Vendée Globe : Yannick Bestaven, tenant du titre, abandonne après avoir doublé le cap Horn
L’accumulation d’avaries aura eu raison de sa ténacité. Après plusieurs jours à lutter contre les problèmes à bord, Yannick Bestaven a annoncé son abandon dans le Vendée Globe, ce lundi 30 décembre, juste quelques heures après avoir doublé le cap Horn. Après quasiment 50 jours de mer en course dans le tour du monde en solitaire sans escale ni assistance, le tenant du titre, dont le bateau (Maître Coq V) est devenu non manœuvrant en raison d’un système de barre (gouvernail) endommagé, fait route vers Ushuaïa en Argentine qu’il devrait atteindre dans la journée.
Vainqueur de l’édition 2020-2021 en 80 jours 3 heures 44 minutes et 46 secondes, au terme d’un final haletant, le Rochelais naviguait en 11e position à environ 2000 milles (3700 km) de la tête de flotte, toujours dominée par Yoann Richomme (Paprec Arkéa) en tête devant Charlie Dalin (Macif Santé Prévoyance), à 3 milles seulement au classement de 11 heures ce matin. Il s’agit du cinquième abandon de cette dixième édition dont les leaders sont attendus autour du 20 janvier aux Sables-d’Olonne.
Des ennuis depuis le 24 décembre
« J’aurais aimé passer le Cap Horn dans de meilleures conditions, mais le bateau et la mer en ont décidé autrement. Je vais devoir faire une escale technique à Ushuaïa car l’arrière tribord de Maître CoQ V est cassé, le fond de coque est délaminé, couplé à mes problèmes de barre ce n’était pas possible de continuer plus loin », a expliqué dans une vidéo le skipper, qui après avoir murement réfléchi a pris sa décision la mort dans l’âme.
Toujours dans le top 10 depuis le passage du Cap Finisterre (pointe nord-ouest de l’Espagne), le navigateur de 52 ans a vécu une terrible série noire, depuis le 24 décembre, dans la deuxième partie de sa traversée du Pacifique entre le point Némo (point virtuel le plus éloigné de toute terre sur la planète – NDLR) et le cap Horn (Chili).
Les problèmes ont commencé avec la perte du code 0 (voile de portant d’environ 200 m2 de temps medium amuré au bout-dehors et qui va en tête de mât- NDLR), qui a abîmé son foil tribord lors de sa récupération dans l’eau. Quelques jours après, son fractionné (une des voiles d’avant) a explosé alors que le voilier est violemment « parti au tas » dans un grain (lorsque le bateau se couche subitement sur le côté car les voiles sont trop bordées- NDLR). En inspectant son Imoca, Yannick Bestaven a ensuite remarqué que l’arrière tribord (droite) était cassée.
Pour couronner le tout, celui qui est ingénieur de formation a aussi signalé, vendredi 27 décembre, un problème de barre. Après avoir réussi à improviser un système de fortune à l’aide de cordages pour diriger tant bien que mal son monocoque de 18,28m, qui avançait à vitesse réduite, le double vainqueur de la Transat Jacques-Vabre (2011 et 2015) a préféré faire escale. Cette avarie rendant son bateau difficilement dirigeable, le danger devenait trop grand pour envisager une remontée de l’Atlantique.
Sa dernière course en solitaire
Avant de s’élancer des Sables-d’Olonne, le 10 novembre, en compagnie des 39 autres marins, le navigateur, qui court son 4e Vendée Globe, avait annoncé qu’il s’agissait de sa dernière course en solitaire. « J’arrête, avait-il prévenu. Avec l’âge, je sais que ce sera de plus en plus difficile d’être au top niveau : c’est dur le solitaire, c’est beaucoup de pression. Par contre, cela me tient à cœur de transmettre. J’ai pu avoir une belle carrière en course au large. De permettre à d’autres de faire la même chose, je trouve cela chouette. »
Son directeur technique et sportif, Jean Marie Dauris, son boat captain Stan Delbarre, son responsable gréement Yvan Joucla et son expert composites Ludo Bosser, ainsi que l’ingénieur Arnaud Chaigne en charge de l’électronique embarquée, prennent un vol ce lundi pour le rejoindre au plus vite afin d’estimer l’étendue des dégâts et tenter une éventuelle réparation.
Car même s’il est fatigué par bientôt deux mois de mer et des derniers jours éprouvant, Yannick Bestaven envisage de repartir pour terminer hors course. « J’ai malgré tout réussi à arriver jusqu’au cap Horn, et même si je dois m’arrêter à Ushuaïa pour réparer, cela aura été une sacrée épreuve et j’aurai passé les trois caps. (…) On va positiver et se projeter sur la suite, voir si Maître CoQ V est réparable pour poursuivre mon chemin, a-t-il précisé. Même si je suis hors course, j’aimerais rallier les Sables-d’Olonne en solitaire. »
Avant de partir, une dernière chose…
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