TEMOIGNAGE. "La ville est encerclée par les groupes jihadistes" : l'appel à l'aide d'une Franco-Syrienne, qui a échappé à un massacre à Soueïda, en Syrie
C'est l'appel à l'aide d'une Franco-Syrienne qui s'appelle Amjaad. Elle est professeure de mathématiques et de sciences à Rouen (Seine-Maritime). Et depuis deux semaines, alors qu'elle rendait visite à sa famille en Syrie, elle s'est retrouvée au milieu de violents affrontements qui secouent le sud du pays actuellement. Désormais la mère de famille se terre avec ses deux enfants dans la ville de Soueïda. Elle appelle le gouvernement français à l'aider à sortir du pays.
Il y a 14 ans, Amjaad et son mari Firas ont fui le régime de Bachar al-Assad, 14 ans qu'ils ont quitté leur famille pour en fonder une nouvelle en France, à Rouen. Elle est devenue professeur de mathématiques et de sciences, lui est informaticien. Ils ont la nationalité française, tout comme leurs enfants bien sûr, un adolescent de 15 ans et une petite fille de cinq ans.
"Ils ont tué les deux hommes et ont brûlé la maison"
Une vie rangée, en Normandie, mais il y a un mois, tout bascule. Avec l'instauration du nouveau régime en Syrie, le couple voit une opportunité, celle de pouvoir enfin revoir leurs proches, en Syrie, 14 ans après. Amjaad et Firas obtiennent un visa. Ils décident donc de se rendre à Soueïda avec leurs enfants, une ville dans le sud du pays, leur région d'origine. À leur arrivée début juillet, la situation est calme. Mais quelques jours plus tard, de violents affrontements éclatent entre la communauté druze et des groupes jihadistes.
Et puis, il y a deux semaines, témoigne Amjaad depuis Soueïda, son mari Firas est tué lors d'une réunion de famille, tué seulement parce qu'il est druze. "Les groupes jihadistes sont entrés dans notre maison, ils ont trouvé une petite chambre où étaient cachés mon mari et son beau-frère, raconte-t-elle. Ils ont tué les deux hommes et ont brûlé la maison."
"On n'a pas d'eau potable"
De la maison familiale, il ne reste que des cendres. Amjaad, elle, a échappé au massacre. Elle s'est réfugiée avec ses deux enfants dans un petit appartement au cœur d'une ville en guerre. "On n'est pas en sécurité parce que toute la ville est encerclée par les groupes jihadistes. Et on manque de tout : on n'a pas d'eau potable, on manque aussi de nourriture et de médicaments..."
Alors Amjaad a bien sûr contacté l'ambassade de France, qui lui a proposé de venir la chercher, elle et ses deux enfants, à la périphérie de Soueïda. Mais "personne ne peut arriver là-bas parce que la route est aux mains des jihadistes", explique-t-elle. Pour la mère de famille, il n'y a qu'une option : qu'un convoi diplomatique français ou qu'une ONG vienne les chercher au pied du petit appartement qui leur sert de cachette. Amjaad a bien proposé cette solution à l'ambassade mais "ça fait une semaine que j'envoie des messages et des mails pour réagir rapidement", raconte-t-elle.
"Jusqu'à maintenant, on attend l'appel de l'ambassade, ce n'est pas normal. Quand on est Français, on a le droit au moins de ne pas être oublié."
Amjaadà franceinfo
Ne pas être oublié et pouvoir enfin répondre aux questions que posent sans arrêt les deux enfants à leur mère : "Maman, est-ce qu'on va partir aujourd'hui ? Maman, quand est-ce qu'on va revenir en France ? Beaucoup de questions." Il y a deux semaines, Amjaad a perdu son mari, "l'amour de sa vie", nous confie-t-elle. Elle n'a plus qu'une peur désormais : perdre aussi ses enfants.