Paris-Roubaix 2025 : pourquoi le défi de Tadej Pogacar de gagner dès sa première participation est grand mais pas impossible
Il est insatiable. Tadej Pogacar a annoncé, mercredi 26 mars, qu'il s'alignerait cette saison pour la première fois sur Paris-Roubaix. Le Slovène, qui a déjà remporté Liège-Bastogne-Liège (2021, 2024), le Tour de Lombardie (2021, 2022, 2023, 2024) et le Tour des Flandres (2024), s'attaque à l'un des deux Monuments qui manquent à son palmarès.
Pour la première fois depuis Greg LeMond en 1991, un vainqueur sortant du Tour de France prendra part à "L'Enfer du Nord". Le défi qui attend Pogacar est sûrement le plus grand de sa jeune carrière. Le grimpeur d'1,76 m et 66 kg va devoir encaisser les pavés au moins aussi bien que des coureurs mieux taillés que lui. C'est simple, aucun coureur de moins de 70 kg n'a remporté la course depuis 2001 (Servais Knaven).
Au-delà de ses propres capacités physiques, Tadej Pogacar va devoir prendre sa revanche avec Mathieu van der Poel. Le double tenant du titre l'a déjà frustré en le battant sur Milan-San Remo, l'autre Monument après lequel court le Slovène, le 22 mars dernier.
Parce qu'il a déjà brillé sur les pavés
Tadej Pogacar ne découvrira pas les pavés le 13 avril. Le Slovène a remporté le Tour des Flandres en 2023, se permettant même de s'imposer en solitaire pour seulement sa deuxième participation. L'année précédente, il avait déjà terminé 4e pour sa découverte.
Surtout, il a déjà roulé sur une bonne partie des pavés propres au tracé de Paris-Roubaix. Il a même brillé dessus, sur le Tour de France 2022, dont la cinquième étape reliait Lille à Arenberg. Parti à l'attaque, Pogacar avait distancé tous les autres favoris au classement général pour terminer 7e, juste derrière l'échappée victorieuse.
Mauro Gianetti, le patron de l'équipe UAE, avait alors souligné que "ses années cyclo-cross lui permettent de s'adapter aux changements de terrain et d'être très habile sur son vélo". Le Slovène avait confié "aimer les pavés" tout en notant que sa performance avait été rendue possible par le fait que seulement 11 secteurs pavés figuraient sur le tracé. Il y en aura 30 cette fois.
Avant de tyranniser le peloton, "Pogi" avait déjà participé à deux éditions de Paris-Roubaix dans la catégorie juniors, sous un format raboté. En 2016, à 17 ans, il avait terminé à la 13e place à seulement 33 secondes du vainqueur.
Parce qu'il a l'équipe pour jouer les premiers rôles
S'il ne cesse d'impressionner par sa capacité à gagner tout seul et sur tous les terrains, Tadej Pogacar pratique un sport collectif. Dans des courses d'une importance aussi grande que Paris-Roubaix, être bien entouré est essentiel. L'équipe UAE, qui écrase une bonne partie des épreuves au calendrier depuis le début de la saison, a les moyens de dicter le rythme. "On risque d'assister à une course qui va être vraiment rendue difficile par la formation émiratie. Ce n'est que dans ces conditions-là que Pogacar pourra gagner", anticipe le consultant franceinfo: sport Yoann Offredo.
UAE compte dans son effectif deux anciens deuxièmes de "L'Enfer du Nord" : Nils Politt (2019) et Florian Vermeersch (2021). Les deux hommes sont de gros rouleurs et de bons guides sur ces pavés particulièrement inhospitaliers. Surtout, chutes et crevaisons sont légion.
Le champion du monde en titre aura besoin de pouvoir compter sur la présence d'un coéquipier à ses côtés dans les moments clés de la course, quelqu'un avec un gabarit assez proche - il mesure 1m76 - et une monture de rechange qui ne le handicape pas trop. L'expérimenté Tim Wellens (1,82 m) et le prometteur Antonio Morgado (1,80 m) présentent ce profil en plus d'avoir le niveau pour jouer les premiers rôles.
Parce qu'il joue systématiquement la gagne sur tous ses objectifs
La grande force de Tadej Pogacar est de ne jamais décevoir. Quand il se fixe des objectifs, il n'est jamais hors sujet. Depuis l'édition 2020 de Liège-Bastogne-Liège qu'il a bouclée à la 3e place, le coureur de 26 ans s'est aligné sur 14 Monuments. En dehors de la chute qui l'a mis hors course sur la "Doyenne des classiques" en 2023, il s'est toujours hissé dans le Top 5 (au total, sept victoires, 10 podiums).
"S'il gagne, tout le monde criera au génie. Et si par malheur il perd, s'il tombe, tout le monde dira que c'était une connerie."
Yoann Offredo, 14e de Paris-Roubaix en 2017à franceinfo: sport
S'il a échoué à remporter Milan-San Remo cette saison, c'est lui qui a décidé du scénario de la course en attaquant à plus de 20 kilomètres de l'arrivée dans la Cipressa. La pente n'était pas la plus facile pour créer des écarts et, ce jour-là, seul Mathieu van der Poel a été capable de ne pas quitter sa roue. Pogacar n'a jamais peur de tenter. "Il est sûr de ses billes, du fait qu'il veut jouer. S'il n'est pas dans le match [avec Mathieu van der Poel] sur le Tour des Flandres [une semaine plus tôt], il ne le sera pas non plus à Roubaix", avertit Yoann Offredo.