REPORTAGE. "Tenace", "solide", "trop radical"... Dans le fief de Friedrich Merz, dans l'ouest de l'Allemagne, les habitants attendent le futur chancelier au tournant
À 69 ans, le conservateur Friedrich Merz devrait succéder, sauf immense surprise, au social-démocrate Olaf Scholz pour un mandat de quatre ans. Le responsable de la CDU a cependant échoué mardi 6 mai à être élu chancelier dès le premier tour, et devra se soumettre à un nouveau vote. Entouré de 17 ministres, il a promis de mettre l'accent sur la sécurité intérieure et l'économie. Dans la circonscription de Brilon, dont Friedrich Merz est député, les habitants formulent des attentes fortes vis-à-vis du futur chancelier, né dans cette commune de 26 000 habitants de l'ouest du pays et située à une heure de route de Dortmund.
Ici, Friedrich Merz a remporté 47,7% des voix aux législatives, il est donc presque en terrain presque conquis. Sur la place du marché, Margrit, 69 ans, panier à la main, s'arrête devant l'étal de fruits et légumes. "Notre chancelier était trop calme et silencieux. Les gens veulent quelqu'un comme Merz. Parfois, il exagère un peu et il est trop radical, mais ça peut être une bonne chose. On verra bien", confie-t-elle.
"On a besoin d'un homme qui inspire la confiance et solide, un leader, comme Macron. Cela nous a manqué."
Margrit, une habitante de la circonscription de Brilonà franceinfo
Friedrich Merz est né à cent mètres de là. L'imposante maison où vit encore une partie de sa famille s'élève sur trois niveaux. Uli Schröder tient le restaurant juste en face et est convaincu que son ami d'enfance est l'homme de la situation. "Il est très calé en économie, il dispose aussi d'un excellent réseau, notamment aux Etats-Unis et en France. Je pense que ces atouts seront bénéfiques pour nous tous, en particulier pour l'Europe. Et puis iI est très tenace. Depuis qu'il est petit, Friedrich dit qu'il veut devenir chancelier."
"Dernière chance" avant l'extrême droite
Parmi les priorités de Friedrich Merz, la relance de l'économie et la maîtrise de l'immigration, ce qui ne plaît pas à Gabi, sirotant un chocolat chaud face à la mairie avec une amie. "Il se concentre toujours sur les étrangers et il veut limiter les arrivées et je ne trouve pas ça bien, lance-t-elle. Et puis, il a fait des promesses et maintenant, il fait volte-face. Je ne crois pas qu'il soit à la hauteur de la tâche." Pour Birgit, 64 ans, Friedrich Merz et sa future coalition n'ont pas le droit à l'erreur, au risque de faire le jeu de l'extrême droite.
"S'ils échouent, le virage à droite arrivera aussi en Allemagne."
Birgit, une habitante de la circonscription de Brilonà franceinfo
"Quand je regarde l'Autriche, les Pays-Bas, la France et l'Italie, cela me rend malade. C'est la dernière chance. Et j'espère qu'il en est conscient. Même dans notre province tranquille, beaucoup de gens ont voté pour l'AfD, et cela me fait peur", s'inquiète Birgit. Avec 16% des voix dans la circonscription aux législatives de février, l'extrême droite a plus que doublé son score de 2021.