Vendée Globe : Yoann Richomme veut croire à la victoire dans son « T3 avec vue sur mer »

« C’est une belle récompense d’être second du Vendée Globe. Si on m’avait dit que je serais deuxième à ce moment-là de la course, nous aurions signé tout de suite ! » Heureux qui comme Yoann Richomme a fait un beau tour du monde en solitaire, sans escale ni assistance.

Deuxième skippeur à avoir franchi l’équateur dans la nuit de dimanche à lundi, le Varois, qui navigue à bord de Paprec Arkéa, comptait 130 milles (240 kilomètres) de retard, mardi 7 janvier au classement de 15 heures, sur le leader, Charlie Dalin (Macif Santé Prévoyance). Une situation loin de tracasser celui qui dispute son premier Vendée Globe et qui, depuis cinquante-huit jours de mer, impressionne par sa maîtrise, ses choix météo, sa gestion du bateau et qui n’a, bien sûr, pas encore dit son dernier mot.

Auteur du nouveau record des 24 heures en solitaire et en monocoque (551,84 milles parcourus soit 1 022 kilomètres) le 20 novembre, à peine dix jours après le départ des Sables-d’Olonne, Yoann Richomme (41 ans) a d’entrée placé la barre assez haut. Dans le trio de tête depuis le passage du cap de Bonne-Espérance, le natif de Fréjus a réalisé une très belle traversée des mers du Sud et s’est même payé le luxe de s’emparer de la tête de la flotte pendant près de dix jours, doublant le cap Horn après seulement quarante-trois jours de course, nouveau record.

« Avoir une formation d’ingénieur ça aide »

Pas mal pour un skippeur dont le projet remonte à seulement 2021. « C’est dingue de se dire que le projet a commencé il y a trois ans à peine, explique le navigateur. Nous avons toujours voulu être au top niveau dans cette classe. On savait que ça n’allait pas être simple et on savoure forcément le fait d’être en passe de le réussir. L’équipe a réalisé un travail fantastique. »

Il faut dire que cet architecte naval de formation a la tête bien sûr les épaules et sait ce qu’il veut. « Avoir une formation d’ingénieur ou être architecte sur ces bateaux, ça aide forcément, car ce sont des machines technologiques. Ça donne un avantage pour être aux avant-postes, nous expliquait-il avant le départ de la course. Je suis capable de parler avec tous les techniciens, de la conception du bateau jusqu’à son développement après en mer. »

Connu pour sa méticulosité dans la préparation de ses montures, celui qui a mis un pied dans la voile de compétition comme préparateur technique de Roland Jourdain en Imoca, puis de Nicolas Lunven en Figaro Bénéteau, ne laisse rien au hasard et ses résultats plaident pour lui. En 2010, à 27 ans, il se lance en Figaro et finit 2e bizuth de la Solitaire dès sa première saison.

« Moi j’ai mon T3 avec vue sur mer ! »

Double vainqueur de l’épreuve (2016 et 2019), il emprunte la même voie en Class40 où il s’impose deux fois dans la Route du rhum (2018 et 2022) avec une belle « remontada » pour conserver sa couronne.

Vainqueur en solo de la Transat CIC (ex-Transat anglaise) au printemps 2024, Yoann Richomme a participé au choix de l’architecte (Antoine Koch) pour la construction de son bateau actuel. Il avoue avoir été très intéressé par son cockpit avec fenêtres, lieu de vie où les skippeurs passent la grande majorité de leur temps en mer.

« On a fait les dessins ensemble, et j’ai moi-même construit la maquette du cockpit », précise-t-il. Au final, cela donne un espace d’environ 9 mètres carrés, bien plus ergonomique, spacieux et clair que la majorité des Imoca qui disputent ce tour du monde et qui sont souvent très minimalistes et inconfortables. « Charlie Dalin a sa studette (qualifiée ainsi par le Havrais qui est aussi architecte naval diplômé de la prestigieuse école de Southampton – NDLR) et moi j’ai mon T3 avec vue sur mer ! »

« J’ai extrêmement peu bricolé »

Côté performance, cela donne un voilier évolutif, moins dur que beaucoup de monocoques équipés de foils, où le skippeur valse moins contre les cloisons, et qui vole au-dessus des flots de manière stable et le plus longtemps possible.

« Historiquement, je n’ai pas eu beaucoup de casse en course. C’est parce qu’en amont, il y a une grande anticipation des problèmes, nous a-t-il confié. Pour le marin, c’est pareil. Il y a plein de petits trucs à bord pour le confort et des astuces qui facilitent l’utilisation du matériel. En fait, j’adore la préparation, les réglages, etc. La voile de compétition, c’est d’abord un sport mécanique qui a atteint un niveau d’exigence très élevé. » Une rigueur qui a porté ses fruits au niveau de la fiabilité sur ce tour du monde. « J’ai extrêmement peu bricolé. Le bateau fonctionne à 100 % depuis le début. »

Connu pour ses ressources mentales et sa résistance physique en course tout autant que pour son analyse tactique, Yoann Richomme peut encore croire à la victoire et, pourquoi pas, réaliser un joli coup dans la remontée de l’Atlantique. « Je commence à avoir un niveau de fatigue constant. Je sens que ça fait deux mois que je suis en mer, dit-il. Mais il reste un sprint final avec quelques opportunités. Je suis à l’affût. »

Le journal des intelligences libres

« C’est par des informations étendues et exactes que nous voudrions donner à toutes les intelligences libres le moyen de comprendre et de juger elles-mêmes les événements du monde. »
Tel était « Notre but », comme l’écrivait Jean Jaurès dans le premier éditorial de l’Humanité.
120 ans plus tard, il n’a pas changé.
Grâce à vous.

Soutenez-nous ! Votre don sera défiscalisé : donner 5€ vous reviendra à 1.65€. Le prix d’un café.
Je veux en savoir plus !