À peine présenté, Edgar Grospiron est au pied d’une montagne d’incertitudes pour les JO d’hiver de 2030
« Le candidat idéal, c’est celui qui va réussir à rassembler tout le monde. Il y a eu un début chaotique. J’ai soutenu Martin Fourcade puisque je pense qu’il avait de vraies idées sur l’olympisme. Je pense que c’était quelqu’un de bien, qui avait les épaules pour ça », a expliqué Luc Alphand, l’ancienne star de la descente.
Mais voilà, Martin Fourcade, sextuple champion olympique de biathlon, a tiré sa révérence. À moins de cinq ans de la cérémonie d’ouverture (1er février 2030), c’est finalement Edgar Grospiron, champion olympique de ski de bosses en 1992, à Albertville, qui prend les rênes des jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver 2030. Une lourde tâche, car le temps presse pour le Haut-Savoyard, qui s’est installé mardi dans les bureaux du comité, au Groupama Stadium de Lyon, à Décines.
La question écologique pas assez traitée pour Fourcade
De lourdes tâches que Martin Fourcade a finalement refusées, car elles n’étaient pas en adéquation avec ses convictions. « Les désaccords restent trop nombreux pour pouvoir envisager sereinement cette mission. Le mode de gouvernance, la vision, l’ancrage territorial : nous n’avons pas réussi à nous retrouver sur ces sujets fondateurs », a-t-il écrit au comité.
Pour le Pyrénéen, les JO d’hiver ont un modèle à revoir de fond en comble et il voulait apporter un peu de sang neuf dans tout cela. C’est notamment au niveau de l’écologie qu’il s’est heurté à des fins de non-recevoir. Alors que la montagne est touchée de plein fouet par le dérèglement climatique, rien n’est assuré d’ici à 2030 pour rendre ces JO vertueux.
Certes, les infrastructures d’accueil sont là, les pistes aussi, mais y aura-t-il de la neige ? Faudra-t-il en créer, en importer pour boucher les trous ? Les prévisions ne tendent pas à l’optimisme, au point qu’au Comité international olympique (CIO), on pense à l’avenir à n’accueillir les JO d’hiver que dans quelques endroits moins impactés.
Grospiron, un profil plus compatible pour les présidents de région
Quid encore des transports ? Train, voiture ? Quelles infrastructures routières et autoroutières à aménager ? Combien de vols devront atterrir sur Genève, Marseille, Nice, Lyon pour accueillir les supporters venus du monde entier, tout en sachant que le bilan carbone à respecter par le CIO ne tient pas compte de tout ce qui concerne l’aérien.
Quid encore du matériel, du fartage des skis, très impactant et ce même si des efforts sont dorénavant consentis ? Face à toutes ces interrogations, Martin Fourcade, bien que soutenu par Emmanuel Macron, s’est heurté à la volonté des deux présidents de région, Renaud Muselier, président (Renaissance) du conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur, et Laurent Wauquiez, président (LR) du conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes.
Ainsi, Edgar Grospiron, très proche de Bernard Accoyer (LR), puisqu’il fut sur sa liste en 2008 pour les municipales à Annecy-le-Vieux, mais a aussi travaillé avec lui lors de la candidature ratée d’Annecy pour 2018, a sans doute le profil idoine.
Marge de manœuvre réduite
Reste à remplir toutes les cases et notamment respecter un budget qui ne devra surtout pas dépasser les 2 milliards d’euros, dixit Renaud Muselier. Pas question de revivre un Sotchi, avec son coût total de 37 milliards d’euros !
Or, selon les dernières estimations, celui-ci pourrait tout de même atteindre les trois milliards. Un rapport confidentiel de l’inspection générale des finances prédit même 900 millions d’euros à couvrir par les collectivités publiques, soit le double de ce qui a été prévu. Certes, si l’État est partie prenante à hauteur de 500 millions exigés par le CIO, en cas de déficit, reste à tenir un équilibre budgétaire pas si évident.
Celui-ci repose entre autres sur le financement privé (recettes, sponsoring, mécénat), la contribution du CIO… mais sera-ce suffisant ? « Quand on fait 1,3 milliard d’euros de billetterie aux JO d’été, on va faire plutôt 230 millions d’euros aux Jeux d’hiver », rappelle David Lappartient, président du CNOSF. Or, dans un contexte économique difficile, les partenaires privés ne se bousculent pas au portillon comme cela a été le cas pour Paris 2024. La marge de manœuvre des Alpes françaises 2030 est donc réduite.
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