Sud-Liban : Amnesty International demande l’ouverture d’une enquête pour crime de guerre contre l’armée israélienne
Presque un an après l’invasion du sud du Liban par l’armée israélienne, les terres libanaises offrent un paysage de dévastation, en souvenir de l’offensive terrestre. Le rapport d’Amnesty International, intitulé « Nulle part où retourner : destruction massive du sud du Liban par Israël », apporte les preuves de ces exactions.
Grâce à une analyse allant du 1er octobre 2024, début de l’attaque, à janvier 2025, l’ONG a pu établir les conséquences matérielles du déploiement des troupes israéliennes. « La destruction massive et délibérée de biens civils et de terres agricoles par l’armée israélienne dans le sud du Liban doit faire l’objet d’une enquête pour crimes de guerre », affirme l’association dans son communiqué.
Alors qu’un cessez-le-feu, annoncé le 27 novembre 2024, était censé mettre fin à deux mois d’assaut, l’armée de Benyamin Netanyahou a délibérément maintenu ses forces dans les secteurs frontaliers stratégiques. « Des zones entières ont été rendues inhabitables, d’innombrables vies ont été ruinées », déclare Erika Guevara Rosas, directrice générale de la recherche à Amnesty International. La plupart des destructions ont été commises après la mise en vigueur de l’accord, selon le rapport.
Plus de 10 000 structures civiles touchées
Après la vérification de 77 vidéos et photographies, ainsi que d’images satellites par l’ONG, le constat est dramatique : « Plus de 10 000 structures ont été fortement endommagées ou détruites durant cette période ». Parmi elles, principalement « des maisons, des mosquées, des cimetières, des routes, des parcs et des terrains de football situés dans 24 agglomérations », précise le compte rendu qui résume : « Les forces israéliennes ont utilisé des explosifs posés manuellement et des bulldozers pour détruire des structures civiles. » « De nombreux habitants du sud du Liban ont tout perdu », déplore Erika Guevara Rosas.
Pour l’armée israélienne, ces pertes relèvent de « raids localisés, limités et ciblés basés sur des renseignements précis, contre des cibles et des infrastructures terroristes du Hezbollah ». Or, l’étude de l’ONG révèle des dégâts massifs sur quasiment toute la longueur de la frontière sud avec Israël, longue de 120 kilomètres.
Surtout, avance l’association, « les images satellites montrent que les agglomérations de Yarin, Dhayra et Boustane, dans le district de Tyr, ont été les plus touchées, avec plus de 70 % de leurs bâtiments détruits au cours de la période examinée. Sept autres agglomérations ont vu plus de la moitié de leurs structures détruites ».
Aucune « nécessité militaire impérieuse »
En outre, « la destruction massive de biens civils dans le but d’empêcher une partie adverse de lancer des attaques à l’avenir ne répond pas au critère de nécessité militaire impérative prévue par le droit international humanitaire. Le fait qu’un bâtiment civil ait été utilisé auparavant par une partie au conflit ne fait pas automatiquement de lui un objectif militaire », rappelle Amnesty. Une fois de plus, Israël rompt avec le droit international, qui établit le principe de distinction entre les biens de caractère civil et les objectifs militaires.
Selon l’ONG, l’intentionnalité de ces actes ne fait d’ailleurs aucun doute. « Dans certaines vidéos des soldats se sont filmés en train de célébrer les destructions en chantant et en s’en réjouissant », détaille le rapport.
Face à l’ampleur de ces ravages, dont le coût a été estimé, par la Banque mondiale, à 14 milliards de dollars pour le Liban, Amnesty International demande l’ouverture d’une enquête pour crime de guerre à l’encontre de l’armée israélienne. L’ONG recommande également au gouvernement libanais « d’examiner toutes les voies juridiques possibles » pour demander réparation auprès de son voisin.
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