Violences sexistes et sexuelles : Marie Portolano a été mise en examen pour diffamation à la suite d’une plainte de Pierre Ménès
Près d’un an et demi après avoir publié son livre Je suis la femme du plateau, référence explicite à sa propre histoire, la journaliste et présentatrice Marie Portolano a été mise en examen le 15 août, poursuivie en diffamation par son ancien collègue Pierre Ménès. Une procédure, révélée jeudi 4 septembre par le site d’investigation Les Jours, habituelle et quasi-automatique dans le cadre de plaintes pour diffamation. Dans son ouvrage paru aux Éditions Stock en mars 2024, la présentatrice évoque les violences sexistes et sexuelles dont elle a été victime au cours de sa carrière. Parmi elles figurent des faits attribués à Pierre Ménès. L’autrice l’accuse de l’avoir agressée sexuellement après une émission.
Le 28 août 2016, à la fin de l’émission Canal Football Club, « hors antenne mais devant le public, au moment de la photo de groupe, Pierre Ménès soulève sa jupe et attrape ses fesses, les exhibant au public présent ce jour-là », rappelle l’article des Jours. La scène est relatée dans le livre. Mais si Pierre Ménès n’est à aucun moment cité, il s’est reconnu et a décidé, le 11 juin 2024, à Paris, de déposer plainte avec constitution de partie civile pour diffamation publique, visant Marie Portolano et son éditeur Stock.
Condamné en 2023 pour agression sexuelle
Dans les passages incriminés, Marie Portolano explique : « Il avoue qu’il l’a fait » lors du tournage du documentaire Je ne suis pas une salope, je suis journaliste réalisé avec Guillaume Priou. « On a dit de lui, ajoute-t-elle, qu’il avait un « droit de cuissage ». En fait, il faisait ce qui lui plaisait, sans jamais être réprimandé. Outre l’humiliation, tous genres confondus, il se permettait de faire ce que bon lui semblait aux femmes qui l’entouraient. De toucher qui il voulait où il voulait, avec le consentement non des personnes concernées évidemment, mais de celles qui auraient tout à fait pu l’arrêter, ses supérieurs hiérarchiques par exemple, toujours témoins de ces agissements ».
Pour l’avocat de Stock, Christophe Bigot, il est peu probable que Pierre Ménès ait intérêt à aller jusqu’au bout d’une telle procédure. « Je vois mal son intérêt à susciter un débat public à la barre du tribunal, alors que, Marie Portolano, elle, n’a jamais déposé plainte contre lui », a-t-il confié au site d’investigation. Selon lui, un procès pourrait mener à la diffusion des rushes du documentaire – dont des séquences liées aux violences sexistes commises par le journaliste Pierre Ménès ont été censurées – et aux témoignages de personnes affirmant « qu’elles ou ils ont aussi subi des faits de harcèlement ou des attouchements ».
« Au-delà du coup de colère qui fait que Pierre Ménès dépose plainte, ce qui lui permet de faire un peu de com et de limiter la propagation du livre, je ne vois pas trop son intérêt d’aller jusqu’au bout », conclut-il. Et de rappeler : « Quand on fait un procès de diffamation, on fait son propre procès. »
Depuis 2022, Pierre Ménès reste visé par une enquête préliminaire du parquet de Nanterre pour des faits présumés de harcèlement sexuel et d’agression sexuelle. Il a été condamné, en avril 2023, pour une agression sexuelle sur une vendeuse en 2018. Ce dernier avait été relaxé pour deux cas similaires, sur une autre vendeuse la même année et sur une hôtesse du Parc des Princes, en 2021.
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