Baromètre du sport féminin : 54 % des Français déclarent suivre les compétitions féminines

Un avant et un après. Six mois après les jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, le sport dit féminin, parent pauvre en termes de médiatisation et de développement économique, connaît un intérêt croissant auprès des Français. C’est ce que révèle le deuxième baromètre du sport féminin : « Perception des rôles modèles du sport féminin français – L’impact de Paris 2024 ? » publié fin janvier.

Réalisée par OpinionWay pour Sporsora, une association interprofessionnelle du sport, en partenariat avec la Française des jeux (FDJ), cette étude confirme ce que l’on pressentait mais la dynamique reste fragile et la mobilisation de mise pour l’installer dans la durée.

Avec plus d’un Français sur deux (54 %) qui déclare suivre des compétitions féminines, un chiffre grimpant jusqu’à 72 % parmi les amateurs de sport, l’intérêt pour le sport féminin croît de 7 points en seulement 9 mois. On peut donc parler d’« effet JOP » et cette tendance s’ancre durablement dans les habitudes de nos concitoyens puisque 52 % des Français déclarent vouloir suivre un événement sportif féminin en 2025, un chiffre qui monte à 65 % chez les hommes et à 66 % chez les jeunes de 18 à 24 ans.

Laure Manaudou, la sportive la plus connue des Français

Des chiffres qui pourraient même continuer à croître en raison de la richesse du calendrier des épreuves féminines majeures en 2025 avec pas moins de cinq événements qui devraient bénéficier d’une couverture médiatique conséquente : Euro de Basket (juin 2025), Euro de football (juillet), Tour de France Femmes (juillet), Coupe du monde de Rugby (août/septembre) et Championnats du monde de Handball (novembre/décembre).

Il n’est un secret pour personne que les Gesi (Grands événements sportifs internationaux) joue un rôle majeur dans la visibilité du sport féminin qui est corrélée aux résultats. À ce sujet, le dernier rapport de l’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique), rendu le 24 janvier, sur la médiatisation du sport au féminin durant les JOP, permet de mieux expliquer l’intérêt croissant des Français pour les sportives. Au cours des jeux Olympiques et Paralympiques, 37 % des retransmissions concernaient des sportives (23 médailles) contre 56 % pour les sportifs (40 médailles) et 7 % (1 médaille) pour les épreuves mixtes. Une forte progression puisque la médiatisation du sport féminin était de 4,8 % entre 2018 et 2021.

Malgré des Jeux paritaires et nombre de médailles, les sportives les plus connues des Français restent d’ex-championnes comme Laure Manaudou (78 % des Français connaissent au moins son nom), la triple championne olympique d’athlétisme Marie-José Pérec (72 %), et la joueuse de tennis Amélie Mauresmo (69 %) loin devant trois médaillées d’or pourtant très médiatisées cet été : la vététiste Pauline Ferrand-Prévot (25 %), la triathlète Cassandre Beaugrand (14 %) et l’escrimeuse Manon Apithy-Brunet (13 %).

« Il y a un véritable enjeu à faire émerger des athlètes en activité car elles sont ancrées dans la réalité du moment, souligne la paracycliste Marie Patouillet (9 %, + 6 pts). Les sportives ce sont, certes, des médailles mais ce sont des parcours de vie, des combats, des valeurs auxquelles chacune et chacun peuvent s’identifier. Encore faut-il leur donner l’opportunité de s’exprimer. »

Les sportives ont un rôle de modèle à jouer pour les jeunes filles

Des arguments que le baromètre confirme car parmi les personnes interrogées, les femmes attachent plus d’importance aux qualités humaines et aux valeurs incarnées par les sportives. À l’instar de l’ensemble de la population, elles sont convaincues que les sportives ont un rôle à jouer pour donner envie aux jeunes filles de faire du sport (89 %) et plus largement à toutes et à tous (77 %). Elles sont davantage conscientes que les hommes du pouvoir des sportives à œuvrer pour une société plus paritaire (85 % contre 80 % pour les hommes).

« Je fais partie d’une génération qui, grâce aux réseaux sociaux, a pu se créer son propre espace d’expression. Aujourd’hui, je cherche à faire du judo, à gagner des combats et à parler d’autres combats qui me tiennent à cœur, ceux d’une femme au-delà de la sportive », indique la judokate Romane Dicko, médaillée de bronze en individuel l’été dernier.

Cependant, le principal frein au développement du sport féminin, reste son modèle économique. Une précédente étude Sporsora x OpinionWay révèle que 7 Français sur 10 estiment que les sponsors devraient apporter un accompagnement ou un soutien financier au sport féminin.

Le problème : les grands partenaires du sport français, s’ils disent avoir pris conscience du potentiel du sport féminin, orientent principalement leur stratégie marketing vers le football à l’image de la FDJ, devenue en 2024, partenaire des équipes féminines du PSG et de l’OM, ou la nouvelle dénomination du championnat de D1 avec l’Arkema Première Ligue en football.

Avant de partir, une dernière chose…

Contrairement à 90% des médias français aujourd’hui, l’Humanité ne dépend ni de grands groupes ni de milliardaires. Cela signifie que :

  • nous vous apportons des informations impartiales, sans compromis. Mais aussi que
  • nous n’avons pas les moyens financiers dont bénéficient les autres médias.

L’information indépendante et de qualité a un coût. Payez-le.
Je veux en savoir plus