« La lutte des classes ne s’arrête pas pendant les vacances » : à Saint-Denis, les syndicats s’opposent à la fermeture de la Bourse du travail
La décision est tombée au début de l’été : la Bourse du travail de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), haut lieu du syndicalisme dans le département depuis quarante ans, restera fermée pendant deux semaines, du 11 au 24 août. « Une première en cent trente ans d’existence », déplore Abdou Bougheroumi, membre du bureau exécutif de l’union locale (UL) de Force ouvrière (FO), qui rappelle que la ville possède ce lieu d’organisation syndicale et d’animation des luttes sociales depuis 1892.
Depuis une semaine, une trentaine de militants des organisations syndicales (CGT, Force ouvrière, CFTC, Sud Solidaire, CFDT) présentes au sein du bâtiment se rassemblent tous les matins devant ses portes fermées pour protester contre « cette décision unilatérale de la municipalité ». Selon la mairie, il s’agit d’une mesure de gestion des effectifs municipaux. Pour les syndicats, « c’est une atteinte directe à leur activité dans un territoire déjà marqué par une forte précarité sociale ». La bourse est pour beaucoup l’unique lieu où exercer une activité syndicale, faute de locaux disponibles dans les entreprises.
Face à la contestation, la municipalité a proposé aux syndicats une salle de réunion et deux bureaux à la mairie. Une solution immédiatement rejetée. « On ne peut pas déplacer tous nos dossiers en plein mois d’août, pour seulement deux semaines. C’est matériellement impossible », explique le secrétaire de l’UL CGT, Anouar Bakari. La CGT a ainsi dépêché une commissaire de justice pour faire constater les portes closes. Selon l’organisation, la mairie pourrait être en infraction, compte tenu des conventions passées avec les syndicats.
Des urgences sociales qui ne peuvent pas attendre
« La lutte des classes ne s’arrête pas pendant les vacances », rappelle le représentant dyonésien de FO. Comme le constate Rabah Abderrezzak, délégué syndical à Carrefour Saint-Denis : « Le magasin vient de passer sous location-gérance, nous avons des dizaines de dossiers urgents à traiter. Les salariés nous sollicitent face à des situations inédites, mais nous n’avons plus de lieu pour les recevoir. »
Une formation de défenseurs syndicaux, prévue par la CGT pour préparer la rentrée sociale, a aussi dû être annulée. « J’avais rendez-vous avec un salarié du secteur du cinéma, licencié brutalement. Sa situation est urgente, mais j’ai dû annuler notre entretien », témoigne Ousmane Camara, membre de l’UL CGT.
Les manifestants sont d’autant plus remontés que le contexte national est aux réformes austéritaires. « Compte tenu de la politique du gouvernement, nous devons plus que jamais préparer la riposte, affirme Caroline Tacchella, secrétaire générale du syndicat CGT Cheminots Centre Paris-Nord, présente au rassemblement. D’une certaine manière, cette fermeture aide à la mise en œuvre de cette politique. »
Les organisations syndicales de la bourse ont décidé d’interpeller l’inspection du travail, pour constater « l’entrave à l’action syndicale ». « Il est essentiel d’assurer même en été notre mission d’accueil, d’écoute et de défense des salariés, notamment en pleine période de préparation de rentrée sociale », résume le représentant cégétiste de l’UL.
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