Tour des Flandres : Tadej Pogacar-Mathieu van der Poel, l’acte II d’une guerre des nerfs avant Paris-Roubaix

Dans une région habituée à célébrer les colosses, le public des Flandres doit de plus en plus composer avec un lutin. En 2023, pour sa deuxième participation, Tadej Pogacar était venu s'imposer sur les terres pourtant sacralisées par Mathieu van der Poel, lui, le "flahute" pur souche. Absent en 2024, le Slovène revient en 2025, maillot de champion du monde sur les épaules, pour de nouveau chamailler l'écrasante domination du Néerlandais sur les pavés, dimanche 6 avril (en direct sur France 3 et france.tv dès 13h35).

Et cette fois, même si lui la joue toujours fair-play et martèle qu'il court pour "ne pas avoir de regrets", Tadej Pogacar viendra aussi pour soigner un ego quelque peu maltraité sur Milan-San Remo, le 22 mars dernier. "Pogacar s'est fait coiffer sur son terrain par Van Der Poel. Là, c'est lui qui va venir sur le terrain de Van Der Poel", pose Yoann Offredo, consultant franceinfo: sport. 

Incapable de se débarrasser du sparadrap Van der Poel sur la Primavera après l'avoir pourtant secoué à maintes reprises, Pogacar a dû s'avouer vaincu à l'arrivée. Conséquence : quatre petits jours après, il annonçait sa participation à Paris-Roubaix. La nouvelle manifestation d'une bataille psychologique entre gentlemen, sur et en dehors de la course. "On a presque occulté la victoire de Van Der Poel, ou en tout cas la non-victoire de Pogacar. Tout le monde ne parlait que de sa présence à Roubaix. Donc j'ai l'impression que c'est une stratégie de communication qui est quand même très bien ficelée", analyse notre consultant.

Intouchable sur les Grands Tours depuis le début de la saison 2024, Tadej Pogacar ne cesse de venir picorer sur le terrain du Néerlandais, où il ne semble pas vraiment avoir besoin de galop d'essai. La raison est aussi simple qu'implacable : Mathieu van der Poel semble être aujourd'hui le seul à jouer dans la même cour que lui, au moins sur les courses d'un jour. "On voit qu'il y a un respect entre les deux et on a l'impression que finalement, Pogacar a trouvé un adversaire à sa hauteur", poursuit Yoann Offredo.

"On a l'impression que Pogacar, même un char d'assaut serait incapable de l'arrêter. Alors que Van Der Poel a été capable de le faire. Et j'ai l'impression que ça, Pogacar, ça l'excite. Il se dit : 'Tiens, j'ai un adversaire à ma hauteur, je vais aller le titiller sur son terrain.'"

Yoann Offredo, ancien coureur et consultant

à franceinfo: sport

Sur le Tour des Flandres, dimanche, les deux derniers vainqueurs vont jouer le deuxième des trois actes de leur rivalité cette saison. Tous deux ont suffisamment gagné de Monuments (sept chacun) pour qu'une défaite ne ravive pas la flamme du doute. Mais, pour une fois, la manière de gagner (ou perdre) pourrait marquer le vaincu, à une semaine de l'Enfer du Nord. "Si Pogacar prend une tôle par Van der Poel aux Flandres, moralement, il va en prendre un coup. Le Tour des Flandres, c'est un passage incontournable. S'il n'est pas dans le match, il ne le sera pas à Roubaix", estime Yoann Offredo.

Plus puissant et plus rapide au sprint, Mathieu van der Poel, qui assure "ne pas avoir peur" du maillot arc-en-ciel, pose un casse-tête permanent au Slovène. Pour gagner, ce dernier devra le décramponner loin de l'arrivée, comme il avait su le faire aux derniers Mondiaux en partant à 90 km du terme. "Il faudra rendre la course la plus difficile possible. Au Ronde (avec les monts pavés), si je me sens bien, j'aurai davantage de possibilités d'éviter une telle arrivée", a dévoilé le coureur de l'équipe UAE-Emirates XRG jeudi.

Eviter le sprint pour Pogacar

"On l'a vu à Milan-San Remo, c'est l'un des meilleurs sprinteurs du peloton. Les Flandres, c'est une course très différente. J'essaierai de ne pas arriver au sprint avec lui, mais si cela arrive, je ferai de mon mieux", a annoncé le Slovène, qui n'a jamais battu le Néerlandais dans ce scénario depuis leurs débuts communs chez les professionnels, en 2019.

Aussi décontractée soit-elle, la guerre des nerfs a bien lieu, et une nouvelle tentative d'estocade sera portée à Oudenaarde, dimanche. Tadej Pogacar pourrait priver le Néerlandais de devenir le seul à quatre victoires au "Ronde", devant Fabian Cancellara, Tom Boonen, Johan Museeuw, Eric Leman, Fiorenzo Magni et Achille Buysse. Un enjeu de plus pour rentrer dans la tête du maître des lieux. Avant de peut-être conquérir un nouveau royaume du "Hollandais Volant" à Roubaix.