"Il n’y a pratiquement aucun pays en Europe que nous ne fournissons pas" : en Allemagne, les groupes d'armement voient leurs commandes décoller
Au lendemain de son élection mouvementée comme chancelier, Friedrich Merz est à Paris, mercredi 7 mai, pour rencontrer Emmanuel Macron. À l’occasion de ce premier déplacement du chancelier à l’étranger, il est évidemment question de défense et de réarmement entre les deux dirigeants. "Un conseil de défense et de sécurité franco-allemand se réunira régulièrement pour apporter des réponses opérationnelles à nos défis stratégiques communs", a d'ailleurs déclaré Emmanuel Macron mercredi.
En Allemagne, les dépenses militaires ont bondi de 28% en 2024, le pays est désormais le quatrième au monde à dépenser le plus. Ce qui fait les affaires des groupes d’armement, comme Hensoldt, 9 000 salariés et spécialiste de l’électronique militaire.
Dans les ateliers de la tour centrale, sur l'un des sites de l'entreprise, près de Stuttgart, les ingénieurs manipulent les gigantesques machines qui fabriquent capteurs et caméras. Un système optique est fixé sur le périscope d’un sous-marin, un autre sur un char de combat Leopard 2. "On produit ici principalement pour les véhicules blindés, par exemple des lunettes de visée, il n’y a pratiquement aucun pays en Europe que nous ne fournissons pas", explique le porte-parole, Alexander Ogger.
De gros investissements et 1 000 embauches
Les commandes ont bondi de 40% en 2024, pour atteindre près de 3 milliards d’euros. Ce qui ne surprend pas le directeur commercial, Philipp Hermann. "Ce que l’on voit avec le conflit en Ukraine, c’est qu’il y a un mélange de guerre traditionnelle avec des combats dans les tranchées et l’utilisation d’artillerie et de chars, et le recours à des technologies de pointe, des drones, des logiciels et l’intelligence artificielle. Nos capteurs jouent donc un rôle considérable."
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Pour répondre à la demande, le groupe a investi trois milliards d’euros et il recrute : 1 000 embauches l’an passé et autant cette année, assure Christina Canitz, l’une des directrices. "Auparavant, les quantités commandées étaient plus faibles et c’est un défi pour nous. Mais on peut recruter du personnel très qualifié dans l’industrie automobile, qui n’est pas très florissante en ce moment. Et cette année, nous déménageons dans une nouvelle usine."
Le groupe espère multiplier par deux son chiffre d’affaires d’ici 2030 et atteindre 5 milliards d’euros. Depuis le début de l’année, le cours de l’action de Hensoldt a plus que doublé.