Manifestations, blocages, grèves : l’Huma donne la parole à celles et ceux qui se mobilisent le 10 septembre contre l’austérité
En jouant les martyrs de l’austérité, tombés au champ d’honneur pour le sauvetage de nos finances publiques, François Bayrou espérait sans doute faire coup double : s’offrir une sortie fracassante tout en coupant l’herbe sous le pied au mouvement du 10 septembre, qu’il a largement contribué à créer.
Pari hasardeux. Il n’est pas exclu qu’en réalité, la chute du premier ministre ait fourni un ballon d’oxygène supplémentaire aux participants qui s’apprêtent à agir ce mercredi 10 septembre. « Pour nous, c’est une première victoire, assure un ancien gilet jaune très actif sur plusieurs boucles Telegram (messagerie cryptée) du mouvement. Le fait que Bayrou mette sa démission dans la balance prouve bien qu’il avait peur de ce qu’on pouvait faire. »
La gauche s’impose dans le mouvement « Bloquons tous »
À l’origine, ce mouvement est bien né en réaction à la politique du premier ministre démissionnaire. L’annonce de la possible suppression de deux jours fériés, faite le 15 juillet, a rapidement été perçue comme le symbole de trop d’une politique austéritaire ciblant le plus grand nombre et épargnant les plus riches.
Né sur les réseaux sociaux en dehors des forces organisées, le mot d’ordre « Bloquons tout ! » rallie alors une galaxie composite, où l’on croise anciens gilets jaunes, groupuscules antivax et groupes politiques liés à la gauche et à l’extrême droite.
À partir de la mi-août cependant, ce sont bien les groupes de gauche qui semblent tenir le haut du pavé sur le réseau social X, marginalisant ainsi les revendications les plus droitières (poujadisme fiscal, souverainisme réac, complotisme…), comme le montre une analyse effectuée par l’outil de veille Visibrain. Une bascule à laquelle ont certainement contribué plusieurs partis progressistes (LFI, PCF, Écologistes…) en affichant un soutien de plus en plus appuyé au mouvement.
Un mobilisation citoyenne sur plusieurs fronts
De fait, les revendications d’un des groupes les plus actifs dans la préparation du 10, Indignons-nous, s’inscrivent clairement dans une grammaire de gauche, bien au-delà de la seule riposte à la politique de François Bayrou : droit de regard citoyen sur l’utilisation de l’argent public, arrêt « immédiat des cadeaux aux grosses fortunes », plan anticorruption, abrogation de la réforme des retraites et de la loi Duplomb…
La CGT et Solidaires ne s’y sont pas trompés, en affichant eux aussi un soutien raisonné au mouvement, tout en conservant des forces pour la journée d’action intersyndicale du 18 contre les politiques antisociales. « Sans organisation syndicale, il ne peut y avoir de grève », rappelait Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, fin août.
Certaines fédérations et syndicats d’entreprises ont ainsi appelé à la grève dès ce mercredi, dans les transports, les raffineries ou l’éducation nationale. Reste que la profusion des mots d’ordre ayant essaimé sur Telegram comme dans les assemblées générales depuis cet été (grève de la carte bleue, autoconfinement, blocage des plateformes logistiques et des axes routiers, etc.), de même que le caractère informel du mouvement rendent les pronostics complexes. Une seule certitude : la colère sociale qui gronde dans le pays ne retombera pas le lendemain du 10, quelle que soit l’issue de la journée.
Aux côtés de celles et ceux qui luttent !
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