REPORTAGE. "Nous avons vraiment très peur du futur" : en Syrie, deux hommes tués dans la reprise des combats entre les milices druzes et les forces du gouvernement

Des hommes armés gardent le check-point de Bosra Al-Cham. Depuis le cessez-le-feu qui a mis fin aux combats entre clans bédouins et factions armées druzes, les forces de la sécurité générale ont été déployées. Les hommes occupent l'un des seuls points d'entrée vers Soueïda. Plus personne, ou presque, n'est autorisé à entrer. Même les journalistes sont tenus à l'écart. Un combattant invoque des raisons de sécurité. "Les druzes sont des hors-la-loi. Ils font n'importe quoi. Si vous entrez, ils vont vous cibler, c'est sûr !", affirme-t-il.

Une immense butte de terre barre la route. De l'autre côté, un "no man's land", puis la ville de Soueïda, barricadée depuis deux semaines. Une femme bédouine et son fils, déplacés, attendent là. Elle regarde en direction de ses terres. "On est sortis de Soueïda car il y avait les attaques, la guerre… Depuis on dort dans une école. Soueïda, pour nous, c'est fini. On ne peut plus y entrer. Et il n'y a plus aucun bédouin à l'intérieur", déplore-t-elle.

Une situation qui demeure critique

Sur les réseaux sociaux, la communauté druze accuse le gouvernement de vouloir limiter l'accès à l'information. À l'intérieur, la population manque de tout. Eau, nourriture, essence. Hind est journaliste et habite à Soueïda. "La situation générale est vraiment préoccupante, assure-t-elle. J'étais à l'hôpital un peu plus tôt et toutes les personnes avec qui j'ai parlé m'ont dit qu'il y avait de sérieuses pénuries de matériel médical."

Dimanche, les combats ont repris entre les forces du gouvernement et les milices druzes. Face à la crainte d'une nouvelle escalade, de nombreuses familles se préparent à quitter la ville. "Le problème, c'est l'essence. La plupart des habitants ne peuvent pas se rendre jusqu'au check-point car ils ne trouvent pas d'essence pour leur voiture. Quelques évacuations sont organisées par le Croissant rouge, mais avec une capacité limitée. Les gens qui veulent partir doivent souvent attendre plusieurs jours pour avoir une place".

Face à la reprise des combats, le corridor par lequel passaient jusqu'ici les convois d'aide humanitaire a fermé. "Nous avons vraiment très peur du futur, de ce qu'il va se passer ces prochains jours, s'inquiète Maxim Abou Diab, ancien volontaire pour le Croissant rouge et habitant de Soueïda. Cette fermeture pourrait nous mener vers un point de rupture et une réelle crise humanitaire." Depuis le début des combats il y a deux semaines, près de 225 000 personnes ont été directement affectées. 173 000 personnes d'entre elles, ont été déplacées.