Ce que l'on sait des quatre otages dont les corps ont été rendus par le Hamas à Israël, dont le Franco-Israélien Ohad Yahalomi

C'est le dernier échange prévu dans le cadre de la première phase de la trêve dans la bande de Gaza, dont la poursuite reste incertaine. Les corps de quatre otages israéliens ont été remis par le Hamas, dans la nuit du mercredi 26 au jeudi 27 février, aux équipes de la Croix-Rouge internationale puis à Israël. Cette restitution s'est accompagnée de la libération de plus de 600 prisonniers palestiniens, "tous des femmes et des mineurs de Gaza" arrêtés après le 7-Octobre selon le Club des prisonniers, l'ONG palestinienne en charge du dossier.

Les corps remis par le mouvement islamiste palestinien sont ceux de l'otage franco-israélien Ohad Yahalomi, du Dano-Israélien Itzik Elgarat, et des Israéliens Tsachi Idan et Shlomo Mansour, a confirmé le Forum des otages et des familles de disparus dans un communiqué. Ce dernier a été tué lors de l'attaque du 7-Octobre avant que son cadavre soit emmené dans la bande de Gaza, tandis que les trois autres "ont été assassinés pendant leur captivité", a affirmé le bureau du Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou jeudi, "sur la base des renseignements et des informations en notre possession". Voici ce que l'on sait de ces quatre hommes.

Ohad Yahalomi, dernier otage franco-israélien

Bat Sheva Yahalomi avec une photo de son mari, Ohad Yahalomi, le 20 septembre 2024 à Haogen (Israël). (SHARON ARONOWICZ / AFP)

Détenteur de la double nationalité franco-israélienne, Ohad Yahalomi avait 49 ans quand il a été enlevé lors des attaques du 7-Octobre. Ce "sportif et voyageur passionné", selon le kibboutz Nir Oz où il résidait, était un passionné de nature et grand connaisseur du désert, qui avait travaillé comme instructeur et garde forestier, et était l'auteur d'un guide sur les scorpions. Il était père de trois enfants, dont Eitan, 13 ans, libéré le 27 novembre 2023 après 52 jours de captivité.

Lors de l'attaque du 7-Octobre, ce père de famille avait mis sa femme et ses enfants "à l'abri" et avait pris par à "une fusillade avec les terroristes du Hamas", raconte le Forum des otages dans son communiqué. "Après deux heures de cris en arabe et des coups de feu, mon mari a décidé de sortir de la chambre [sécurisée] pour fermer la porte. (...) Les terroristes sont entrés dans la maison et ont tiré sur Ohad", relatait son épouse, Bat-Sheva Yahalomi, sur France 2 en octobre dernier. Cette dernière avait alors été emmenée par les assaillants, avec les trois enfants du couple. "On a vu Ohad par terre, il était blessé. Il nous a dit de partir avec eux. C'est la dernière fois que j'ai vu Ohad".

Emmenées sur un deux-roues en direction de la bande de Gaza, la mère de famille et ses deux filles étaient parvenues à s'enfuir, tandis que son fils, Eitan, sur un autre véhicule, restait captif de ses ravisseurs. Les trois femmes ont "couru, en pyjama et en tongs, pendant plus de trois heures", parvenant à regagner le kibboutz, rapporte alors le Times of Israel, se basant sur le récit de Bat-Sheva Yahalomi. "Nous pensions qu'Ohad serait là, mais ce n'était pas le cas". Si un groupe allié du Hamas avait annoncé en janvier 2024 la mort du père de famille, sa famille avait encore l'espoir de le retrouver vivant.

"Je partage la douleur immense de sa famille et de ses proches", a réagi Emmanuel Macron sur X. "La France a perdu cinquante de ses enfants dans l'infamie du 7 octobre. La barbarie du Hamas doit prendre fin", a exhorté le président. Le ministre des Affaires étrangères français s'est quant à lui dit "bouleversé" par la mort d'Ohad Yahalomi, "victime de la barbarie ignoble du Hamas". "A sa femme Batsheva, à ses enfants Eitan, Yaël et Liel, et à tous ses proches, j'adresse mes condoléances les plus émues", écrit Jean-Noël Barrot sur X. Depuis la libération d'Ofer Kalderon, le 1er février, Ohad Yahalomi était le dernier Français encore détenu dans la bande de Gaza.

