"Les gens ont tellement de sang sur eux qu'on ne voit pas où est la blessure" : à Gaza, des hôpitaux débordés face aux nombreux blessés lors de distributions d'aide humanitaire

Au bord du chaos. Jeudi 26 juin, la Défense civile de Gaza a révisé à la hausse au fil de la journée le bilan des personnes tuées par des tirs israéliens dans différents secteurs du territoire palestinien, l'établissant à 65 morts. Sept d'entre eux ont notamment été tués alors qu'ils attendaient de recevoir de l'aide, a précisé la porte-parole de cette organisation de premiers secours. De son côté, l'armée israélienne a dit "examiner" des informations faisant état de blessés près d'un carrefour, où des gens s'étaient rassemblés.

D’après les chiffres des services de santé de Gaza, depuis l’ouverture des centres de distribution d’aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza, mise sur pied par Israël et les Etats-Unis le 27 avril, 450 personnes sont mortes et 3 500 ont été blessés à proximité des sites de distribution.

"C'est très chaotique..."

Une vidéo du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) montre l'intensité du phénomène. Au milieu des tentes blanches de l'hôpital de campagne du CICR, à Rafah, au sud de l'enclave, on voit un blessé arriver à l'arrière d'une vieille camionnette. Il a un trou dans le côté droit du dos.

Il fait partie d'une vague de 43 blessés, arrivés en une heure seulement, dimanche 22 juin, raconte Sarah Davis, chargée des relations publiques au Comité international de la Croix-Rouge, qui était alors sur place. "C'est très chaotique... Les gens pleurent. Il y a des familles qui ont appris que leurs proches avaient été tués. Des fois, il y a des enfants qui sont blessés", décrit-elle.

"Vous voyez des gens qui sont portés par leurs amis, des gens qui viennent en ambulance, des gens à l'arrière de charrettes tirées par des ânes..."

Sarah Davies, du CICR

à franceinfo

Des mares de sang

L'hôpital du CICR est à côté d'un des centres de distribution. Les employés doivent parfois se mettre à l'abri à cause des tirs à proximité. "Le personnel essaye d'évaluer les patients au mieux pour les orienter, mais c'est un moment de très forte tension. Ça a été vraiment non-stop, cette pression pour le personnel", précise par ailleurs Sarah Davies.

Le CICR assure avoir soigné plus de 2 000 victimes en un mois touchées à proximité du centre de distribution. "J'ai vu des patients avec des blessures à l'arme à feu dans le dos. J'en ai vu aussi sur les bras... Quand il y a ces vagues de blessés, il y a des gens qui ont tellement de sang sur eux qu'on ne peut pas voir où est la blessure et d'où vient le sang", décrit enfin la porte-parole. 

Pour faire face, l'hôpital a dû installer des lits de camp supplémentaires. En un mois, le CICR a compté vingt vagues de blessés avec parfois plus de 200 personnes.