Loi Duplomb sur l'agriculture : les députés et les sénateurs ont trouvé un compromis sur le texte qui réintroduit notamment un pesticide interdit

Pesticides, élevage intensif, réglementation environnementale... La proposition de loi Duplomb, décriée par la gauche, certains agriculteurs, des ONG et des scientifiques car elle autorise notamment la réintroduction d'un pesticide interdit, a franchi une étape importante de son parcours législatif, lundi 30 juin. Les sept députés et les sept sénateurs réunis à huis clos en commission mixte paritaire (CMP) au Sénat ont conclu un accord sur l'ensemble du texte, laissant entrevoir son adoption définitive.

Ces élus sont parvenus à dégager une version de compromis sur ce texte visant à "lever les contraintes à l'exercice du métier d'agriculteur", avec 10 voix pour - RN, LR, centristes et macronistes - et 4 oppositions des socialistes et Insoumis. C'est "un signal fort, attendu et nécessaire, adressé à nos agriculteurs : je salue l'engagement des parlementaires qui ont œuvré à cette convergence", s'est satisfaite la ministre de l'Agriculture Annie Genevard sur X.

Un ultime vote au Sénat avant son passage à devant les députés

Portée par Laurent Duplomb (Les Républicains) et Franck Menonville (UDI, centre), l'initiative est désormais proche de se concrétiser. Un ultime vote sur cette rédaction commune est prévu mercredi au Sénat puis mardi 8 juillet à l'Assemblée nationale. Le vote favorable de la chambre haute, qui penche à droite, ne fait aucun doute. Celui des députés est un peu plus incertain, même si l'addition des voix du Rassemblement national, des Républicains et d'une grande partie du bloc central macroniste semble dessiner une nette majorité pour l'adoption de ce texte réclamé notamment par la FNSEA, syndicat agricole leader.

"Ce texte ne va pas résoudre la totalité des besoins des agriculteurs, mais il permet une chose simple : redonner à nos agriculteurs français les mêmes moyens que leurs homologues européens", s'est félicité Laurent Duplomb, affirmant avoir eu l'assurance auprès de Gabriel Attal que les élus Renaissance soutiendraient ce texte lors du dernier vote. Au fil des débats, les macronistes avaient néanmoins peiné à masquer leurs divisions devant les mesures les plus irritantes. Et certains de leurs élus pourraient d'ailleurs s'y opposer lors de l'ultime vote.

Les opposants ne manqueront pas l'occasion de mettre la pression sur leurs collègues. "Nous appelons ces députés macronistes à la responsabilité. Ce vote sera un vote pour ou contre les questions de santé publique fondamentale", a martelé auprès de l'AFP la députée Insoumise Manon Meunier, qui s'indigne d'un compromis qui "reprend les pires dispositions votées au Sénat". "Avec ce texte-là, on n'entend pas les scientifiques, on n'entend pas les alertes de la science, on n'entend pas les alertes du climat", s'est désolé l'écologiste Benoît Biteau, lui aussi présent en CMP. La disposition la plus sensible est sans nul doute la réintroduction, certes à titre dérogatoire et sous conditions strictes, de l'acétamipride, pesticide de la famille des néonicotinoïdes interdit en France depuis 2018.