Itzik Elgarat, israélo-danois dont le frère est une figure du mouvement pour la libération des otages

L'Israélo-Danois Itzik Elgarat sur une photo non datée transmise par sa famille au Forum des otages. (SIPA)

Itzhak Elgarat, plus connu sous le diminutif Itzik, vivait également à Nir Oz, où il occupait le poste de superviseur de l'entretien du kibboutz. Le 7-Octobre, cet Israélo-Danois avait été blessé à la main avant d'être capturé, selon son frère, Daniel Elgarat, avec lequel il était au téléphone quand il a été enlevé. "La terrible nouvelle est arrivée, ton nom figure sur la liste, tu ne reviendras pas de cette captivité sadique, sacrifié sur l'autel politique", a écrit sur X cette figure du mouvement pour la libération des otages, critique véhément du Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou.

Itzik Elgarat, âgé de 68 ans lors de son enlèvement, avait vécu douze ans au Danemark, où habitent ses deux enfants. "C'était un homme de paix, de rire et de courage, dont la vie a été brutalement ôtée par le Hamas", a écrit sur X David Akov, l'ambassadeur danois en Israël. "Il était un grand voyageur, un passionné de la nature et un fervent supporter de football du Maccabi Tel Aviv", rapporte de son côté le Forum des otages et des familles.

Tsachi Idan, ingénieur dont la fille avait été tuée le 7-Octobre

Tsachi Idan, otage israélien dont le corps a été remis par le Hamas à Israël, le 27 février 2025. (SIPA)

Tsachi Idan a été emmené à Gaza par le Hamas les mains recouvertes du sang de sa fille Maayan, 18 ans, abattue sous ses yeux. Le matin du 7-Octobre, l'ingénieur-développeur, qui vivait au kibboutz de Nahal Oz, s'était réfugié avec son épouse Gali Idan et trois de leurs enfants (leur autre fille, Sharon, était absente au moment de l'attaque) dans leur pièce sécurisée. Tsachi et Maayan Idan tentaient de fermée la porte de ce local quand un assaillant a ouvert le feu, blessant mortellement la jeune femme, avait relaté sa mère à la BBC.

Après une demi-heure durant laquelle les assaillants palestiniens ont filmé la famille et diffusé la vidéo en direct sur Facebook, ceux-ci ont emmené Tsachi Idan, laissant derrière eux les deux enfants survivants et son épouse, explique Gali Idan. "Je t'aime, ne joue pas au héros, sois intelligent. Prends soin de toi et reviens-moi en un seul morceau", lui avait-elle alors lancé son épouse. "Il reviendra", avaient lancé les ravisseurs, selon le récit fait par la famille sur une chaîne israélienne, cité par le Times of Israel. Jusqu'au retour de sa dépouille en Israël, Tsachi Idan était présumé vivant.

Shlomo Mansour, fondateur d'un kibboutz et plus âgé des otages

Shlomo Mansour, dont le corps a été remis aux autorités israéliennes par le Hamas, le 27 février 2025. (SIPA)

Né en Irak, Shlomo Mansour résidait dans le kibboutz Kissoufim, qu'il avait contribué à créer à l'âge de 16 ans après avoir immigré en Israël en 1951 depuis l'Irak. Père de cinq enfants et grand-père de douze petits-enfants, selon le Forum des otages et des familles, cet homme de 85 ans a travaillé tout au long de sa vie dans divers domaines, notamment en tant que gérant d'une entreprise d'élevage de poulets.

Shlomo Mansour était le plus âgé des otages enlevés par le Hamas. Enlevée avec lui le 7-Octobre, sa femme Mazal avait réussi à s'échapper, rapporte le Forum des otages. Le 11 février, les autorités israéliennes avaient annoncé qu'il avait été tué le jour même de l'attaque, mais que son corps restait retenu dans la bande de Gaza. Au lendemain de cette annonce, sa belle-fille, Chana, avait expliqué à la radio publique Kan Bet qu'elle et sa famille espéraient encore "qu'il serait libéré", rapporte le journal Haaretz. "Nous pensions également que le fait qu'il parlait arabe serait un avantage pour lui en captivité, et que le fait qu'il soit une personne âgée les inciterait à le respecter", avait confié sa sœur Hadassah Lazar à ce même journal, le 17 février.