Italie : Giorgia Meloni s’acharne à remplir ses centres de rétention pour migrants en Albanie
Giorgia Meloni n’a de cesse de tester les limites de son pouvoir et de s’affranchir des décisions de justice. À plusieurs reprises, les magistrats italiens ont annulé la déportation de migrants vers les deux centres de rétention construits par Rome en Albanie pour les renvoyer d’où ils étaient venus, c’est-à-dire d’Italie.
En conséquence, depuis leur ouverture en octobre, ces centres demeurent vides, malgré les 800 millions d’euros dépensés dans le cadre de l’accord passé avec Tirana en février 2024. Ce dernier vise à externaliser le traitement des demandes d’asile des migrants secourus dans les eaux internationales. Qu’à cela ne tienne, la dirigeante postfasciste Giorgia Meloni a du ressort pour relancer ces centres de la honte installés dans un pays considéré comme peu sûr par la justice.
En vertu d’un nouveau décret, ce sont désormais les exilés dont la demande d’asile a été rejetée, faisant l’objet d’une mesure d’expulsion, qui seront envoyés vers l’Albanie. « Ce gouvernement est un cauchemar pour les avocats. Les droits fondamentaux sont attaqués sur tous les fronts et il faut sans cesse s’adapter », souffle l’avocat milanais Giovanni Motta. Fervent lecteur de John Grisham, celui-ci aime à se comparer au juriste du roman la Loi du plus faible, qui porte secours aux sans-abri de Washington. « La différence est que mon monde est celui des centres de rétention et je peux vous dire qu’ils sont pires que la prison. Vous êtes en Italie, mais ce n’est déjà plus l’Italie », tranche-t-il.
Déshumanisation totale
En novembre, l’exécutif avait déjà tenté de contourner les décisions judiciaires en faisant adopter un décret qui étendait la liste des « pays sûrs ». En vain. Pour Giorgia Meloni, c’est à la politique de les recenser, et non à la justice. La présidente du Conseil des ministres n’agit pas seulement en vertu de son propre projet de société, mais s’appuie sur un nouveau règlement de la Commission européenne, daté du 11 mars. S’il était adopté par les États membres, ce dernier permettrait de transférer les demandeurs d’asile déboutés vers des pays où ils n’ont jamais mis les pieds.
Pour l’avocate Teresa Florio, membre du réseau Mai più lager – No ai CPR (Plus jamais de camps de concentration – non aux centres de rétention), « l’Italie se contente d’exporter en Albanie, c’est-à-dire hors des frontières de l’Europe, des méthodes déjà éprouvées sur son sol ». La question de la détention administrative est au cœur du problème. « Personne ne peut se voir privé de liberté à moins d’avoir commis un délit. L’Italie fait face à un problème de racisme institutionnel », précise l’avocate.
Elle ajoute : « À Milan, la préfecture délègue la gestion de ces centres à des compagnies privées comme Gepsa (une filiale d’Engie – NDLR). » La privatisation de la détention et le règne du « low cost » renforcent la situation de non-droit tout en noyant les responsabilités entre le public et le privé. Dans ces centres, la déshumanisation est totale et « les migrants deviennent des numéros, on ne les appelle plus jamais par leur nom », insiste la militante communiste Anna Camposampiero, également membre de Mai più lager.
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