Avec ses nouvelles taxes sur l’acier et l’aluminium, Donald Trump lance la 3e charge de sa guerre commerciale

Après avoir visé ses voisins d’Amérique centrale et du Nord (Mexique, Colombie et Canada), comme la Chine, le pays désigné ennemi héréditaire des États-Unis, Donald Trump a lancé, lundi 10 février, une troisième salve de taxes. Le président états-unien s’attaque cette fois-ci à l’industrie de l’acier et de l’aluminium.

L’hôte de la Maison-Blanche a ainsi annoncé que ces deux matériaux importés par les États-Unis seraient taxés à hauteur de 25 %, et ce, « sans exception ». Cette mesure s’inscrit dans la stratégie protectionniste du président républicain, qui répète vouloir protéger l’industrie étas-unienne par tous les moyens.

Or, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), estime que la quantité d’acier excédentaire disponible sur les marchés mondiaux a atteint les 551 millions de tonnes en 2023. Ces stocks à disposition, qui pèsent sur les prix mondiaux, maintiennent donc les prix trop bas pour que les sidérurgistes états-uniens puissent fonctionner de manière rentable sans protection douanière.

6,6 millions de tonnes d’acier expédiées aux acheteurs étasuniens

Cette mesure risque donc d’affecter durablement le secteur. Le Canada, premier fournisseur étranger des États-Unis, a par exemple expédié l’an dernier 6,6 millions de tonnes d’acier aux acheteurs étasuniens, selon l’American Iron and Steel Institute (AISI). Le pays d’Amérique du Nord est suivi du Brésil, du Mexique et de la Corée du Sud.

En réaction, le président sud-coréen par intérim, Choi Sang-mok, a promis de protéger les intérêts des entreprises locales « en construisant une relation de proximité avec l’administration Trump et en élargissant nos options diplomatiques ». L’Union européenne (UE), aussi concernée par ces nouveaux tarifs douaniers, a annoncé, lundi 10 février, n’avoir reçu « aucune notification officielle » concernant de nouveaux droits de douane américains, a fait savoir la Commission européenne.

L’UE a cependant affirmé son intention de « répliquer », selon le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Noël Barrot. « Les droits de douane injustifiés imposés à l’UE ne resteront pas sans réponse, a surenchéri la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, mardi 11 février. Ils donneront lieu à des contre-mesures fermes et proportionnées. » La Commission européenne est seule compétente pour négocier des accords commerciaux ou décider de droits de douane, au nom des Vingt-Sept, qui ratifient ensuite ces décisions.

25 % des exportations européennes d’acier destinées aux États-Unis

« C’est un scénario perdant-perdant », a déploré de son côté le commissaire européen chargé du Commerce international, Maros Sefcovic. Lors de la première présidence Trump (2017-2021), le milliardaire américain avait déjà imposé des droits de douane de 25 % sur l’acier et de 10 % sur l’aluminium. Ces mesures avaient ensuite été levées, pour beaucoup, par lui-même ou par son successeur démocrate, Joe Biden.

Environ 25 % des exportations européennes d’acier sont destinées aux États-Unis. De nouveaux droits de douane risquent donc d’avoir un impact important sur la sidérurgie européenne, déjà affectée par une forte concurrence internationale et par le recul de la demande de la part du secteur automobile, l’un de ses principaux clients.

« Nous sommes déjà passés par là » lors de la première présidence Trump, « donc la Commission sait quoi faire », a assuré mardi un diplomate européen, invitant à ne pas céder à la « panique ». Lors de la première présidence Trump, les Européens avaient ciblé leurs représailles sur des produits fabriqués essentiellement dans des États républicains, comme le bourbon ou les motos du constructeur Harley-Davidson.

La Commission européenne n’a pas dévoilé quels produits pourraient être cette fois ciblés, alors qu’Ursula von der Leyen doit rencontrer, mardi 11 février, le vice-président étas-unien, J.D Vance, en marge du sommet sur l’intelligence artificielle, organisé par la France et l’Inde à Paris.

Si elle n’est pas directement concernée, la Chine pourrait sortir impactée de cet épisode. De fait, Pékin reste un fournisseur modeste des États-Unis, avec 508 000 tonnes expédiées à des clients américains. Les dirigeants de l’industrie sidérurgique étasunienne se plaignent néanmoins que l’acier chinois pénètre souvent sur le marché américain via des pays tiers comme le Mexique. Aussi, la Chine produit plus de la moitié de l’acier en circulation dans le monde. Sa domination mondiale de l’industrie sidérurgique en fait donc une cible de choix pour l’administration Trump.

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