Fast fashion : Shein écope d’une amende record de 40 millions d’euros pour « pratiques commerciale trompeuses »

Le gouvernement sévit une fois de plus contre Shein. L’entreprise de mode éphémère s’est vue infliger une amende de 40 millions d’euros pour « pratiques commerciales trompeuses » après une enquête de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), a annoncé la branche relevant du ministère de l’Économie, ce jeudi 3 juillet.

L’enquête de la répression des fraudes révèle notamment « la mise en œuvre » par la société Infinite Style E-commerce LTD (ISEL), responsable des ventes des produits de Shein, de « pratiques commerciales trompeuses à l’égard des consommateurs sur la réalité des réductions de prix accordées », écrit la direction dans un communiqué.

L’amende a été prononcée avec « l’accord de la procureure de la République de Paris » et « à l’issue d’une procédure de transaction », soulève la DGCCRF, ajoutant que l’entreprise de fast-fashion n’a pas objecté à sa sanction. C’est une amende record pour ce type d’infraction.

Promotions mensongères

Qu’est-il reproché à Shein ? Principalement de majorer « certains prix avant de leur appliquer une réduction », ou de ne pas avoir tenu compte « des promotions précédentes » lorsqu’il indiquait un prix de référence.

L’enquête de la DGCCRF pointe que dans 57 % des cas, les annonces vérifiées n’offraient en réalité « aucune baisse de prix ». Dans 19 % des cas elles présentaient « une baisse moins importante qu’annoncée » et dans 11 % les promotions étaient en fait « des augmentations de prix ». « Ces pratiques de profusion de prix barrés et de promotions permanentes donnent ainsi au consommateur l’impression de réaliser de très bonnes affaires », déclare la DGCCRF.

Lors de son enquête, la répression des fraudes explique avoir relevé sur le site internet de Shein « les prix de plusieurs milliers de produits (prix de vente, prix barrés et pourcentage de réduction) » entre octobre 2022 et août 2023. En plus de promotions mensongères, l’organisme s’est aussi concentré sur les pratiques commerciales trompeuses concernant « la portée des engagements » de l’entreprise chinoise « sur ses allégations environnementales ».

Dans une déclaration à l’Agence France Presse, cette dernière affirme avoir « mis en œuvre sans délai les actions correctives nécessaires, achevées dans un délai de deux mois » après avoir été notifiée par la DGCCRF « en mars 2024 ». « L’ensemble des points soulevés » par l’enquête de la DGCCRF « a donc été traité depuis plus d’un an », note l’entreprise, en précisant que « ces ajustements n’ont eu aucun impact sur les prix finaux proposés aux consommateurs ».

Shein assure par ailleurs que ISEL, sa société mère, prend « très au sérieux ses obligations légales et réglementaires en France » et reste « pleinement engagé en faveur de la transparence et du respect de la réglementation française ». Au vu de ses dernières condamnations et enquêtes à son encontre pour pollution environnementale, pratiques commerciales trompeuses, concurrence déloyale et travail indigne, le doute subsiste.

De son côté, la DGCCRF indique qu’elle « maintient sa vigilance sur l’évolution des pratiques constatée à l’issue de ces enquêtes ».

La ministre du Commerce et des PME Véronique Louwagie a réagi ce jeudi à l’annonce de cette amende, affirmant être « en train d’écrire à la Commission européenne pour mettre en place des outils de déréférencement des plateformes », afin de retirer les sites des résultats de moteurs de recherche, et ce, « même si elles coopèrent avec l’Etat », comme Shein.

Le monstre de la fast-fashion s’est déjà illustré dans le passé par ses dérives commerciales, environnementales et par ses activités de lobbying. En mai dernier, Shein ainsi que des représentants de l’entreprise en France, dont l’ex-ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, ont été visés par un signalement adressé à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP). À l’origine de cette alerte : Les Amis de la Terre France et l’Observatoire des multinationales, qui pointaient de « potentielles irrégularités » dans les déclarations d’actions de lobbying effectuées par l’entreprise et ses collaborateurs.

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