël de génocide. Le Figaro fait le point sur le conflit au Proche-Orient ce vendredi 26 janvier.

À Gaza, une «marée humaine» forcée de fuir Khan Younès

Dans le sud de la bande de Gaza, des milliers de civils ont fui ces derniers jours la grande ville de Khan Younès, pilonnée sans relâche par Israël et devenue l'épicentre de la guerre.

À Rafah, quelques kilomètres plus au sud, des dizaines de milliers de déplacés s'entassent dans des conditions désespérées, massés dans un périmètre très réduit contre la frontière fermée avec l'Égypte, selon un journaliste de l'AFP sur place. Beaucoup craignent à présent que les soldats israéliens ne poursuivent leur offensive jusque dans cette ville.

«Une marée humaine est forcée de fuir Khan Younès pour se retrouver à la frontière avec l'Égypte», a affirmé dans la nuit le commissaire général de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini, évoquant «une recherche sans fin de sécurité» pour la population de Gaza, piégée par la guerre dans le petit territoire assiégé par Israël.

Selon le ministère de la Santé du Hamas, 183 personnes ont été tuées ces dernières 24 heures à travers la bande de Gaza, tandis que des combats intenses sont toujours menés à proximité de l'hôpital Nasser de Khan Younès, l'un des plus importants du territoire.

Jeudi soir, le Hamas avait accusé l'armée israélienne d'avoir tué 20 civils attendant une distribution d'aide humanitaire à la sortie de la ville de Gaza, dans le nord du territoire. Mercredi, des tirs de chars contre un refuge de l'Unrwa abritant des dizaines de milliers de déplacés ont fait 13 morts à Khan Younès, selon cette agence.

Après les États-Unis, la France a «condamné» ces tirs et appelé Israël, sans l'accuser directement, à «se conformer au droit international». L'Allemagne s'est déclaré «extrêmement préoccupée» par la «situation désespérée» des civils à Khan Younès.

L'armée affirme avoir «encerclé» Khan Younès, la ville natale de Yahya Sinwar, le chef du Hamas dans la bande de Gaza, considéré comme l'architecte de l'attaque du 7 octobre.

Décision attendue de la CIJ

La Cour internationale de justice (CIJ) pourrait ordonner à Israël d'arrêter son offensive dans le territoire palestinien déclenchée le 7 octobre par l'attaque sanglante du mouvement islamiste sur son sol, mais ne dispose d'aucun moyen pour faire appliquer ses décisions. Face au lourd bilan humain et à la poursuite des hostilités, l'Afrique du Sud a saisi la CIJ, arguant qu'Israël violait la Convention des Nations unies sur le génocide, signée en 1948 à la suite de la Shoah.

Sans juger sur le fond, la CIJ doit rendre vendredi après-midi sa décision sur des mesures urgentes pour protéger les Palestiniens de Gaza et pourrait ordonner à Israël d'arrêter son offensive. Mais si ses ordonnances sont juridiquement contraignantes, la Cour n'a aucun moyen pour les faire appliquer.

Le Hamas, considéré comme une organisation terroriste par les États-Unis, l'Union européenne et Israël notamment, s'est engagé jeudi à respecter un cessez-le-feu s'il était réclamé par ce tribunal de La Haye, mais à condition qu'Israël s'y conforme aussi.

Le gouvernement israélien fustige cette procédure judiciaire, mais s'engage dans des discussions pour un nouvel accord de trêve à Gaza qui prévoirait entre autres la libération des otages et de prisonniers palestiniens détenus en Israël.

Selon le quotidien américain Washington Post et le site d'information Axios, le chef de la CIA William Burns va se rendre en Europe pour y rencontrer ses homologues israélien, égyptien et le premier ministre du Qatar dans l'espoir de négocier un tel accord.