« Ils nous ont abattus de sang-froid » : l’armée syrienne a assassiné au moins 46 Druzes, selon Amnesty

Des membres des forces gouvernementales syriennes et affiliées au gouvernement, portant des uniformes militaires et des forces de sécurité, certains arborant des insignes officiels, ont procédé à « des exécutions extrajudiciaires », rapporte Amnesty International. Dans une enquête, l’ONG révèle qu’au moins 46 Druzes ont ainsi été tués « de manière délibérée et illégale » le 15 et 16 juillet à Soueida, dans le sud de la Syrie.

Ces membres de ce groupe dont la religion est issue du chiisme ismaélien ont été exécutés « dans des habitations, une école, un hôpital et une salle de cérémonie, dans le gouvernorat de Soueïda », précise Amnesty. « Le gouvernement syrien doit amener les membres des forces de sécurité et des forces armées gouvernementales, ainsi que ceux des forces affiliées, à rendre des comptes », exige l’organisation.

À l’aide de plusieurs dizaines de vidéos et de photos, mais aussi de nombreux témoignages, l’ONG a pu prouver le meurtre de ces 46 personnes (44 hommes et deux femmes), mais aussi le « simulacre d’exécution de deux personnes âgées ».

« Ils nous ont abattus de sang-froid »

« Lorsque des membres des forces militaires ou de sécurité commettent un homicide délibéré et illégal, ou lorsque des forces affiliées le font avec la complicité ou l’approbation du gouvernement, il s’agit d’une exécution extrajudiciaire, un crime au regard du droit international », fustige Diana Semaan, chercheuse sur la Syrie à Amnesty International, exigeant l’ouverture d’une enquête indépendante.

Le Laboratoire de preuves du programme Réaction aux crises, l’équipe d’investigation numérique d’Amnesty International, fait également état d’enlèvements commis par des groupes armés druzes et des combattants de tribus bédouines entre le 17 et le 19 juillet, et dit enquêter sur ces informations.

Pour rappel, le 13 juillet, l’enlèvement d’un Druze par des Bédouins avait mis le feu aux poudres. Les deux communautés ont commencé à s’affronter avant que l’armée régulière syrienne n’entre dans Soueïda, la ville principale du pays druze, afin de « rétablir la stabilité » et impose un couvre-feu. Le même jour, Israël a mené des bombardements aériens contre des véhicules militaires syriens, tuant au moins 15 membres des forces gouvernementales.

Une femme a raconté à Amnesty International que ses deux frères et son neveu, ainsi que quatre hommes qui vivaient avec eux, avaient été exécutés le 16 juillet. Elle était persuadée qu’en tant que civils, ils seraient en sécurité. « Au lieu de cela, ils nous ont abattus de sang-froid », a-t-elle déclaré à l’ONG.

D’après son témoignage, trois hommes armés vêtus d’uniformes militaires beiges et portant des armes sont venus frapper à leur porte : « L’un d’eux a dit : “Ouvrez la porte, vous êtes en sécurité“. Mon frère a ouvert sur-le-champ… et les a fait entrer… Ils ont fouillé la maison. Ils ont emmené [tous] les hommes dans un bâtiment inachevé juste à côté… [Puis] j’ai entendu les coups de feu. »

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