C'est une coupe du monde des premières. Première fois que la compétition se déroulera dans trois pays différents, Etats-Unis, Canada, Mexique. Première fois aussi que 48 équipes y participeront. La Coupe du monde 2026 ratisse large et promet un peu d'exotisme car certains pays sont même qualifiés pour la première fois de leur histoire, comme la Jordanie, l'Ouzbekistan, le Cap Vert ou encore Curaçao, plus petite nation de l'histoire dans un mondial.
Pour Haïti, ce sera la deuxième participation après celle de 1974. Haïti, c'est la découverte du nouveau monde par Christophe Colomb en 1492, la première nation indépendante après une révolte d'esclaves en 1804. Une nation qui a aussi subi une occupation américaine entre 1915 et 1934. Participer à cette Coupe du monde aux Etats-Unis, la symbolique est donc forte. Elle l'est d'autant plus au regard de la situation du pays à ce jour.
Un entraîneur qui n'a pas foulé le sol haïtien
Haïti est en effet l'un des pays les plus pauvres du monde, l'un des plus dangereux aussi. Depuis l'assassinat du président Jovenel Moise, en 2021, le pays est livré à une terrible guerre des gangs. Conséquence : les Haïtiens ne peuvent pas jouer chez eux et ont donc dû s'exiler pour obtenir leur qualification, en allant d'ailleurs jouer des matchs au Curaçao notamment.
Une situation si particulière que l'entraîneur français des Grenadiers - surnom donné à l'équipe - Sebastien Migné, n'a pas encore pu poser un pied en Haïti depuis qu'il est à la tète de la sélection. Il a pu compter en revanche sur un réservoir de joueurs de talents, avec de nombreux binationaux évoluant aux quatre coins du monde, de la Grèce, à l'Iran, en passant par l'Angleterre ou la France. Des joueurs qui, pour chaque rassemblement, doivent encaisser le décalage horaire, s'entraîner à l'étranger sur des terrains synthétiques et faire avec les moyens limités d'un pays financièrement à l'agonie.
Presque pas de visas pour les Haïtiens
Il faut ajouter à cette situation chaotique le fait que les Haïtiens ne pourront pas compter sur tous leurs supporters lors de ce Mondial-2026. Haïti fait en effet partie, comme l'Iran, des 19 pays ciblés par un "travel ban" de l'administration Trump, c'est-à-dire, une interdiction de visa et de séjour aux Etats-Unis. Il n'y aura "aucune exception", a d'ailleurs prévenu la Maison Blanche ces derniers jours et "votre billet n'est pas un visa", a averti le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, loin de la promesse du président de la Fifa, Gianni Infantino, qui assurait que "tout le monde serait le bienvenu" pour cette coupe du monde.
En réalité, pour Haïti, seuls les joueurs, le staff et leurs familles devraient pouvoir obtenir un sésame en cas de matches sur le territoire américain. Les Grenadiers pourront toutefois compter sur une importante diaspora haïtienne présente aux Etats-Unis, mais aussi au Canada, pour espérer mettre autant d'ambiance qu'à Port-au-Prince.