Les députés se sont prononcés à 255 voix pour et 146 contre. Exigée par les socialistes pour ne pas censurer le gouvernement de Sébastien Lecornu, la suspension de la réforme des retraites a été adoptée par les députés, mercredi 12 novembre, en première lecture à l'Assemblée nationale.
L'article suspend jusqu'à janvier 2028 la marche en avant vers les 64 ans, tout comme le relèvement du nombre de trimestres à cotiser. La génération née en 1964 partirait à 62 ans et 9 mois (comme la précédente) au lieu des 63 ans prévus par la réforme. Et partirait avec 170 trimestres cotisés au lieu de 171. Sauf nouvelle réforme, l'application de la réforme Borne reprendrait ensuite, avec un trimestre de décalage.
Le gouvernement a aussi étendu par amendement le périmètre, pour inclure notamment les carrières longues, même si plusieurs députés ont demandé au gouvernement de confirmer combien de personnes en bénéficieraient. La concession ferait en tout cas passer le coût estimé de la mesure à 300 millions d'euros en 2026 et 1,9 milliard en 2027, selon l'exécutif.
"On a besoin de stabilité dans ce pays", a invoqué Jean-Pierre Farandou, ministre du Travail. Le secrétaire général du parti Renaissance, Gabriel Attal, estime lui que le débat "appartient déjà au passé (...) c'est le système qu'il faut changer". "Cette suspension de la réforme des retraites est une capitulation", a pour sa part critiqué le président du parti Les Républicains, Bruno Retailleau, qui critique une "décision irresponsable, prise sous le diktat du PS avec la complicité du RN".
"PS-RN-EELV viennent de voter pour l'application pleine et entière pour l'ensemble des générations à partir de 1969 de la réforme Borne", a de son côté attaqué le député insoumis Paul Vannier sur X. La présidente du groupe La France insoumise, Mathilde Panot, avait dénoncé un peu plus tôt "une arnaque" concernant cette mesure, qu'elle nomme "un décalage" et non "une suspension". "C'est un décalage de trois mois et rien d'autre, payé par les assurés sociaux et les retraités. Il y a bien une entourloupe", a abondé le président du groupe PCF, Stéphane Peu.