Épisodes de canicule : le travail des femmes est aussi fortement impacté mais dans l’angle mort de la prévention

« Plus de 90 % des bâtiments des écoles ne sont pas adaptés aux fortes chaleurs. Alors que ces épisodes climatiques sont de plus en plus fréquents, nous avons encore complètement dû improviser pour nous faire à ces jours de canicule. Dès 7 h 15, j’étais dans l’école pour aérer, aménager la cour avec des jeux d’eau que nous avons achetés avec l’argent de la coopérative et je n’ai pas arrêté jusqu’au soir. Ces journées ont été éprouvantes pour l’ensemble du personnel (enseignants et enseignantes, Atsem…), tant physiquement que psychiquement. Nous n’étions pas seulement épuisés par la chaleur, mais aussi par la vigilance accrue dont nous avons dû faire preuve pour protéger les enfants. On oublie, en effet, trop souvent que les élèves de maternelle font partie des publics vulnérables », raconte Marie-Hélène Plard, cosecrétaire départementale de la FSU-SNUipp 93.

Les corps des femmes et des hommes ne réagissent pas de la même manière à la chaleur

Le témoignage de la syndicaliste, directrice d’école maternelle, illustre bien l’impact du changement climatique sur les conditions de travail dans les métiers du care, à prédominance féminine. Nombre de bâtiments publics ne sont, en effet, pas adaptés à la forte chaleur et ne bénéficient pas de climatisation. « Les vagues de chaleur augmentent la vulnérabilité des publics fragiles. Les personnels qui sont relation avec eux, en grande majorité des femmes, doivent alors faire face à une surcharge de travail et faire preuve d’une plus grande vigilance. Par exemple, dans les Ehpad, des tournées d’hydratation sont réalisées car, avec l’âge, la sensation de soif disparaît », explique Florence Chappert, responsable du programme « Genre et conditions de travail » à l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact). « La chaleur augmente aussi les tensions de la part des bénéficiaires. »

Si les périodes de forte chaleur font courir des risques graves, voire mortels, aux travailleurs, en majorité des hommes, qui exercent à l’extérieur (bâtiments, travaux publics, espaces verts, agriculture…), les réflexions sur l’impact du changement climatique sur les métiers à prédominance féminine et leurs conditions de travail sont absentes. Les corps des femmes et des hommes ne réagissent pourtant pas de la même manière à la chaleur. « En ambiance chaude, en moyenne, les femmes transpirent moins, le déclenchement sudoral est plus lent et les températures centrales et cutanées plus élevées », pouvait-on lire dans le numéro de juin 2020 de la revue « Hygiène et sécurité » publiée par l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS).

Cette problématique est encore accentuée à la ménopause avec les bouffées de chaleur qui touchent la majorité des femmes. Autre problème, les solutions d’adaptation à la chaleur qui passent par des modifications d’horaires sont compliquées à mettre en place pour les femmes. En effet, celles-ci restent très largement en charge des enfants et commencer très tôt le matin, par exemple, est incompatible avec le rythme de ceux-ci.

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