Edgar Grospiron, des bosses au sommet des Alpes françaises 2030

Le clin d’œil du destin est suffisamment fort pour être relevé. Trente-trois ans jour pour jour après avoir été sacré champion olympique en ski de bosses aux Jeux d’Albertville en 1992, Edgar Grospiron a été choisi, jeudi 13 février, pour prendre la présidence du comité d’organisation des JOP d’hiver des Alpes françaises 2030.

Après des mois de désaccords et de rebondissements, et surtout dix jours après le retrait retentissant du quintuple médaillé d’or olympique de biathlon Martin Fourcade, l’ancien skieur de la Clusaz, âgé aujourd’hui de 55 ans, sera proposé mardi 18 février pour prendre la tête du Cojop qui sera lancé le jour même à Lyon.

L’unanimité face à 5 concurrents

Le « G5 », qui regroupe les parties prenantes de ces JO d’hiver (ministère des Sports, comités olympiques et paralympiques, représentants des deux régions Auvergne Rhône Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur), a donc mis fin au feuilleton qui commençait à faire mauvaise impression d’autant que le Comité international olympique (CIO) montrait des signes d’impatience. L’ancien chef du gouvernement Michel Barnier, dans le cadre de la mission qui lui a été confiée par le Premier Ministre, a également pris part à la décision, a précisé le ministère des Sports.

À l’issue d’une campagne expresse de moins de dix jours, l’ex-triple champion du monde de bosses (1989, 1991 et 1995) et médaillé de bronze aux Jeux de Lillehammer (Norvège) en 1994 a donc convaincu les décideurs des JO 2030, enfin parvenus à se mettre d’accord. Une décision dictée par l’urgence à quelques jours du lancement du Cojop après le renoncement de Martin Fourcade, qui a notamment expliqué qu’il ne pouvait « (se) résoudre à sacrifier (ses) convictions ». L’ex-président de la région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez ne voulait pas de Martin Fourcade, selon plusieurs sources, alors que le biathlète avait notamment les faveurs de l’Élysée et du mouvement sportif.

Face à cinq concurrents (les anciens sportifs Marie Martinod, Vincent Jay, Nathalie Péchalat, Jean-Luc Crétier, ainsi que l’ex-journaliste Gérard Holtz), Edgar Grospiron, qui jouit d’un fort capital sympathie, a fait l’unanimité. Jeudi, après avoir examiné les candidatures, les membres du « G5 » ont procédé à une rapide audition d’une « short list », selon une source proche des négociations. « Il y avait apparemment unanimité sur le profil depuis plusieurs jours, et sur le nom. Surtout, ils n’avaient plus vraiment le temps… », souligne une source au sein du mouvement olympique français, ajoutant qu’il « est, aussi, proche du CIO, et cela a sans doute joué. »

Une revanche après l’échec d’Annecy 2018

C’est une belle revanche pour Edgar Grospiron, éphémère directeur général de la candidature d’Annecy à l’organisation des Jeux d’hiver 2018, qui s’était soldée par un échec cuisant. « L’État sera à ses côtés pour le soutenir et préparer ce rendez-vous », a assuré la ministre des Sports, Marie Barsacq, ex-membre du comité d’organisation des JO de Paris.

Après être entré dans la légende en devenant à domicile, sous les flocons de Tignes, le premier champion olympique du ski de bosses, discipline qui venait de faire son entrée au programme de Jeux d’hiver, Edgard Grospiron a l’occasion d’entrer un peu plus dans l’histoire du sport français. Personnage haut en couleur, devenu conférencier, l’ancien « bosseur » va devoir faire preuve d’un fin sens politique pour composer avec les obstacles qui ne manqueront pas de se mettre en travers de sa route d’ici à 2030.

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