Parité : en France moins de 1% des infrastructures sportives portent des noms de femmes
Le chemin vers la parité dans le sport est encore long. Alors que les JO de Paris 2024 ont été le premiers Jeux paritaires, il suffit de se promener dans l’Hexagone pour se rendre compte que rares sont les gymnases ou les stades portant des noms de femmes.
D’après une étude de l’association Egal Sport de 2018, la seule réalisée à ce jour au niveau national, un peu plus de 10% des équipements portent le nom d’une personnalité, et neuf fois sur dix, il s’agit de celui d’un homme. En d’autres termes, moins de 1% des infrastructures sportives en France portent le nom d’une athlète ou d’une personnalité féminine
Les sportives sont encore plus exclues puisque Egal Sport n’a recensé que 181 installations ayant le nom d’une athlète, soit 0,17% des équipements sportifs. C’est Colette Besson, championne olympique du 400 mètres aux JO 1968 de Mexico qui arrive largement en tête (43 installations). Plus récemment, en avril 2022, une autre étude, menée cette fois par le Conseil National des Villes Actives et Sportives (CNVAS) auprès de 202 communes, a confirmé cette situation en révélant que seules 0,74 % des infrastructures sportives portaient le nom d’une sportive.
« Ce qui n’existe pas dans l’espace public n’offre pas de représentation permettant de s’identifier»
Mais depuis les choses commencent un peu à bouger. Grâce au programme « Sport et Parité » lancé il y a deux ans par Paris 2024 à travers son label « Terre de Jeux 2024 », plus d’une centaine de collectivités à travers la France se sont engagées à donner le nom d’une femme à leurs équipements sportifs.
L’idée du dispositif est simple : inviter les collectivités à baptiser leurs infrastructures, neuves ou sans dénomination, du patronyme d’une personnalité féminine idéalement liée à leur territoire, qu’elle soit issue ou non du monde sportif.
Peu à peu, des noms de championnes commencent à fleurir sur les frontons des installations. Récemment le nouveau gymnase de Chilly-Mazarin (Essonne) a été baptisé du nom d’Alice-Milliat, pionnière du sport féminin, à l’origine des premiers JO féminins à Paris en 1922. Idem à Romainville (Saint-Saint-Denis), pour un complexe multisports livré il y a peu ou une piscine à Pantin.
Au Mans, après s’être longtemps appelé la MMArena en raison d’un contrat de naming, l’enceinte de football a été nommée stade Marie-Marvingt, une aviatrice, cycliste, nageuse qui traversa Paris à la nage en 1906 et participa au Tour de France contre l’avis des organisateurs. Une piscine parisienne porte également le nom de cette femme intrépide surnommée « la fiancée du danger ».
« Ce qui n’existe pas dans l’espace public n’offre pas de représentation et donc ne permet pas aux jeunes générations de pouvoir s’identifier à des personnalités, souligne l’ex-escrimeuse Astrid Guyart, secrétaire générale du Comité national olympique et sportif français et ambassadrice du label Terre de Jeux 2024. Donner des noms de femmes à des installations permet aussi à des communes de montrer en exemple aux jeunes générations des parcours incroyables de femmes devenues des championnes grâce à des clubs et des éducateurs. »
Car, on le sait, le rapport à l’activité physique se définit entre 6 et 11 ans. A cette période d’âge, 69% des filles pratiquent un sport. Elles ne sont déjà plus que 53% à en faire entre 12 et 17 ans…
Le choix d’un nom n’est jamais neutre. C’est par exemple le cas de la ville de Bourges qui, après rénovation, a nommé en 2023 sa patinoire Sarah Abitbol, du nom de la championne de patinage artistique qui a brisé le silence en 2020 en révélant avoir été violée par son entraîneur durant son adolescence.
90 % des installations sportives restent à nommer
A Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis), la commune a baptisé l’an dernier un terrain de football au nom de Marianne-Mako, première journaliste à la télé française dans une émission de football (Téléfoot), native de la ville et décédée en 2018.
« Notre étude a fait prendre conscience que les femmes et encore plus les sportives étaient invisibilisées. Depuis, il y a une vraie volonté de leur donner de la visibilité à travers des noms de sportives contemporaines qui inspirent les nouvelles générations », se réjouie Patricia Costantini, cofondatrice de l’association Egal Sport.
Car le potentiel est énorme étant donné que 90% des structures sportives restent à nommer. Pour ce faire, l’Andes (Association nationale des élus en charge du sport), partie prenante du programme « Sport et Parité », agit en ce sens pour que les collectivités, propriétaires de 90 % de ces installations, prennent ce virage.
« On milite afin que de plus en plus de collectivités prennent des délibérations en conseil municipal pour donner des noms de femmes aux équipements sportifs, explique Catherine Léonidas, vice-présidente de l’Andes, et première adjointe ainsi qu’adjointe au sport et au nautisme de la ville de La Rochelle. Il y a un retard énorme à combler mais les installations sportives ne sont pas les seules, les écoles aussi sont très largement concernées. »
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