Soignants, profs, agents de l’énergie… Les creusets du ras-le-bol général face aux politiques austéritaires
La colère est montée en douceur. Étonnamment d’ailleurs. Le 15 juillet, avec son ton de professeur normalien, François Bayrou n’avait pourtant rien caché de la violence de son projet d’austérité sur les dépenses publiques de 2026. Employés du privé comme fonctionnaires, malades, retraités, allocataires sociaux et chômeurs : tous allaient devoir passer à la caisse.
Mais avaler l’indigeste liste des coupes prend du temps : gel des prestations sociales, année blanche fiscale et désindexation des pensions ; disparition de deux jours fériés et remise en cause du droit du travail et de la cinquième semaine de congés payés ; suppression de 3 000 postes d’agents publics, annonciatrice du non-remplacement d’un départ sur trois ; coupes claires dans l’assurance-chômage pour enlever 2 milliards d’euros aux privés d’emploi ; doublement des franchises médicales et cure forcée pour la prise en charge des affections de longue durée… Les mesures sur les fortunés et les 211 milliards d’euros d’aides publiques versées aux grandes entreprises étaient en revanche bien plus chiches.
La trêve estivale aurait pu alimenter la résignation. Mais des réactions épidermiques partagées sur les réseaux sociaux tout comme de premiers préavis de grève à la rentrée ont commencé à faire vibrer les potentiomètres de la colère sociale fin juillet. Aussi flous et désordonnés qu’ils furent, les appels à « Bloquer tout » le 10 septembre ont rendu visible ce ras-le-bol général que l’intersyndicale entend bien catalyser le 18 septembre. C’est cette montée en tension que nous vous racontons.
Les soignants franciliens malades de l’austérité
Les blouses blanches des hôpitaux franciliens ont le blues. Passe encore que le mois d’août sous canicule fût éprouvant. Pour les personnels soignants et paramédicaux de l’AP-HP, le coup de bambou date du 15 juillet et l’annonce du projet de budget austéritaire 2026 par François Bayrou. Sur les 43,8 milliards d’euros d’« efforts », 5 milliards concernent l’assurance-maladie. L’hôpital public doit à nouveau se serrer la ceinture après des années de mise à la diète.
Fin août, l’intersyndicale a déposé un préavis de grève pour tout le mois de septembre. Car même après la chute de François Bayrou le 8 septembre,...