Cela s'annonce comme le premier temps fort du prochain mondial de football. Le tirage au sort du Mondial 2026, doit se tenir vendredi 5 décembre à partir de 18heures, heure française, à Washington, avec Donald Trump en vedette phare. Un tirage au sort qui pourrait bien intéresser de nombreux Américains. Alors que le football américain, le basket ou le base-ball ont toujours paru indétrônables, voici que de plus en plus de monde au Etats-Unis se met au football, appelé "soccer".
C'est sur un double terrain de foot à cinq, au pied d'une station de métro aérien, que l'on rencontre Sincere, 20 ans, le premier arrivé ce soir-là, qui s'inquiète de son matériel. "Mes nouveaux crampons sont-ils adaptés ?", interroge-t-il. Ses chaussures ont l'air parfaites. "Je suis tombé amoureux du foot très récemment, au lycée", explique-t-il. Et de poursuivre : "Ici tout le monde choisit soit le basket, soit le base-ball, soit le football américain. Ce sont vraiment les sports les plus populaires aux Etats-Unis. Mais moi, j'aime bien me démarquer. Et de toute façon, je n'ai jamais vraiment accroché avec les sports américains."
Des terrains au pied du métro
Le jeune homme, né à Atlanta, suit de près désormais le club de Barcelone. Quand on l'interroge sur l'équipe qu'il soutiendra pour la Coupe du monde, il répond : "MBappé il joue pour quel pays, déjà ?" . Quand on lui explique que c'est pour la France, "alors je soutiendrai la France, lance-t-il, MBappé fait vraiment partie de ces athlètes hors du commun, que j'admire". Un engouement encore un peu neuf donc, mais de plus en plus visible. "Voyez vous-même, il a beau faire zéro degrés dehors, ils sont quand même une trentaine à être venus, donc j'imagine que tout le monde a envie de jouer au foot, sinon ils ne seraient pas là à grelotter", fait remarquer Marcel, l'organisateur de ce match amical.
Le bruit du train qui s'éloigne vers la banlieue Est se fait entendre, car le terrain de foot, construit il y a deux ans seulement, est collé au métro afin de le rendre le plus accessible possible. La formule s'appelle "soccer in the streets", comprenez "du foot dans les rues". Le prix : neuf dollars pour deux heures de jeu. Il s'agit là d'une participation au financement du programme qui offre ensuite des cours aux plus jeunes. Sur le terrain, Ryan est l'un des plus agiles. Il assure qu'il a "pas mal de ses copains qui se mettent au football dans la perspective de 2026 parce qu'ils veulent en être". Comme son parfait accent américain ne l'indique pas, Ryan est Indien et vit ici depuis dix ans.
Beaucoup de jeunes, comme lui, viennent d'ailleurs, d'ailleurs ce soir-là la langue la plus parlée sur le terrain est l'espagnol. "C'est ça le foot !, s'enthousiasme Ryan, ce n'est pas comme le football américain, qui est juste pour les Américains ! Le soccer, c'est le monde entier qui y joue ! En Afrique, jusqu'en Asie, c'est toute la planète !" Marcel, l'organisateur, lui, confie qu'Atlanta est très fière d'être l'une des onze villes hôtes américaines choisies pour accueillir la Coupe du monde. Huit matches vont en effet se tenir ici, dont une demi-finale dans le stade de 75 000 places inauguré il y a moins de dix ans.
En dix ans, "le jour et la nuit"
Autre fraîche soirée, sur un grand terrain multisport avec vue cette fois sur les gratte-ciel d'Atlanta. Là, une cinquantaine de filles sont à l'entraînement et il n'y a pas que des débutantes. Bella a commencé le foot à l'âge de 3 ans, dès qu'elle a su marcher. Elle en a 28 aujourd'hui, et elle a bien vu l'intérêt évoluer. Lors des matches de soccer qu'elle allait voir quand elle était enfant, les stades étaient vides, rappelle-t-elle, "personne ne venait !" Et maintenant : "C'est le jour et la nuit !".
"Le foot c'était vraiment une activité hors des sentiers battus tandis que, maintenant, c'est devenu central pour plein de gens."
Bella, 28 ansà franceinfo
Chris Wedge fait partie de ceux qui ont lancé ici le principal club d'Atlanta appelé "Sons of Pitches" que l'on peut traduire par "enfant des terrains". "Clairement, au début, il y a onze ans, on était que quelques dizaines, rappelle-t-il, aujourd'hui, entre les matches amicaux et la ligue, on a 5 000 joueurs actifs." Brigitt, elle, raconte que dans la petite ville du fin fond de l'Indiana où elle est née, le soccer n'était vraiment pas une option. Débutante il y a quatre ans encore, elle est aujourd'hui capitaine de son équipe. "Je crois que si le foot prend de l'ampleur ici, ça tient notamment à la présence de Messi dans le championnat américain, puis à la force du soccer féminin, bien sûr", analyse-t-elle.
Brigitte avait suivi de près la coupe du monde de foot féminin, en 2023, mettant son réveil à trois heures du matin pour ne rien rater des matches qui avaient lieu en Australie et en Nouvelle-Zélande. Cette fois, elle espère pouvoir aller au stade, mais s'inquiète tout de même du prix des billets. Chris, lui, se réjouit de voir la planète entière venir ici dans quelques mois. "Ça va nous sortir de notre zone de confort. On va pouvoir rencontrer des personnes de cultures différentes, et partager notre passion", croit-il. Et de conclure, en souriant : "s'ouvrir aux autres, c'est ce dont les Etats-Unis ont bien besoin en ce moment..."